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Vacoas-Phoenix
Ahmad Sulliman: «Si les futurs élus font ce qu’ils disent, ce sera déjà beaucoup»
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Ahmad Sulliman: «Si les futurs élus font ce qu’ils disent, ce sera déjà beaucoup»

Ahmad Sulliman, des Éditions Le Printemps, est viscéralement attaché à sa ville natale, Vacoas. Il se souvient qu’à l’époque où il envisageait d’ouvrir la librairie – elle date de 1989 – certains le lui avaient déconseillé. «Quoi, tu veux ouvrir une librairie à Vacoas ? Il faut plutôt s’installer à Port-Louis ou à Rose-Hill.» Le libraire – qui a par la suite ouvert des antennes à Curepipe et Port-Louis – raconte qu’il est malgré tout resté enraciné dans la ville.
Ce natif de La Caverne confie qu’il vivait dans le même quartier que sir Anerood Jugnauth. «Il était avocat. Ma maman était employée comme bonne chez lui. Même quand il est devenu Premier ministre, il est resté à La Caverne. Je suis un peu comme ça aussi.» Si on lui demande ce qu’il y a à voir à Vacoas, il lance, ironique : «Faites un tour àla caverne. Dans ma jeunesse, j’aimais les aventures. On racontait qu’il y avait des fantômes dans ce trou où coule une source.»
Parmi les choses à revoir dans cette ville, Ahmad Sulliman est nostalgique de l’époque où Vacoas s’enorgueillissait de ses salles de cinéma : Savoy, Metro, Modern. «J’ai passé ma jeunesse dans les cinémas, tellement j’étais mordu.» Il se souvient de l’époque où il n’avait pas les 75 sous pour se payer les meilleures places et qu’il allait tranquillement s’asseoir dans les troisièmes. «Aujourd’hui, un jeune de la ville doit aller ailleurs pour regarder des films.» Ajouté au manque de loisirs, le manque de choix question shopping. «Comparez l’offre de Vacoas avec celle d’autres villes. Mon épouse et ma fille font rament du shopping à Vacoas. C’est dommage.»
Évidemment, le libraire a entendu les déclarations politiques tonitruantes qui voulaient transformer Vacoas en Manhattan. À cause d’annonces de grands chantiers et de l’espoir que cela avait suscité, Ahmad Sulliman a fait l’acquisition d’un terrain situé non loin de sa librairie. Il y a de cela quelques années, il a assisté à des réunions officielles pour «métamorphoser la ville. C’était avant que l’on ne construise le métro. Il était question d’un grand centre commercial où de grandes marques allaient s’installer. Comme cela n’a pas abouti, le terrain est resté en l’état. Ce n’est pas grave. Un terrain, cela gagne en valeur.»
Pour ce Vacoassien, hors de question de manquer à son devoir civique aux élections municipales du dimanche 4 mai. *«J’habite dans ce pays, je ne peux pas dire que je ne suis pas concerné. Les gens qui disent que cela ne les intéresse pas, ils se trompent. Si tout le monde faisait ça, seuls des incompétents deviendraient maires. Tous les citoyens doivent s’exprimer. Je ne vois pas une seule raison de rester chez moi le jour du vote.» *
Ahmad Sulliman est un électeur convaincu, même s’il ne cache pas qu’il est pour le moins désabusé. «J’irais voter, oui, mais je ne sais pas si les choses vont changer. Si les futurs élus font ce qu’ils disent, ce sera déjà beaucoup. Je n’attends qu’une chose : qu’ils me surprennent.»
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