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Dans le sillage de l’investiture de Trump

Le point sur l’accord Maurice-UK sur les Chagos

24 janvier 2025, 20:07

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Le point sur l’accord Maurice-UK sur les Chagos

L’accord entre le Royaume-Uni et Maurice concernant les îles Chagos vacille-t-il ? Alors que le dossier a été placé par les Britanniques entre les mains de Donald Trump, qui a officiellement pris ses fonctions le lundi 20 janvier, pour être validé par son administration, les premiers signaux en provenance de Washington suggèrent une opposition à la rétrocession des Chagos à Maurice.

L’accord initial, annoncé en octobre 2024, prévoyait le transfert de souveraineté des îles Chagos à Maurice, tout en maintenant une gestion conjointe américano-britannique de la base militaire stratégique de Diego Garcia pour une durée de 99 ans. Cependant, depuis son élection, l’administration de Donald Trump a introduit une incertitude majeure dans ce processus. L’accord entre Maurice et le Royaume-Uni semblait en voie de finalisation, mais une intervention de l’équipe Trump a poussé le Premier ministre britannique, sir Keir Starmer, à suspendre sa signature, en attendant les recommandations de la nouvelle administration américaine.

Critiques des proches du président

Parmi les préoccupations soulevées figurent l’impact stratégique de cet accord et le rôle des États-Unis, notamment sous une éventuelle influence de l’ancien président Donald Trump. Selon The Independent, Robert Wilkie, ancien conseiller au Pentagone sous Trump, a qualifié la rétrocession de «calamiteuse», affirmant qu’elle pourrait compromettre la «relation spéciale» entre les États-Unis et le Royaume-Uni. De son côté, le site Express rapporte que des membres influents de l’administration Trump, comme le secrétaire d’État, Marco Rubio, ont exprimé leurs craintes face à l’influence croissante de la Chine dans l’océan Indien, notamment à travers ses liens commerciaux avec Maurice. Robert Wilkie a également souligné que cet accord pourrait fragiliser la capacité des États-Unis et de leurs alliés à maintenir un «front uni» dans l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord et l’Anglosphère. «Diego Garcia offrait une plateforme stratégique pour projeter notre puissance. Cette décision manque de vision à long terme», a-t-il déclaré. Il a également fait part de ses inquiétudes quant à un éventuel accès chinois aux îles, alimentant davantage les réticences américaines.

Le 20 janvier, le sénateur américain John Kennedy, lui, a vivement critiqué le projet de restitution des îles Chagos lors d’une déclaration relayée par The Economic Times. Il a appelé le Premier ministre britannique à consulter davantage les États-Unis avant de finaliser un tel accord. Selon Kennedy, cet accord pourrait affaiblir les intérêts stratégiques des États-Unis dans l’océan Indien. Il a également exhorté l’administration américaine à intervenir rapidement pour évaluer les implications géopolitiques de ce projet. Face à ces préoccupations, le gouvernement britannique, dirigé par sir Keir Starmer, a décidé de suspendre la finalisation de l’accord pour permettre à l’administration Trump de réexaminer ses implications. «Il est impératif que la nouvelle administration américaine ait l’occasion d’étudier cet accord. Notre priorité reste de protéger les intérêts du Royaume-Uni et notre sécurité nationale», a déclaré un porteparole de Downing Street.

Un accord bénéfique pour les États-Unis

Le 22 janvier, Peter Harris, dans un article publié dans The Diplomat, affirme que l’accord entre le Royaume-Uni et Maurice, qui prévoit la restitution des îles Chagos tout en maintenant la base militaire américaine sur Diego Garcia, est avantageux pour toutes les parties impliquées. Il souligne que cet accord permet au Royaume-Uni de se conformer au droit international, à Maurice de récupérer sa souveraineté et aux États-Unis de conserver leur position stratégique dans l’océan Indien. Harris réfute également les accusations selon lesquelles Maurice serait aligné sur la Chine, qualifiant ces affirmations d’infondées.

Position de Maurice et enjeux diplomatiques

Le 18 janvier, le Premier ministre mauricien Navin Ramgoolam a exprimé des réserves sur la durée du bail de 99 ans pour la base militaire de Diego Garcia. Qualifiant cet accord de «trahison» si la souveraineté mauricienne n’était pas pleinement reconnue, il a insisté sur l’importance d’un ajustement prenant en compte les réalités économiques et politiques. Contacté l’Attorney General mauricien, Gavin Glover, a confirmé que l’accord avait été soumis à Donald Trump pour approbation. «Tout dépend du nouveau président américain. Je préfère ne pas faire de déclaration à ce stade. Nous devons attendre la décision du gouvernement américain. Je pense que l’affaire Chagos n’est pas une priorité immédiate pour le président Trump après son investiture. Cela pourrait prendre deux à trois semaines avant que nous obtenions une réponse des Britanniques concernant la position des États-Unis sur cette question», a-t-il déclaré.

Alors que les négociations se poursuivent, l’équilibre entre souveraineté, sécurité régionale et intérêts stratégiques reste au cœur des discussions. Avec l’implication d’acteurs tels que les États-Unis, cette affaire dépasse largement le cadre bilatéral entre Maurice et le Royaume-Uni, reflétant des enjeux géopolitiques globaux.