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Budget: Duval optera-t-il pour des mesures populistes ou la rigueur économique?

8 novembre 2013, 16:35

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Budget: Duval optera-t-il pour des mesures populistes ou la rigueur économique?

Relancer l’économie avec des indicateurs économiques qui sont au rouge mais répondre en même temps aux attentes de baisse de prix de la population. C’est là tout le défi du ministre des Finances, Xavier-Luc Duval, qui présente son Budget ce vendredi 8 novembre.

 

Sa marge de manœuvre : jouer sur l’arme fiscale pour dynamiser la consommation et répondre ainsi aux attentes du peuple. Ou s’atteler à renverser la vapeur avec des indicateurs économiques qui sont au rouge. Le ministre Duval, qui présente son troisième budget ce vendredi 8 novembre, s’est dit, du reste, lui-même conscient que la croissance de 3, 2 % est difficilement soutenable dans le temps si le pays veut passer à un autre palier de son développement économique. Pour le ministre, la prudence doit ainsi être de mise. Reste les attentes du peuple. Nous saurons aujourd’hui quel camp aura choisi Xavier-Luc Duval : répondre d’abord aux impératifs économiques ou aura-t-il cédé aux sirènes électoralistes ?

 

Pour l’année 2013, le ministre Duval avait annoncé que le déficit budgétaire tournerait autour des 2,6 % du PIB. Or, s’il dépasse les 3 %, le pays court le risque d’être dégradé par l’agence de notation internationale Moody’s. Avec des mesures populistes, qui vont généralement de pair avec les années préélectorales, ce scénario pourrait donc bien se produire. Alors qu’au début de l’année, Moody’s a rehaussé le rating de Maurice par rapport à la gestion de sa dette.

 

Autre préoccupation : la croissance. Le ministre Duval pourrait viser une réduction des impôts afin de booster la croissance. «Maisil y a une limite que le ministre des Finances ne peut pas franchir, même s’il souhaite détaxer certains articles dits populaires uniquement pour booster la  consommation», explique l’économiste Eric Ng. Cela, en raison du fait que le ministre a l’obligation de trouver quelque Rs 75 milliards sous forme de revenus fiscaux pour financer les dépenses de l’État, qui totalisent en 2014 plus de Rs 91,8 milliards.

 

Certes, le gouvernement peut aussi intervenir directement dans l’économie en injectant de l’argent dans les travaux publics. Ces dernières années, les grands chantiers des travaux publics, notamment la construction de l’aéroport et le développement du réseau routier, ont largement soutenu la croissance. Sauf que plusieurs de ces gros projets arrivent à terme et leur impact sur l’activité économique et sur l’emploi diminue considérablement, provoquant même un ralentissement dans le secteur de la construction.

 

Mais là encore, la capacité d’investir et de dépenser de l’État dépend de la situation budgétaire, c’est-à-dire de sa capacité à générer des recettes – fiscales et autres – et à maîtriser ses dépenses. Et c’est là où le bât blesse : le déficit budgétaire, soit la différence entre les rentrées dans les caisses de l’État et les dépenses publiques, est estimé à 3,5 % contre des prévisions de 2 % au départ. Une contraction notable des revenus de l’État dans le sillage du ralentissement économique ne permettra pas d’atteindre les estimations initiales.

 

Les décaissements exceptionnels suivant les inondations meurtrières et dévastatrices durant le mois de mars et l’application des recommandations salariales Errors, Omissions and Anomalies Committee Report du Pay Research Bureau ont contribué à cette contre-performance. Du coup, un déficit accentué met de la pression sur la dette publique car l’État doit emprunter pour honorer ses engagements. Une fois de plus, il y a comme une épée de Damoclès sur le rehaussement de la notation du government bond par Moody’s. D’ailleurs, dans la dernière édition de MCB Focus, la MCB dit craindre les dangers d’un changement de trajectoire de la dette sur les finances en termes d’espace fiscal qui puisse soutenir la croissance et en termes d’accès aux marchés financiers internationaux.

 

Ainsi, les ressources extensives ne sont pas disponibles pour le compte des projets de développement public. L’État a ses contraintes fiscales qui le poussent à davantage de retenue dans les dépenses, fussent-elles très vitales pour le pays. Et l’investissement privé est en baisse en raison, entre autres, d’un manque de visibilité sur les perspectives de croissance. Voilà toute la difficulté à laquelle se trouve confronté le Grand argentier.