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Nos journalistes évaluent le cabinet ministériel : huit ministres en baisse, 14 en hausse

26 mars 2014, 08:26

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Nos journalistes évaluent le cabinet ministériel : huit ministres en baisse, 14 en hausse

L’an dernier, l’express jugeait opportun de renouer avec une vieille initiative d’évaluer la performance des ministres du pays. Nous avions ainsi fait appel à un échantillon, constitué des journalistes et rédacteurs de notre groupe de presse. Les résultats avaient été publiés le 15 juin 2013. Cette année, nous renouvelons l’expérience, histoire de voir s’il s’en dégageait quelque tendance.

 

Neuf mois, le temps d’une gestation, sont passés depuis la dernière évaluation des ministres par nos journalistes. Le questionnaire, à l’identique, demandait de noter sur 10 chaque ministre, en considérant quatre critères d’évaluation : (1) la performance générale (2) la maîtrise des dossiers (3) le leadership démontré et (4) les idées nouvelles. Au final, il était aussi demandé une appréciation de l’influence, positive ou négative, qu’avait le ministre pour le pays.

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Il est important de souligner que cette évaluation n’est pas un sondage scientifique, mais le simple constat de nos journalistes. Ce qui n’est sûrement pas représentatif de l’opinion de la population entière. Mais intéressant tout de même, parce que nos journalistes, par ailleurs contribuables et électeurs, vivent l’actualité au plus près et travaillent dans le groupe de presse le plus important et le plus respecté du pays. À ce titre, cet exercice ne prétend nullement être le pouls du pays ni même une anticipation de ce que serait un vote électoral. Mieux, malgré les notes (sévères) que reçoivent nos ministres de la part de nos rédactions, nous savons que certains d’entre eux seront réélus, le système politique et les réflexes des électeurs étant ce qu’ils sont et pas toujours corrélés avec ceux de nos publications. L’objectif de cet exercice n’a pas changé : il s’agit avant tout de pousser à la réflexion critique de l’action gouvernementale.

 

On le répète : il ne faut pas oublier que les ministres, ainsi que le Premier ministre, travaillent pour nous, citoyens, et sont payés avec l’argent public. À ce titre, ils sont redevables envers le public et pas seulement chaque cinq ans. Il convient donc de juger nos ministres non pas uniquement comme des chefs de tribus politiques ou comme des représentants de circonscriptions, mais aussi comme des individus investis de responsabilités nationales susceptibles de faire avancer – ou reculer – le pays. Nos journalistes ne choisissent pas entre un parti ou un autre, mais se retrouvent dans la logique de noter nos ministres au titre d’employés du peuple qu’ils sont – et qu’ils se doivent d’être.

 

Nous avons, une fois de plus, dans un souci d’équilibre, invité les divers ministères à nous fournir, en parallèle et comme en juin 2013, un bilan de leurs actions sur les derniers neuf mois. Nous publierons ces bilans au cours des jours qui suivront afin que nos lecteurs puissent, au-delà de l’évaluation de nos journalistes, juger «sur pièce».

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En amont de cet exercice, rappelons celui publié par l’express, le 30 mars 1983, en guise de bilan, neuf mois après la constitution du premier gouvernement 60 – 0 du pays. Celui issu des urnes, le 11 juin 1982, «dans la détente et presque la liesse, porté sur une vague populaire reflétée par des suffrages sans précédent et un courant d’espoir proche d’un consensus (qui) n’a tenu que neuf mois et quelques jours». Les dix journalistes qui avaient alors vu ce gouvernement à l’oeuvre au plus près trouvaient sept ministres (sur 19) susceptibles d’être crédités d’un «pass mark» de plus de 5 sur 10 : Paul Bérenger (8,2 – ce qui ne lui assurait pas la suite…) ; Swaley Kasenally (6,9 – homme respecté, qui a depuis jeté l’éponge politique) ; Kailash Ruhee (6,3 – il est Chief of Staff au PMO depuis 2005) ; Jean-Claude de l’Estrac (5,5 – après un passage réussi comme rédacteur en chef à l’express, il dirige depuis la COI) ; Kader Bhayat (5,4 – cérébral, sérieux, travailleur et têtu, il se détache dès 1983 de la politique, et démissionne du gouvernement en 1986) ; Kishore Deerpalsingh (5,2 – alors ministre de l’Agriculture où il fut plus à l’aise et moins controversé qu’à la Santé par la suite) et Cassam Uteem (5,1 – sympa et accessible, il fut plus tard, et de loin, notre meilleur président de la République).

 

COMPARAISON ENTRE 1983 ET 2014

 

Aujourd’hui et pour la deuxième fois de suite, nos journalistes ne trouvent qu’un seul ministre (sur 24) à tirer du lot, au-dessus de 5 sur 10 (Arvin Boolell). Cette sévérité de score suggère, une fois de plus, soit des journalistes particulièrement exigeants, soit un vrai problème de médiocrité ministérielle. Seuls contrastes positifs dans ces exercices comparés 1983 et 2014 ? D’abord, le bon dernier de l’évaluation de 2014 (Mookhesswur Choonee) ne score pas moins que le dernier de l’évaluation de 1983 (Harish Bhoodoo), soit 1,8 sur 10. Ensuite, alors que le PM du jour et celui de 1983 scoraient le même nombre de points (3,6 sur 10), Anerood Jugnauth était estimé être 13e sur 19 ministres, alors que Ramgoolam est bien mieux loti, à la septième place sur 24. Tout étant effectivement relatif.

 

D’autre part, le «Top 5» de la performance ministérielle est toujours très constant sur les critères faisant l’objet de l’évaluation .Que ce soit la maîtrise des dossiers, le leadership démontré, les idées nouvelles ou l’influence sur le pays, ce sont invariablement Arvin Boolell, Xavier-Luc Duval, Shakeel Mohamed et Chedumbrum Pillay qui émergent du lot ; Lormus Bundhoo déplaçant Sheila Bappoo pour sa «performance générale» et son influence positive sur le pays. Le Premier ministre n’apparaît, comme la fois dernière, qu’une seule fois dans le «Top 5» et c’est une fois encore pour le leadership, encore qu’il pointe toujours en cinquième position, même à ce titre. De toute évidence, le PM mène mieux ses troupes (tant au cabinet que dans la bataille électorale) qu’il n’impressionne les journalistes de l’express

 

Finalement, rappelons qu’il faut rester prudent avec cette évaluation. Les scores eux-mêmes, dans l’absolu, ne veulent pas dire grand-chose. On le répète. Le mot clé reste pour nous la performance «relative» des ministres. Outre la performance d’un ministre par rapport à un autre, ce que l’exercice du jour permet de faire c’est de constater quelques évolutions de tendances, le fait le plus notable étant que seul le score de huit ministres se détériore d’une période à une autre, plutôt sévèrement, (Rajesh Jeetah) ou assez marginalement (Cader Sayed Hossen, Sheila Bappoo, Michael Sik Yuen, Satish Faugoo, Suren Dayal, Hervé Aimée, Mookhesswur Choonee). Ce dernier (à plus d’un titre !) vient d’ailleurs d’être fièrement gratifié d’une décoration de la République le 12 mars et de nous expliquer, trois jours plus tard, que la qualité qu’il préfère chez un homme, c’est, en toute humilité, d’être un modèle, comme lui-même !

 

A contrario, (et c’est la bonne nouvelle de cette évaluation) 14 ministres voient leur score s’améliorer en neuf mois dont six par 0,5 point ou plus (Shakeel Mohamed, Tassarajen Pillay Chedumbrum, Vasant Bunwaree, Devanand Ritoo, Rashid Beebeejaun, Anil Bachoo).


 
a, d = amélioration ou détérioration de moins de 0,5
A, D = amélioration ou détérioration de plus de 0,5
O = pas de mouvement