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Rencontre avec Julien Breton, calligraphe lumineux

14 février 2014, 13:52

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Rencontre avec Julien Breton, calligraphe lumineux

Dans le noir, une silhouette mince se déplace, des respirations résonnent dans le micro, des mouvements amples se dessinent, des lampes clignotent dans toutes les directions. Que se passe-t-il ? Une fois que la photographie s'affiche sur un écran géant, on comprend alors et le résultat est féerique… Découverte.

 

Quand «l’encre devient lumière, le papier devient photographie et la calligraphie devient chorégraphie», c’est de la magie spectaculaire qui se produit. Ce sont des traits de lumières aux formes arabisantes que Julien Breton, aussi connu sous le nom de Kaalam, dessine dans l’espace. Pour réaliser cette calligraphie, il a troqué la plume contre les faisceaux de lumière. D’origine française, il était en visite à Maurice dans le cadre de la conférence de LiveIslam 2014 qui a eu lieu durant le week-end du 8 au 9 février au centre Swami Vivekananda. L’artiste en a illuminé plus d’un lors de son passage sur l’île. Son but ultime derrière la calligraphie lumineuse : «Créer un pont entre la culture occidentale et la culture arabe qui sont souvent mises en opposition à l’heure actuelle.»

 

L’artiste peint avec de la lumière en faisant des courbes arabisantes.

 

Pour faire ses prestations, il se sert d’un appareil photo, posé sur un trépied qui fonctionne en pause longue. Pendant ce temps de pause, Julien entre dans la peau de Kalaam et badigeonne des calligraphies à l’aide de lampes en utilisant le décor ou le paysage comme toile de fond. L’artiste, lui, se cache dans l’obscurité, s’habille en noir et bouge en permanence. Un autre moment, il utilise l’effet miroir : il écrit certaines lettres à l’envers pour que la projection soit lisible.

 

Il tente de propulser le multiculturalisme à l’avant-plan grâce à son art. Qui plus est, il veut faire un trait d’union entre le peuple occidental et le peuple arabe. Il a ainsi créé un alphabet qu’il a intitulé kalaam pour calligraphier en lumière et faire le pont entre le français et l’arabe puisqu’il ne parle ni n’écrit cette langue. D’ailleurs il est un autodidacte de la calligraphie et de l’art car à la base il n’a pas de formation en art plastique. Il fusionne l’écriture calligraphique avec de la musique, de la danse, de la photographie, et de superbes paysages qui sont figés à travers la caméra. Et utilise tous ces éléments pour transcender les barrières interculturelles et apporter des points communs.

 

Envie de découvrir un de ses performances ?

 

 

 

À travers la calligraphie lumineuse, Julien dessine son parcours également. Il a côtoyé des amis originaires du monde arabe.Issud’une famille pauvre, il vivait dans une cité et en est sorti, dit-il grâce à l’éducation. D’où sa citation du fameux écrivain Khalill Jibran durant sa performance à Maurice : «Le savoir élève ceux qui ne possèdent rien.»   

 

Ses échanges avec les Algériens, les Tunisiens et les Portugais de son quartier lui ont, d’une façon ou d’un autre, donné le goût à cet art de bien former les caractères à travers l’écriture. Mais c’est un cadeau qui l’a initié à la calligraphie sur papier : un livre calligraphique d’Hassan Massoudy, calligraphe irakien qui vit à Paris. Et c’est en 2006 qu’il se confronte au light graff et fusionne son art calligraphique avec de la lumière pour donner naissance à la calligraphie lumineuse. La peinture avec la lumière (light painting), elle, existe depuis l’invention de la photographie mais c’est l’appareil numérique qui a aidé à démocratiser la light painting.

 

Ainsi, Julien retrace sa rencontre avec le monde arabe. Aux pas, aux déplacements, aux rythmes s’ajoute, avec lui, une dimension philosophique qui touche la vie quotidienne. Celle de vivre chacun avec sa propre identité tout en cohabitant en harmonie, en paix et dans la tolérance. La calligraphie, la manière d’être, les relations avec les autres : pour Julien, tout est lié.

 

 Si tout repose sur la souplesse et l’aisance ce ne sont pas les seules qualités requises pour cet art. Julien précise que la confiance en soiest élémentaire.

 

La light painting - combinée avec la calligraphie lumineuse - ouvre plus d’horizons, d’espace et la possibilité de faire de la fusion avec d’autres arts comme la musique et la danse  à Julien Breton. C’est ainsi, qu’il y a trois ans l’artiste a monté sa compagnie, Turn off the light où un danseur, une danseuse, un musicien, un compositeur, un technicien lumière et un photographe travaillent avec lui afin de monter des spectacles à travers le monde.

 

L’artiste innove et crée régulièrement de nombreux spectacles en les mêlant à d’autres cultures.Comme ici, en Inde Julien a collaboré avec des artistes indiens.