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Bateaux de croisière

Face aux défis, les Mauriciens naviguent entre formations et opportunités

24 juin 2024, 22:00

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Face aux défis, les Mauriciens naviguent entre formations et opportunités

L’attente du renouvellement des permis d’opération est longue

La demande des Mauriciens pour travailler sur les bateaux de croisière augmente année après année, rendant la recherche de main-d’œuvre locale de plus en plus ardue. En réponse à cette tendance, de nombreuses agences de recrutement ont émergé pour satisfaire l’appétit grandissant des candidats locaux et étrangers pour ces opportunités en mer. Parallèlement, les écoles de formation se multiplient pour proposer des cours spécialisés.

À la fin de décembre 2023, 653 personnes sont allées travailler sur des bateaux de croisière, contre 763 en 2022 et 1 484 en 2021. Selon les chiffres obtenus auprès du ministère du Travail, Vivaldi International Cruise Services Ltd a envoyé 250, 533 et 404 Mauriciens sur les navires de croisière de 2021 à 2023 respectivement. Les statistiques sont également remarquables pour Oceangoers Ltd, qui a recruté 483 Mauriciens en 2020 et 977 en 2021. Ces chiffres devraient augmenter une fois que les permis d’opération des agences de recrutement seront renouvelés.

«J’ai soumis ma demande en octobre de l’année dernière, mais jusqu’à présent, le permis n’est pas encore renouvelé», explique Dewanand Goboodun, directeur de l’International Cruise Recruitment Services. Il ajoute que le délai de renouvellement du permis suscite de l’inquiétude, car de nombreux Mauriciens, ainsi que des étrangers, le sollicitent pour leurs démarches. En attendant, il a déjà établi son plan de travail pour recruter des personnes dans des pays africains, car le nouveau permis permettrait de chercher de la main-d’œuvre étrangère. «Nous avons également constaté une forte demande en provenance de l’Ukraine. Les Ukrainiens souhaitent passer par Maurice pour travailler sur les bateaux de croisière», dit-il.

Chez une agence de recrutement située à l’est du pays, qui a déjà envoyé plus d’une trentaine de personnes de 2022 à 2023, l’attente du renouvellement du permis d’opération se fait longue. «Nous ne sommes pas en opération en ce moment car notre permis a expiré. Nous avons déjà effectué notre demande de renouvellement et nous sommes en attente», confie le directeur. Selon lui, la demande pour travailler sur les bateaux de croisière augmente considérablement en raison des conditions favorables qui y existent.

Situation économique difficile

Pour ce directeur d’entreprise, si une nouvelle carrière est souvent la première raison qui pousse un Mauricien à se tourner vers les bateaux de croisière, la situation économique en est la deuxième. «La situation économique difficile pousse davantage de Mauriciens vers les bateaux de croisière», dit-il. La faible valeur de la roupie face au dollar favorise également cet exode.

Dewanand Goboodun partage cet avis, affirmant que la situation économique du pays incite les jeunes à chercher un emploi sur les bateaux de croisière. «Le salaire minimum d’un serveur à Maurice n’est pas comparable à celui d’un serveur sur un bateau. Ce dernier reçoit aussi des pourboires. C’est pourquoi de nombreux Mauriciens quittent le pays.» Il ajoute que de plus en plus de personnes ayant une longue expérience dans le domaine de l’hôtellerie préfèrent quitter leur emploi pour travailler sur les bateaux de croisière. Il souligne qu’il existe des exigences strictes pour obtenir un emploi sur un bateau de croisière. Les attributs physiques et académiques sont extrêmement importants, précise-t-il. La formation est également cruciale pour que les bateaux de croisière puissent facilement recruter des Mauriciens.

Difficulté à trouver des jeunes

Recrutant entre 25 et 40 personnes chaque mois pour travailler sur les bateaux de croisière, Nadine Catherine, directrice de l’agence Task International Recruitment Services Ltd, rencontre des difficultés à trouver des jeunes. «L’un des défis est de trouver des jeunes avec l’envie de découvrir le monde», avance-t-elle. Selon ses observations, de moins en moins de jeunes s’intéressent à travailler dans les secteurs de l’hôtellerie, et donc aussi sur les bateaux de croisière. Elle souligne que les Mauriciens ont un avantage pour trouver du travail sur les bateaux. «Nous parlons plusieurs langues et nous avons une bonne connaissance des produits, et nos hôtels sont très bien référencés sur l’île.» Malgré le salaire élevé offert sur les bateaux de croisière, elle note que les gens préfèrent ce type de travail pour devenir indépendants, et satisfaire leur envie d’apprendre et de découvrir.

Face à la demande croissante des Mauriciens souhaitant travailler sur les bateaux de croisière, les permis d’opération des 11 compagnies de recrutement enregistrées auprès du ministère du Travail ont expiré. Selon les indications du ministère, les permis devront bientôt être renouvelés en raison de la nouvelle législation permettant aux opérateurs de recruter de la main-d’œuvre étrangère.

Nouveau cours de formation

Contrairement à d’autres nationalités qui trouvent plus facilement un emploi sur les bateaux de croisière, les recruteurs recommandent aux Mauriciens de suivre des cours spécifiques. «Le temps d’attente est extrêmement long après les demandes de cours maritimes auprès du ministère du Travail», déplorent-ils. Cependant, grâce aux écoles qui s’ouvrent un peu partout, les Mauriciens auront plus d’opportunités de suivre ces formations. Selon Sivaramen Narrainen, directeur d’Edujob Worldwide, de nombreux Mauriciens éprouvent des difficultés à obtenir des postes importants sur les bateaux de croisière par rapport à d’autres nationalités, d’où la nécessité de les armer de qualifications académiques.

«Nous observons que les opportunités sont plus présentes pour les Européens que pour les Mauriciens. Malgré le nombre de Mauriciens qui trouvent un emploi sur un bateau de croisière, ils rencontrent des difficultés. C’est pourquoi il est crucial de leur fournir une formation adéquate pour faciliter leur recrutement par rapport aux étrangers», explique-t-il. En réponse à ce problème et à la demande croissante pour des emplois sur les bateaux de croisière, Edujob Worldwide lance un diplôme en Cruise Management à partir du 5 juillet. La particularité de ce cours est qu’il ne dure que deux mois, incluant un stage dans un hôtel. Ce programme, qui fait partie de la Confederation of Tourism & Hospitality, est approuvé par le Royaume-Uni. Le coût du cours est de Rs 30 000.

Le directeur ajoute que des étudiants étrangers choisissent également ce cours pour augmenter leurs chances d’être recrutés par des agents afin de trouver un emploi sur un bateau de croisière.