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Placement : Bébés abandonnés : Quel avenir pour eux ?

4 septembre 2017, 02:38

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Placement : Bébés abandonnés : Quel avenir pour eux ?

Il est arrivé trop tôt dans ce monde cruel. Âgé de 72 jours seulement, ce nourrisson est toujours à l’hôpital, ayant été abandonné au berceau. Un membre de la Child Development Unit (CDU) a confié aux enquêteurs que des démarches ont été enclenchées pour que le bébé soit placé dans un shelter. En attendant, il restera à l’hôpital. Qu’adviendra-t-il de lui et des autres enfants abandonnés ?

C’est la CDU qui les prend en charge. Le premier recours est alors de placer les enfants dans un abri. Il n’y en a que trois à Maurice qui peuvent accueillir des bébés. Si deux d’entre eux sont justement spécialisés pour prendre soin des nourrissons, le troisième est destiné aux enfants d’âge divers, avec une aile réservée aux bébés.

Une enquête est ouverte pour retrouver la mère, le père ou encore les grands-parents. Les circonstances de l’abandon des enfants sont déterminantes, car abandonner un enfant est un délit selon la loi et ceux trouvés coupables peuvent écoper jusqu’à huit ans de prison. Plusieurs facteurs sont considérés, tels que l’état d’esprit de la mère après la naissance ou encore la situation familiale et les finances. Si les parents, les grands-parents ou autre proche parent se manifestent pour récupérer l’enfant, la CDU doit faire une enquête afin de s’assurer de la capacité de la famille à prendre soin de lui. 

L’intérêt de l’enfant doit primer

«La meilleure option pour un enfant c’est d’être dans la cellule familiale. Mais d’abord, il faut voir si les parents, les grands-parents ou autres proches parents sont habilités à prendre soin de l’enfant», fait valoir Premila Balgobin, ancienne juge de la Cour suprême et de la Family Court. Car l’intérêt de l’enfant doit primer sur toute considération, nous explique-t-elle. Dépendant des circonstances, la CDU peut, dans certains cas, faire un suivi psychologique avec la mère et la famille jusqu’à ce qu’elles soient jugées aptes à recueillir l’enfant. 

Toutefois, il y a eu des cas où, lorsque l’affaire est entendue en cour, le Parquet demande la déchéance de l’autorité parentale, car les parents ne sont pas aptes à élever l’enfant. Commence alors une autre étape, celle de trouver une famille d’accueil ou une famille d’adoption. «La convention relative aux droits de l’enfant préconise l’adoption comme la meilleure option», affirme Rita Venkatasawmy, l’Ombudsperson for Children. Toutefois, un obstacle majeur se pose à Maurice : l’absence d’un organisme qui s’occupe des adoptions, déplore-t-elle.

La plupart des enfants restent alors dans un shelter, car les familles d’accueil ne sont pas nombreuses à Maurice. En octobre 2016, le ministère de l’Égalité du genre, du développement de l’enfant et du bien-être de la famille comptait 48 familles d’accueil pour 57 enfants, alors qu’il y avait 570 enfants dans les abris. Ceux-ci ne sont pas adaptés pour les bébés, soutient un expert dans le domaine. Le gros problème : le manque de «bonding» (attachement) pour l’enfant avec une personne particulière, qui aurait dû être la mère, le père, les grands-parents ou autre proche. Dans le shelter, les personnes en contact avec l’enfant changent constamment, ce qui occasionne la perte de repère et une instabilité constante. L’enfant ne peut comprendre les raisons derrière ces changements et les vit comme des abandons multiples. 

<h2>Magdalla Mariette, maman de cœur</h2>

<p>Elle a officiellement trois enfants. Mais officieusement, Magdalla Mariette en a adopté des dizaines. Ce petit bout de femme, qui habite à Triolet, nous a contactés à travers les réseaux sociaux dès qu&rsquo;elle a vu l&rsquo;article concernant le nouveau-né abandonné à l&rsquo;hôpital. Elle cherche depuis un moment déjà à adopter un bébé qu&rsquo;elle et son époux pourront choyer. &laquo;<em>Je veux offrir un toit et de l&rsquo;affection aux enfants qui n&rsquo;en ont pas</em>&raquo;, nous explique-t-elle. Un souhait qui n&rsquo;a rien de nouveau chez Magdalla Mariette. La jeune femme accueille chez elle au quotidien plusieurs enfants de son quartier, pour jouer, manger ou simplement s&rsquo;amuser. Par ailleurs, lorsqu&rsquo;on l&rsquo;a eue au téléphone vendredi, elle était en route pour récupérer ses neveux pour le week-end. &laquo;<em>Je ne peux pas rester seule à la maison sans mes enfants, sinon je me mets à pleurer</em>&raquo;, confie-t-elle. Elle nous raconte qu&rsquo;un jour de vacances, ses enfants partis à Trou-d&rsquo;Eau-Douce, chez leur grand-mère, lui manquaient tellement qu&rsquo;elle a pris sa voiture et a débarqué dans le petit village côtier à minuit pour les récupérer. Et son époux dans tout cela ? &laquo;<em>Les enfants lui manquent, à lui aussi. Li dir lakaz trankil kan personn pa la</em>&raquo;, affirme-t-elle. &nbsp;&nbsp;</p>

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