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A Beyrouth, poursuite des recherches dans un quartier sinistré, possible survivant

4 septembre 2020, 21:50

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A Beyrouth, poursuite des recherches dans un quartier sinistré, possible survivant

 

Des secouristes continuent vendredi de creuser dans les décombres d’un quartier sinistré de Beyrouth où des battements de coeur ont été détectés au scanner la veille, avec l’espoir de retrouver un survivant, un mois jour pour jour après l’explosion au port.

Des secouristes chiliens récemment dépêchés dans la capitale libanaise ont repéré jeudi, grâce à un chien renifleur et des scanners thermiques, des pulsations sous les décombres d’un bâtiment, donnant l’espoir de retrouver un survivant de l’explosion qui a détruit le 4 août des pans entiers de Beyrouth, faisant 191 morts et blessant plus de 6.500 personnes.

Vendredi, les travaux de recherche se poursuivaient, après une nuit passée à débarrasser les gros blocs de béton tout en évitant un effondrement total du bâtiment.

«Les experts (...) ont découvert que quelqu’un respirait lentement sous les décombres et à une profondeur de trois mètres (...) Cela nécessite de creuser trois tunnels pour atteindre l’endroit» où se trouverait l’éventuel survivant, a indiqué en début de soirée le chef de l’équipe chilienne, Francisco Lermanda.

«Les travaux sont actuellement en cours» mais «rien n’indique si cette personne est vivante ou non», a ajouté M. Lermanda, lors d’une conférence de presse.

Plus tôt dans la journée, les espoirs d’un heureux dénouement s’amenuisaient.

«Nous avons enlevé des décombres, mais nous ne sommes pas encore parvenus à un résultat», a déclaré à l’AFP le directeur des opérations de la Défense civile, George Abou Moussa.

«Nous avons effectué de nouveaux tests pour surveiller le rythme cardiaque ou la respiration, et cela a révélé un faible rythme (...) sept battements par minute», a précisé Nicolas Saadeh, coordinateur des recherches.

La veille, un rythme de 16 à 18 battements par minute avait été détecté.

Un ingénieur civil français, Emmanuel Durand, participant aux efforts de sauvetage a lui indiqué à l’AFP que les scans cartographiques en 3D effectués sur le bâtiment endommagé n’avaient jusqu’ici montré «aucun signe de vie».

- Retombées psychologiques -

Le Liban ne possède ni l’équipement ni les capacités techniques pour gérer de telles catastrophes. Plusieurs pays ont rapidement dépêché secours et assistance technique après l’explosion.

L’arrêt temporaire des recherches durant la nuit a provoqué la colère de certains Libanais sur les réseaux sociaux pointant du doigt les autorités jugées responsables du drame par leur incurie.

L’armée a affirmé dans un communiqué que les travaux avaient été suspendus pendant deux heures «en raison du risque d’effondrement d’un des murs fissurés du bâtiment».

Sept personnes sont toujours portées disparues, selon l’armée.

D’après les autorités, l’explosion a été causée par 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium stockées «sans mesures de précaution» depuis des années au port.

Elle a aggravé la crise économique et politique qui secoue le pays depuis près d’un an. La Banque mondiale a estimé les dégâts et pertes économiques de la déflagration entre 6,7 et 8,1 milliards de dollars (entre 5,7 et 6,8 milliards d’euros)

Vendredi, l’Unicef a indiqué que «600000 enfants vivant dans un rayon de 20 kilomètres de l’épicentre de l’explosion pourraient subir des retombées psychologiques négatives à court et à long terme».

- Roses blanches -

A 18H08 (15H08 GMT), heure de l’explosion, des cérémonies commémoratives et une minute de silence ont été organisées au port et au siège d’une caserne de pompiers à proximité --dont dix membres ont péri dans le drame--, auxquelles ont participé des proches des victimes.

Au pied d’un mémorial érigé par l’armée au port, certains ont déposé des roses blanches.

«Nous ne savons toujours pas comment l’explosion s’est produite, ce qui s’est passé et qui en est responsable», a déploré Michelle, la soeur de Joe Antoun, un employé du port mort dans l’explosion.

Le frère d’un ingénieur ayant également péri dans le drame a aussi réclamé «justice».

Le juge libanais chargé de l’enquête a entendu jeudi le Premier ministre démissionnaire Hassan Diab, premier haut responsable à témoigner, après avoir émis ces dernières semaines 25 mandats d’arrêt.

Le secrétaire d’Etat du Vatican, dépêché à Beyrouth par le pape à l’occasion d’une journée universelle de prière et de jeûne pour le Liban, s’est voulu porteur d’un message d’espoir.

«Le Liban n’est pas seul», a lancé le cardinal Pietro Parolin. «N’ayez pas peur.»