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Patrimoine
Le Morne Brabant : vers un encadrement légal renforcé pour préserver le site classé
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Le Morne Brabant : vers un encadrement légal renforcé pour préserver le site classé

En février, des graffitis ont été inscrits sur la roche de la montagne, et, plus récemment, des individus ont été filmés en train de monter sur la croix au sommet.
De vives réactions ont suivi la diffusion de plusieurs vidéos et images jugées irrespectueuses à l’égard du site patrimonial du Morne Brabant. Face à ces actes perçus comme des profanations d’un lieu hautement symbolique pour la mémoire collective mauricienne, le ministre des Arts et de la Culture, Mahen Gondeea, est intervenu à l’Assemblée nationale, le mardi 13 mai, en réponse à une interpellation de la députée Annabelle Savabaddy.
Le ministre a confirmé avoir été informé, dès le 6 février, par Le Morne Heritage Trust Fund – organisme paraétatique sous sa tutelle – de deux incidents particulièrement choquants. Le premier concerne la diffusion d’une vidéo dans laquelle un individu danse, sur le site du musée en plein air de Trou-Chenilles situé au pied de la montagne du Morne Brabant, au son d’une chanson mauricienne aux paroles vulgaires et offensantes. Le second implique l’apparition d’un grand graffiti inscrit sur le rocher de la montagne, arborant des inscriptions telles que «Jennifer J JFS» et «2501 2025». Le ministre a indiqué que la police a été saisie de l’affaire dès le 7 février 2025. Une opération de nettoyage a immédiatement été ordonnée. Malgré des conditions topographiques et climatiques défavorables, les équipes, assistées par des guides locaux, sont parvenues à effacer le graffiti en deux phases, le 8 et le 19 février.
Mais ces actes ne sont pas isolés. Le 12 mars 2025, une autre vidéo a fait surface sur le réseau social TikTok, montrant cette fois deux individus assis sur la croix située au sommet de la montagne consommant de l’alcool. Ce geste, considéré comme une offense à la mémoire des esclaves et à l’histoire du site, a provoqué une vague de réprobation nationale. Les protagonistes de cette vidéo ont présenté des excuses publiques deux jours plus tard, le 14 mars. Mahen Gondeea n’a pas manqué de pointer du doigt l’inaction des précédents gouvernements à ce sujet.«Malgré le classement historique du Morne au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2008, fruit des efforts du gouvernement dirigé à l’époque par Navin Ramgoolam, ceux qui ont pris le pouvoir en 2014 ont laissé le site sans protection digne de ce nom. Pas de signalétique, pas de vidéosurveillance, aucune stratégie préventive, ni plan d’urgence», a déploré le ministre.
En réaction à ces dérives, le ministère a convoqué une réunion d’urgence avec Le Morne Heritage Trust Fund et a mis en place une série de mesures immédiates. Quatre axes d’intervention ont été définis :
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L’installation de panneaux de signalisation visibles à divers points du paysage culturel du Morne pour sensibiliser les visiteurs à la sacralité du lieu.
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Le renforcement de l’éducation patrimoniale dans les écoles, les communautés locales et auprès des touristes.
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L’amélioration de la surveillance en collaboration avec les forces de l’ordre.
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La mise en place d’un protocole formel d’intervention en cas d’incident, piloté par Le Morne Heritage Trust Fund.
Les appels d’offres pour les panneaux de signalisation ont déjà été lancés, et leur installation débutera sous peu, a assuré le ministre. En parallèle, Mahen Gondeea a annoncé une initiative législative pour combler le vide juridique actuel. Si la National Heritage Fund Act 2003 pénalise certains types de dégradations matérielles, elle reste muette sur les atteintes morales ou symboliques aux sites sacrés. Le ministère travaille désormais en collaboration avec le bureau de l’Attorney General pour revoir la loi encadrant Le Morne Heritage Trust Fund et introduire de nouvelles dispositions légales pour punir sévèrement les actes de désacralisation.
«Mon ministère est résolument engagé à préserver la dignité de nos sites patrimoniaux. Il est temps d’agir avec fermeté et clairvoyance, qualités qui, malheureusement, ont fait défaut pendant bien trop longtemps», a conclu le ministre Gondeea, en réaffirmant son attachement au respect du patrimoine culturel et à la mémoire des ancêtres.
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