Publicité
Mort suspecte de Soopramanien Kistnen: le sergent qui ne «sait» rien
13 décembre 2020, 20:00
Par
Partager cet article
Mort suspecte de Soopramanien Kistnen: le sergent qui ne «sait» rien
La magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath avait lors de la séance de jeudi ordonné que le sergent Rostom de la CID de Moka–Quartier-Militaire soit convoqué pour donner des explications sur la façon dont il interroge un témoin ou suspect. C’était à la suite de la déposition de Koomadha Sawmynaden qui avait notamment indiqué que le sergent Rostom l’a interrogé ou plutôt écouté pendant trois heures sans enregistrer sa déposition. Les réponses du policier Rostom, hier, ont parfois frôlé le burlesque tant il y avait de «je ne sais pas».
«Je ne sais pas» au menu
<p>À une question de Me Rama Valayden au sujet du garde du corps qui aurait menacé Soopramanien Kistnen, l’enquêteur a expliqué qu’il n’a pu retrouver ses traces. Et que d’ailleurs il ne connait pas l’identité de ses collègues VIPSU, même ceux affectés au nº8, dans le secteur tombant pourtant sous sa responsabilité. Il ne les a même pas croisés lors des fonctions officielles qui ne manquent pas dans cette circonscription. Me Rama Valayden a été soulagé quand le sergent lui a dit qu’il connaît toutefois l’identité des ministres de la circonscription. Rostom dit ignorer aussi les unités spécialisées de la police qui se sont affairées pour prélever des indices. Tout comme il n’est pas au courant de la récupération d’un bouton bleu sur le site où le corps de Kistnen a été retrouvé ni si ce dernier portait de tels boutons. Le transfert d’une haut gradée du poste de police de Moka vers l’ICAC, deux jours après la découverte du corps, lui est totalement inconnu. Il a aussi déclaré qu’il n’y a pas eu de briefings ou de débriefings quotidiens, où le sujet Kistnen aurait pu être abordé. Pour cet enquêteur, il n’y a aucun suspect, ni Koomadha ni Yogida Sawmynaden même si Simla Kistnen a déjà accusé ces deux frères. Il n’a pas jugé bon non plus de téléphoner au ministre même s’il l’a fait pour Koomadha Sawmynaden. Et personne n’a été interrogée <em>«under warning». </em>Le sergent Rostom a nié avoir parlé de voiture rouge à Koomadha Sawmynaden alors que ce dernier l’avait affirmé avant-hier et l’a reconfirmé hier. Et le sergent n’a ni vu ni entendu parler de débris rouges sur la scène du crime. Pour lui, ces traces auraient pu être faites après la découverte du corps par des voitures qui, selon lui, empruntent souvent ce chemin rocailleux. Bref, il a fallu toute la patience des hommes de loi et de la magistrate pour venir à bout de ce sergent qui a décidément réponse à tout. Ou, devrait-on dire, non-réponse.</p>
L’attente et respect des droits de l’homme
<p>Alors que Koomadha Sawmynaden avait déclaré avant-hier que le sergent Rostom lui avait promis de le convoquer une deuxième fois mais formellement, le policier a affirmé hier au tribunal que c’est Koomadha Sawmynaden qui lui avait promis de revenir vers lui. Donc il s’est mis à attendre… <em>«Pourquoi n’avoir pas convoqué formellement Koomadha Sawmynaden alors que ce dernier vous a déjà montré des preuves ?»</em> le questionne Bhadain. Réponse de Rostom : <em>«Il aurait pu être allé ailleurs, vers un autre poste de police»</em>… Et quand la magistrate lui demande si ce n’était pas son devoir d’insister pour que Koomadha Sawmynaden revienne pour faire une déposition formelle, Rostom montre une compréhension et un respect des droit de l’homme qui surprennent : il ne voulait interroger le frère du ministre sans son avocat. En égratignant au passage Koomadha Sawmynaden qu’il <em>«savait être occupé par la chose politique».</em></p>
Interrogatoire dans la cantine et crainte de scandale
<p>Le sergent Rostom a dû hier subir les salves de questions des avocats Azam Neerooa du parquet, de Rama Valayden qui représente la famille Kistnen, de Me Roshi Bhadain qui représente, lui, le frère du ministre du Commerce et même de la magistrate. Si le sergent a bien reconnu avoir reçu Koomadha Sawmynaden dans la cantine du poste de police de Quartier-Militaire, c’était, dit-il, pour ne pas être dérangé par les allées et venues et les sonneries de téléphone. Et s’il a tout aussi naturellement décidé de ne pas enregistrer la déclaration du frère du ministre du Commerce, c’était, tente-t-il de justifier, parce que Koomadha Sawmynaden allait faire de graves allégations de fraude et de corruption à l’encontre de son frère de ministre, Yogida Sawmynaden. Selon le sergent Rostom, étant en présence d’une affaire sensible car impliquant un ministre, il a choisi de ne pas enregistrer la déposition ni même faire une simple entrée dans la <em>Dairy Book </em>de la police, de peur qu’il y ait une fuite d’information. Mais il dit en avoir informé son supérieur. Verbalement. <em>«Vous n’avez pas confiance en vos collègues policiers ?» </em>lui a demandé la magistrate. <em>«Non»</em>, a été sa réponse. Et quand Me Roshi Bhadain lui demande si c’est en raison de la sensibilité de l’affaire qui concernerait un ministre et la crainte de fuite qu’il aura choisi de rester dans l’informel même si cela concernait un assassinat, le policier bredouilla <em>«je ne peux pas dire cela.»</em> De telles réponses évasives, le sergent en a fournies plusieurs exemples hier. Ainsi à une question toujours de Me Roshi Bhadain, pour savoir si une affaire de corruption pourrait être un mobile pour un assassinat, le sergent Rostom n’a pas voulu donner une réponse précise avant de répondre à la fin : «<em>It could be.» </em></p>
<p>Toutefois, pressé de questions, y compris par la magistrate, le sergent a reconnu qu’il était conscient d’être en présence d’un meurtre. Il dira aussi que tout cadavre découvert est traité d’emblée comme un meurtre.</p>
Publicité
Les plus récents
À partir du 1er janvier 2025
L’enregistrement et la certification des drones deviennent obligatoires
Allégation de maltraitance à Petit Gamin
La Horse Racing Division dément
En hommage
Candle Light pour Elodie Kathalea Gaspard
Rama Sithanen
«La Banque de Maurice n’a pas converti ses réserves pour financer la Mauritius Investment Corporation»
Anne Marie Bejjani
«Les Libanais sont un peuple très résilient»