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L’art de s’offrir en amour

31 octobre 2005, 00:00

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Un art plus réfléchi et des coups de pinceaux plus précis. L’imagination va très loin. Non, il n’est pas correct de pointer l’exposition “osée” de Kelly Wayne du doigt et de dire que ce n’est que de l’érotisme dur et cru. Cadeaux d’Amour, c’est de la sensualité avant tout. De l’art provocant, visible à la galerie Malcolm de Chazal du 5 au 15 novembre.

L’exposition se divise en quatre parties. Cadeaux d’Amour en est la principale. L’idée a surgit lors d’une rencontre l’année dernière. “J’avais rencontré Lina Joste qui m’a proposé de poser pour moi. Mais entre-temps, j’ai aussi croisé le chemin de sa mère Annie. Son histoire de cadeau d’anniversaire à son époux m’a émue… ”, raconte Kelly Wayne, artiste-peintre.

Humaine qui ne cache pas son cœur de femme, Annie s’est offerte en cadeau, tout de ruban vêtue, corsets et bas résille, à l’homme de sa vie. Le récit ravive alors les couleurs de Kelly Wayne. Ces précédentes expositions délaissaient leurs charmes. Cette fois, Kelly accroche en tons et en réflexion. Séduisantes. Les thèmes défilent devant des yeux avertis et étonnés. Fille de Pub, Mythologie et Vertige. Des poses coquines, à travers lesquelles l’humain dévore des yeux ce modèle qui s’installe sur un lit, genoux repliés, bras ornés de rubans et yeux bandés.

Faire fi de la petitesse d’esprit de ceux qui ne comprendront pas cette démarche artistique. “Ce n’est plus aussi triste qu’avant, s’exalte Annie. On sent que Kelly se sent mieux.” Un an passé à épurer ce thème. Kelly en sort guérie de tous les maux de la société. “Je pourrais mentir à quelqu’un, mais jamais à ma peinture. Je veux qu’on entende ce que j’ai à dire, je ne veux plus être prisonnière au niveau du thème. Je suis enfin moi…”. Elle est enfin “elle”. L’exposition transcende les préjugés et tabous de l’art contemporain mauricien, opprimé par le conformisme. Enfin une évolution.

La pose se fait invitation pour un époux éperdument aimé par Annie. Elle relève les jambes. S’accroche volontairement à une chaise. Toute en dentelles, toute en rubans satin rouges et en bottes de cuir. Mais la tournure ne ressemble pas à du vulgarisme. Rien ne choque véritablement, l’œuvre suggère simplement une idée.

On a même l’impression de se retrouver face à une œuvre de Toulouse-Lautrec. Un coup de pinceau qui balaie des formes sur une page vierge. C’est l’imagination du regardeur qui se transforme en érotisme. “J’ai beaucoup réfléchi avant de me lancer dans cette exposition. J’ai visité les sites internet sur l’art érotique, mais je peux vous assurer d’une chose ; je suis très loin de là. Ce que je fais dans ces 70 tableaux, c’est de montrer la sensualité.”

La rondeur d’une fesse, la boursouflure d’un sein, le contour d’un cou élancé, féminisme explorée et exposée. Sans tenir compte du “qu’en dira-t-on”. Cadeaux d’Amour c’est aussi une remise en question. Où en est l’amour “contemporain” du couple ? Où en est la liberté dans l’intimité ? Pour Kelly Wayne, l’amour semble être cette pulsation qui fait palpiter, qui signifie encore et toujours :“Aime-moi comme le premier jour, sans jamais perdre haleine…”

On le ressentait bien sous ces peintures à l’huile. Une technique plus vivante aussi. Toujours en lignes, avec en filigrane, des suggestions discrètes de ce qui se trame véritablement. Des 70 tableaux exposés, Kelly y entrelace aussi des esquisses et de sublimes aquarelles.

De la lingerie savamment colorée. Portant haute sa créativité, l’artiste-peintre laisse ses doigts parler au nom de ses émotions. Ses œuvres et celles des autres artistes peuvent se voir sur son site internet : www. mauritiuspaintings.com. Cette exposition en vaut grandement le détour. Du 5 au 15 novembre à la galerie Malcolm de Chazal à Curepipe. Kelly Wayne expirant passion, pulsion et pétrissement d’amour.