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Conflit cornélien

4 avril 2024, 10:02

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La rencontre d’hier entre les trois leaders de l’opposition parlementaire n’a pas aplani tous les obstacles qui retardent le bouclage de l’alliance entre le PTr et ses deux alliés: le MMM et le PMSD.

Un recoupement de diverses sources nous permet d’établir la situation qui prévaut après la réunion au sommet à Riverwalk. Navin Ramgoolam se propose d’être le numéro un d’un éventuel futur gouvernement, avec Paul Bérenger comme son numéro 2 et Xavier-Luc Duval comme numéro 3. La place d’un numéro 4 pour occuper l’éventuel Front Bench n’a pas encore été déterminée mais devrait revenir, logiquement, au Parti travailliste.

Quant à la répartition des tickets, il n’y aura pas de changement en termes de nombre : le PTr maintient ses 35 tickets, le MMM disposera de 17 et le PMSD de 8. Cependant, les discussions se poursuivent par rapport aux circonscriptions qui seront allouées à chaque parti, en veillant scrupuleusement à la balance entre les villes et les villages. Par exemple, le PMSD souhaite récupérer sa place au numéro 3, celle qu’occupait Salim Abbas Mamode, qui a succombé aux sirènes du MSM, mais le trio de la région (2 PTr + 1 MMM) ne souhaite pas être séparé…

Navin Ramgoolam a plusieurs fois expliqué à l’express qu’il se doit de réserver 35 tickets pour son parti «parce qu’il y a en fait 70 parlementaires, et non pas 60, à l’Assemblée nationale.» «Si j’en prends 34, le MSM va crier dans les villages que je suis déjà en minorité», explique-t-il souvent à ses proches collaborateurs.

Finalement, par rapport à la récente proposition du leader du PMSD de se rendre au Réduit, l’idée n’a pas fait son chemin, car XLD se verrait, à la place, confier un super ministère «où ses compétences seront davantage requises», en cas de victoire, même si Bérenger le précède dans la hiérarchie gouvernementale.

La rencontre d’hier, annoncée comme décisive par certains, aura été une prolongation des discussions qui touchent directement les intérêts, pas toujours convergents, des trois partis. Outre le nombre de tickets, et les candidats qui seront mis en avant (avec comme consigne de ne pas privilégier les enfants ou autres proches des leaders, notamment les gendres, belles-soeurs, cousins et cousines), il y a d’autres postes constitutionnels ou affectations à l’étranger qui doivent être finalisés.

Ramgoolam, conscient que ce sont des sujets, incontournables, mais qui ne plaisent pas au grand public, a recentré le débat sur le pays, et non pas sur les intérêts particuliers qui divisent au lieu de rassembler. Le népotisme sera, du reste, un des thèmes forts de la campagne de l’opposition contre le gouvernement sortant.

Dans le camp de la majorité, on estime que l’équilibre demeure précaire entre les trois partis. Le PMSD ferait donc l’objet de pressions grandissantes parce que le MSM, en voulant présenter un visage fraîchement maquillé, pourrait discontinuer avec ses partis-satellites et offrir aux Bleus ce qu’ils n’arrivent pas à obtenir auprès de Ramgoolam et de Bérenger. Sur la table du Sun Trust, il y aurait le poste de numéro 2 pour XLD et au moins 12 tickets. Cependant, le choix n’est pas facile pour le leader de l’opposition. C’est un vrai dilemme cornélien. Un conflit intérieur : il faut choisir entre deux options mais chacune présente des inconvénients, mais aussi des avantages. XLD est devenu une pièce maîtresse que les deux camps veulent pour leur puzzle respectif.

Dans les pièces de Corneille, le héros tragique est souvent confronté à un dilemme imposé par le destin, et les valeurs (comme l’honneur, l’amitié, le courage, le devoir et l’envie) sont mises en concurrence…