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Tranquebar

Les familles sinistrées relogées en attendant la fin de l’enquête

23 avril 2024, 13:58

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Les familles sinistrées relogées en attendant la fin de l’enquête

La maison effondrée des Ramsahye, à Tranquebar. © Dev Ramkhelawon

La scène est déchirante : rues inondées, odeur de boue et surtout, une famille dévastée par la perte de tout ce qu’elle a bâti au cours des trois dernières décennies. Le lendemain des pluies torrentielles qui ont frappé l’île, un sentiment de désolation envahit Tranquebar. Les habitants se rassemblent pour commencer le nettoyage, mais pour certains, le travail ne sera pas suffisant pour réparer les dégâts causés par la tempête. Ici, dans cette même localité, la nuit du dimanche 21 avril a été pénible pour trois familles, les Dindoyal, Kanhye et Ramsahye, la dernière ayant vu partir sa maison en débris, effondrée face à la puissance de la pluie et des eaux qui descendaient du ruisseau du Pouce.

2.jpg Ramjee Harvansh et Aradhna Ramsahye. © Dev Ramkhelawon

La famille Ramsahye est inconsolable. Sa maison, située sur les berges du ruisseau du Pouce, s’est effondrée à la suite de la montée des eaux. Tout a été détruit lors de cette terrible nuit du dimanche 20 avril. Malgré une forte mobilisation de solidarité, rien ne pourra ramener le passé. Des chaises sont disposées devant ce qui reste de la maison. Kamala Ramsahye, 75 ans, a été témoin de cette tragédie. «Mo bann zanfan inn pran mwa dan godi pou fer sorti. Mo ti sorti boner mwa. Létan mo retourné pou pran mo médikaman, mo tann mo lakaz pé kraké», confie-t-elle en larmes. «J’ai essayé d’informer les autorités, même la PPS Sandra Mayotte, mais mes appels sont restés sans réponse. J’avais peur que la maison s’effondre avec les travaux, mais personne ne nous a écoutés», dit-elle d’une voix brisée.

3.jpg © Dev Ramkhelawon

Plus tôt, sentant le pire arriver, elle s’est rendue chez les voisins d’à côté, dont la famille Dindoyal. Mais là-bas aussi, cela s’est avéré dangereux car la maison des Dindoyal a aussi commencé à craquer. C’est en passant par le toit qu’elle et ses petits enfants ont pu quitter ma cour du domicile à temps. Ce qui va suivre sera un drame. Habitant cette maison depuis plus de 29 ans, elle a vu tout son patrimoine disparaître en quelques minutes. Aradhna Ramsahye est sans voix. Elle qui menait un business de dholl puri a vu non seulement son domicile s’effondrer, mais aussi son business enseveli. «Nou espéré pou gagn enn solision parski li pa fasil. Nou ti koné pou arivé sa ek nou ti dir», confie-t-elle. La mère de famille partage la même frustration que ses voisins. Elle ne comprend pas pourquoi ses appels répétés pour alerter les autorités ont été ignorés. «Ils étaient plusieurs politiciens à défiler, mais aucun d’eux n’a vraiment écouté nos inquiétudes. Il y avait des signes que quelque chose pourrait mal tourner, mais aucune action n’a été prise», déclare-t-elle avec amertume.

La famille Ramsahye pointe du doigt les travaux de la National Development Unit (NDU), responsable de la construction de murs de soutènement le long du ruisseau. Ces travaux, selon elle, ont affaibli les fondations de la maison, ce qui a mené à l’effondrement laissant derrière une structure en béton brisée. Le choc est palpable, non seulement chez les membres de la famille Ramsahye, mais aussi parmi les voisins et les passants. La famille Ramsahye, connue pour ses délicieux dholl puri, est désormais contrainte de reconstruire sa vie à zéro. Les autorités locales ont commencé le nettoyage des rues, mais la famille attend des réponses et des solutions. Les voisins se sont mobilisés pour lui apporter de l’aide, mais le chemin vers la reconstruction sera long. Les pertes matérielles sont importantes, mais c’est la perte des souvenirs et du foyer familial qui pèse le plus lourdement sur cette famille dévastée.

Défilé de politiciens après le drame

Les habitants de Tranquebar ont été solidaires de la famille Ramsahye et plusieurs politiciens ont eux aussi défilé, notamment Nando Bodha, Osman Mahomed, Arvin Boolell, Roubina Jadoo-Jaunbocus, Bobby Hurreeram et Sandra Mayotte, ainsi que les employés de la municipalité. C’est la visite du ministre Bobby Hurreeram et de la Parliamentary Private Secretary (PPS) Sandra Mayotte qui a attiré le plus d’attention. Ces derniers ont été accueillis par des habitants impatients de partager leur détresse et leurs préoccupations.

Osman Mahomed : «J’avais envoyé un mail officiel à la PPS Mayotte pour faire part de ce problème»

Osman Mahomed ne décolère pas et estime que ce drame aurait pu être évité. Il affirme, document à l’appui, qu’il avait informé la PPS Sandra Mayotte du problème depuis février et que rien n’a été fait. «Il fallait démarrer les travaux différemment, mètre par mètre. Le gouvernement doit indemniser la famille et les rembourser sou par sou.»

Bobby Hurreeram : «Séki inn foté pou bizin péyé»

Le ministre Hurreeram a écouté avec attention les doléances des familles victimes, en particulier celles des Ramsahye. Il a promis que le gouvernement mettrait tout en oeuvre pour soutenir les victimes. Les habitants, y compris la famille Ramsahye, ont profité de l’occasion pour montrer au ministre les dégâts causés par l’effondrement, invitant le ministre et la PPS à entrer dans ce qui restait de la maison pour constater de visu l’ampleur des dommages.

Une enquête est en cours après l’effondrement de la maison, a déclaré le ministre des Infrastructures nationales, Bobby Hurreeram, lors de sa visite dans la localité. «Séki inn foté pou bizin péyé. Gouvernma va step in ek nou pou pran nou responsabilité. Éna lasirans tousala ki rant ladan. Mo pa pou kapav dir bann zafer-la parski éna lanket pé fer. Mé mo’nn rasir bann fami ki nou gouvernma pou donn zot tou soutien ki bizin.»

Sandra Mayotte : «On va soutenir la famille et la reloger»

La PPS Sandra Mayotte est arrivée sur le terrain en compagnie du ministre Hurreeram et a assuré qu’un soutien sera accordé aux familles. «Li maléré ki finn ariv sa. Lanket pé fer pou déterminn bann koupab, Mé pa védir ki kan lanket pé fer nou pa pé ékout bann fami-la. Avek nou lékip, nou pé travay lor réloz bann fami-la ziska gagn enn solision.»

Le Premier ministre rencontre les familles victimes au PMO

Après cette visite sur le terrain, le ministre Hurreeram a invité les membres de la famille Ramsahye à se rendre au PMO pour rencontrer ce dernier et discuter des mesures à prendre pour les soutenir dans cette période difficile. Cette rencontre devrait permettre d’identifier des solutions concrètes pour aider les victimes à reconstruire leur vie. À la sortie de la rencontre, la famille Ramsahye s’est dite satisfaite de la réunion et de l’assurance donnée par le gouvernement pour les aider dans cette situation difficile.