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Interview
Khushal Lobine : «Un grand toilettage de la Constitution est nécessaire après 57 ans d’indépendance»
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Interview
Khushal Lobine : «Un grand toilettage de la Constitution est nécessaire après 57 ans d’indépendance»

Khushal Lobine, député et leader des Nouveaux Démocrates.
Intervenant dans l’émission Décryptage de vendredi, le leader du parti Nouveaux Démocrates offre un éclairage sur ses ambitions et les perspectives d’un troisième espace politique à Maurice, à la veille de scrutins jugés cruciaux. Il justifie son refus de rallier l’alliance PMSD-MSM, évoquant un «choix de principe» fondé sur la cohérence idéologique. À la veille des municipales, il analyse le climat politique «marqué par la désillusion» et «les promesses non tenues» du gouvernement.
🟦Comment avez-vous vécu ces dernières élections si particulières ?
C’est une élection particulière avec une population qui était en attente d’un grand changement. Je n’ai pas dormi deux nuits d’affilée car j’avais eu vent de va-et-vient dans les écoles réservées au counting. C’était intéressant de voir la population présente et aider dans cette expérience. Le peuple avait besoin d’un changement de système. Les gens nous saluaient avec leur stylo-plume. Dimounn finn fer nou konpran ki se zot ki fil servolan me lakord res dan zot lame. Ninport kan zot kapav ris difil la ou bien koup li.
🟦Autre moment particulier, c’est quand vous décidez avec Richard Duval et Véronique Leu-Govind, de quitter le PMSD pour suivre le Parti travailliste (PTr). Pourquoi ?
C’est le PMSD qui n’a pas suivi l’Alliance du changement. Début 2023, il y avait une alliance PTr, MMM et PMSD. On représentait le parti avec Xavier-Luc Duval (XLD). Après il y a eu des manœuvres au sein du PMSD avec le parti qui ne respectait pas ses propres idéaux. À un moment, on a eu l’im- pression que le leadership avait été donné à Adrien Duval avec une certain clique surtout quand on voyait ce dernier qui prenait les devants pour aller voir Navin Ramgoolam. Ils trouvaient beaucoup d’excuses. Pou pa partisip dan 1er Mai ti pe rod tou kalite exkiz. C’est dommage que XLD ait adhéré à ce que cette fameuse clique voulait faire. Le PMSD est dans un labyrinthe qui prendra des années à être oublié. C’est chagrinant ce qui se passe pour le PMSD surtout que c’est un parti que j’ai aidé pour changer les choses à Maurice. On est resté au sein de l’Alliance du changement avec Richard Duval et Véronique Leu-Govind. Au fur et à mesure, nous nous sommes rendu compte que pour sauver la démocratie, il nous fallait créer un parti et c’est ce qui s’est passé un fameux 18 avril.
🟦Quand vous regardez le PMSD aujourd’hui, ne ressentez-vous pas un certain regret ?
Quand j’ai rejoint le PMSD j’avais un grand espoir. XLD est une bonne personne qui est intellectuelle et qui a œuvré très bien comme leader de l’opposition, chose saluée par le peuple. C’est malheureux pour lui qu’il ait privilégié un lien familial. Quand j’ai débuté au sein du PMSD j’ai toujours cru que c’était un parti qui irait très très loin. On avait une structure moderne avec le PMSD Team 15. Aujourd’hui c’est le PMSD que nous voyons avec un cinglant 60-0. La politique mauricienne ne fait pas de cadeau et il n’y a pas de dépôt fixe. Pena revini sa depi enn 60-0. C’est pour ça que nous avons une approche différente au sein des Nouveaux Démocrates (ND). Par exemple, nous n’avons pas d’aile jeune ou d’aile féminine. Nous avons des jeunes démocrates ou des femmes démocrates. Nous avons une ligne de conduite car tout n’est pas possible en politique. Au sein du ND nous avons adopté une approche différente des autres partis. On a une équipe et on met en place des structures. On ne vient pas imposer une structure sur un électorat mais nous voulons que l’électorat nous connaisse et vice versa. Ça nous a pris un an, dont le 18 avril 2025 lors d’un atelier de travail. Le ND recrute beaucoup de jeunes et dans la société civile à qui nous donnons la chance et une certaine reconnaissance leur permettant de se dire qu’ils ont le droit de faire de la politique. Le ND c’est une plateforme de la chance car tout le monde mérite une chance.
🟦Autre moment de votre carrière c’est quand vous cédez votre place à Véronique Leu-Govind, qui est «junior minister» des Arts et de la Culture aujourd’hui. Pourquoi cette décision ? Est-ce dû à votre déception de ne pas avoir été nommé ministre ?
Non ce n’est point une déception de ma part mais plus un esprit d’équipe. Lors de l’alliance PTr, MMM et ND on était à trois. Quand ReA est arrivé, il a fallu faire des sacrifices pour que ce dernier puisse trouver de la place. Quand il fallait trouver un représentant, nous avons poussé Richard Duval comme porte-parole principal au sein de l’Alliance du changement. Il coule de source que ce dernier était apte à être ministre et l’image de notre parti dans cette alliance. Peut-être que beaucoup n’ont pas compris aujourd’hui car la politique mauricienne porte à croire qu’il faut qu’il y ait des leaders supremo. J’ai préféré regarder mon parti en prenant un bâton de pèlerinage et j’ai fait le sacrifice pour qu’il y ait une parité homme-femme. Richard Duval comme ministre et j’ai parlé au Premier ministre pour dire que Véronique Leu-Govind était méritante pour ce poste de junior minister par son engagement dans le social. J’ai pris l’engagement de bâtir le parti avec des responsabilités et délégué les tâches. C’est un tout autre concept. J’ai toujours pris pour exemple le PTr, qui est un des plus vieux partis politiques. Il a été créé par Pandit Sahadeo, Rozemont et Anquetil, qui ont jeté les bases pour construire le parti et non pour en jouir un certain succès. Aujourd’hui nous leur rendons hommage. Véronique Leu-Govind mérite ce poste par sa passion pour la culture et avec Richard Duval qui détient le portefeuille du Tourisme, c’est très bien et surtout pour les jeunes.
🟦En tant que leader de ND vous avez annoncé beaucoup de mesures, notamment un commissaire qui veillera que les membres du parti ne dérogent pas à ses principes. Pourquoi ?
Nous avons créé un comité des membres fondateurs et c’est de là que nous avons opéré le parti avec chacun une tâche définie. Nous avons enregistré le parti et c’est à travers ce comité que nous avons mis en place des structures pour pouvoir travailler avec 1 000 membres de compliance. Ces compliance members doivent participer dans le parti. Dan nou parti nou pa kol lafis. Nous aidons autour de nous par des activités du parti comme aider une personne en détresse ou un trekking avec des jeunes. Pour nous au ND, faire de la politique, c’est avoir une position démocratique. Avoir ce commissaire, par exemple, va nous permettre de recadrer les membres qui feront des erreurs car c’est humain. Il ne sera pas dans les actions actives du parti mais comme un audit externe. Une personne très respectée avec un rôle important pour guider et veiller à ce que le parti ne commette pas de dérive.
🟦Qu’en est-il de votre relation avec Richard Duval car nous sentons comme une certain absence ou une friction ?
La politique mauricienne croit dans cette équation de 1+1 = 2. Beaucoup de personnes ne comprennent pas. Richard et moi avons des écoles de pensée différentes car nous sommes de deux générations différentes de politiciens. ND a donné à chacun sa responsabilité. Richard est le porte-parole du parti. Dan parti lamem ena dimounn dir mwa be Richard laba, kifer pa twa parski twa ki leader? Mo dir zot se sa diferans la. Pa akoz ou leader parti la ki ou bizin an avan plan. Richard Duval est comme un grand frère qui a beaucoup d’expérience en politique. Même au sein du gouvernement certains ne comprennent pas cette relation. Ils pensent qu’il y a un certain bizbiz entre Richard et moi. Quand ils me disent cela, je rigole. La personne qui a proposé que je sois le leader du parti, c’était suite à une motion de Richard Duval.
🟦Quand vous dites qu’il y aura un commissaire au ND pour veiller à ce que personne ne déroge aux règles du parti, c’est une bonne chose. Ne pensez-vous pas qu’il faudrait en avoir un au sein de l’Alliance du change- ment même car pour reprendre ce qui se dit sur le terrain, il y a beaucoup de promesses non tenues : baisse des prix, prix de l’essence qui n’a pas baissé par Rs 20 comme annoncé dans la campagne électorale…
Vous savez la manière dont le gouvernement gère le pays est assez moderne. Pour la première fois on a un Attorney General comme Gavin Glover qui est above politics. De par son expérience et son indépendance, il pourra mettre en place des lois. N’oubliez pas la sagesse et l’expérience de Navin Ramgoolam revenu après 10 ans. Pour la première fois dans le Parlement récemment, le Premier ministre a répondu aux 13 questions, chose qui n’était pas le cas avant. Un comité a été mis en place au Parlement pour revoir les standing orders pour améliorer la Constitution et donner plus la part belle à la voix du peuple. Il y a des grosses attentes du peuple et c’est normal. 2025, c’est l’année de tous les espoirs. Wi inn gagn 5 mwa depi ki nou la. 3 mwa finn ena bann festivite. Inn komans travay a partir mars. Finn fer bann odit avan. On a dû définir le rôle du DPP, revoir le fonctionnement de la Financial Crimes Commission qui est temporaire avec bientôt un National Crimes Agency qui arrive prochainement.
L’attente des Mauriciens est justifiable et c’est ce qui pousse le gouvernement à travailler. Le travail se fait dans un cadre légal et particulier. Si vous voulez changer les institutions qui ont eu un nivellement vers le bas lors des 10 dernières années, ce n’est pas facile. Impacter le coût de la vie des Mauriciens ça prend du temps mais dans les mois à venir il y aura des impacts positifs. Le budget arrive en juin et comme le Premier ministre l’a dit «ce sera un budget bien dur». En tant que patriote, il faut prendre des décisions. C’est comme un père ou une mère de famille. Ou anvi donn ou zanfan enn zoli soulye Nike ou Adidas. Ou ti deza donn li enn avan me linn kas li. Ou pa kapav redonn li enn anplas. Bizin fer sakrifis, ramas larzan pou redonn li sa. An atandan to pa pou mars pieni. Mo pe donn twa enn lot soulye pou to kapav al lekol. C’est là la grandeur d’âme du Premier ministre . Il travaille pour tirer ce pays du labyrinthe économique où il se trouve. On aura un budget patriotique qui va revoir avant tout l’avenir de la terre mauricienne pour rebâtir et économiser pour recréer notre économie.
🟦Que dites-vous quand le public vous pose des questions sur la baisse des prix, l’accord sur Agaléga ou la mise en place d’un comité de sélection pour les top jobs comme le commissaire de police, par exemple ?
On explique au public que cela viendra quand on changera le système. On a une majorité absolue. Quand il y aura la Constitutional Review Commission, tout cela viendra. Comment take over une maison sans faire un survey. Quand le gouvernement a été mis en place, il y a des choses qu’on savait et d’autres non. Pour faire le changement annoncé on doit pouvoir changer la Constitution. Un grand toilettage de la Constitution est nécessaire après 57 ans d’indépendance. Tout ce que le gouvernement a dit qu’il va faire, il va le faire pour honorer l’engagement que nous avons pris avec le peuple. Nous allons veiller à ce que notre programme soit respecté et mis en place. Si le gouvernement fait quelque chose de salutaire nous allons le saluer. Néanmoins, si jamais les choses tardent nous allons poser des questions au Parlement car nous croyons dans le partage d’informations.
🟦Justement, nous avons vu un coup de colère d’Ashok Subron lors des récentes fortes pluies pour dénoncer une discrimination entre travailleurs du public et du privé, cette même discrimination que l’Alliance du changement avait dit qu’il allait abolir pendant la campagne électorale.
Se enn kafouyaz ki pa ti bizin ena. En tant qu’avocat, quand j’ai vu cette situation ce jour-là j’ai pris sur moi pour demander à mes staffs de rentrer. On ne peut pas avoir de la discrimination où un certain groupe de personnes rentrent chez eux parce qu’il y a un avis de fortes pluies et d’autres non. C’est un débat qu’il faut avoir justement dans un cadre légal noir sur blanc, pour définir une direction précise à adopter lorsqu’il y a un avis de pluies torrentielles.
🟦Et les redevances de la MBC. C’est pour bientôt l’abolition ?
Oui, un comité a été mis en place pour étudier cela. Il y a eu beaucoup de changements à la MBC déjà notamment la couverture du 1er Mai. J’étais étonné de voir cette évolution et ce changement. On n’est pas là pour imposer mais pour débattre afin de prendre les meilleures décisions. Pa zis tir Rs 150 la me donn value for money ou swa li kapav vinn opsionel.
🟦Les élections municipales sont prévues ce dimanche. Dans quel état d’esprit vous y rendez-vous surtout que ND a eu moins de tickets que ReA ?
Le nombre de tickets ne fera jamais satisfait. On a eu moins que ReA car nous nous sommes concentrés dans deux villes. ReA devait avoir plus de tickets que nous car ils sont sur l’échiquier politique depuis bien longtemps que nous. Bien sûr j’aurai souhaité en avoir plus mais nous sommes dans une alliance et nous devons faire des sacrifices et des compromis pour pouvoir amener le changement, pour changer le destin de nos villes. Mon souhait, c’est que tout le monde aille voter pour changer les villes après 10 ans car rien n’est gagné d’avance. Mon appel, c’est que les citadins aillent voter car la voix du peuple, c’est la voix de Dieu.
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