Ses memes, vidéos, blagues et autres sont très appréciées sur Facebook. Lui, c’est Fish des Gens, enfin Fish John, tout récemment. À la base, Fish John, c’est un gars timide, un nerd dans son coin qui code, joue aux jeux vidéo, compose de la musique sur PC et qui surtout ne cherche aucun problème. Surtout pas avec les autorités. Mais ça, c’était au début. «Je ne sais même pas comment j’ai commencé à avoir un peu de notoriété en ligne. Ça reste encore bizarre pour moi. J’avais mis ce nom Fish John justement pour ne pas qu’on me retrouve… Eh ben, c’est raté.»

Aujourd’hui, Fish John est un véritable ovni du paysage numérique mauricien. Alternant entre parodies politiques et heavy metal, il attire une audience variée, parfois déconcertée. «Franchement, je ne comprends pas trop pourquoi tant de gens me suivent. Si quelqu’un commence à me suivre pour mes parodies politiques, à un moment il va se faire bombarder de métal. Et inversement, si c’est pour le heavy metal, il va se retrouver avec de la politique. Certains aiment la torture visiblement. Après, je ne me considère pas comme un influenceur. C’est juste un effet secondaire. Tu connais Rémi Gaillard ? Il avait raison. C’est en faisant n’importe quoi qu’on devient n’importe qui. Ben voilà, aila.»

Un poisson d’avril qui fait des vagues

Hier, Fish John s’est retrouvé au cœur d’un buzz à la suite d’une photo devenue virale, postée par l’express à la base pour son poisson d’avril et parlant de la légalisation du cannabis, dont Fish John s’est inspirée pour illustrer une situation qui a beaucoup plu. L’image de Fish John, créée à l’aide d’une intelligence artificielle, illustre deux jeunes qui roulent un joint et sont interpellés par un policier. Pour se défendre, les deux jeunes ont montré le faux article de l’express. Fish John explique l’idée derrière cette création : «Quand tu lis les commentaires sur les pages Facebook des médias locaux, tu te rends vite compte que beaucoup ne lisent jamais plus loin que le titre ou la photo. J’imagine que certains auraient pu croire au poisson d’avril de l’express et aller célébrer ça en public. Et même un policier aurait pu y croire. Après tout, un policier, c’est une personne comme toi et moi. Et pas que. If you know you know, comme disent les Français. Ce qui est fou aujourd’hui, c’est à quel point on peut traduire une idée en image avec l’intelligence artificielle. Ça ouvre tout un monde pour faire passer des messages visuels avec une bonne dose de second degré.»

Entre ses chansons dont la fameuse Walk Out from Here, devenue virale aussi après les travaux parlementaires ayant mis l’ancien speaker Phokeer en lumière, ses interviews satiriques et ses visuels percutants, Fish John a su imposer un style bien à lui. D’où lui vient cette inspiration ? «En vrai, il n’en faut pas tant que ça. L’actualité, surtout politique, est presque une parodie en elle-même. Il suffit de prendre un extrait, une photo, une vidéo… un moment où le n’importe quoi atteint son sommet, puis, de l’amplifier avec un autre n’importe quoi venu d’un film ou d’un autre média. Et là, c’est du grand cinéma.»

Une stratégie qui semble porter ses fruits, même si Fish John préfère voir son ascension comme une conséquence plutôt qu’un objectif. «Et maintenant, avec la génération vidéo via l’IA, je te laisse imaginer si j’ai ça sous la main. Pour les projets avec d’autres personnes, ce sont souvent elles qui m’approchent en premier. En général, ce sont des gens qui ont le même décalage d’esprit. Donc, ça se fait naturellement.»

Un artiste inclassable, une icône underground, un faiseur de vagues numériques : Fish John continue de surprendre, à son rythme et toujours avec humour.

Version Studio Ghibli (pardon Miyazaki…).