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Projet de Padgreen, filiale de PADCo: pourquoi l’enquête sur Plaine-Sophie traîne-t-elle toujours...

2 juillet 2020, 20:00

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Projet de Padgreen, filiale de PADCo: pourquoi l’enquête sur Plaine-Sophie traîne-t-elle toujours...
Fac-similé de la lettre, signée du surintendant de police Rugbur, envoyée au directeur du CEB, en décembre 2018.

Les langues commencent à se délier au Central Electricity Board (CEB) quant aux contrats obtenus par la firme PADCo, notamment à travers sa filiale Padgreen, ou avec le groupe indien Suzlon. «Il est clair que PADCo a su établir des liens avec certains cadres du CEB pour cacher au public et aux autorités les malversations autour du projet du parc éolien de Plaine-Sophie. Sinon comment expliquer que la police n’arrive pas à boucler l’enquête sur les garanties bancaires qui ont été rejetées, car elles comporteraient des signatures faussées à la base», avance une source au sein du CEB.

Selon elle, le fait que la police n’obtient pas un soutien du management du corps parapublic illustre les rapports entre ceux qui tirent les ficelles au CEB et le promoteur-contracteur PADCo, qui se retrouve aujourd’hui au coeur du Saint-Louis Gate.

En décembre 2018, le sunrintendant de police V. Rugbur, du CCID, écrit au General Manager du CEB pour demander des documents (voir fac-similé). «Following a complaint made at the CCID on the 30th November 2018 regarding an alleged case of forgery in a bank writing caused to the prejudice of your institution, an investigation is ongoing (...) A humble request is made for your kind co-operation so as to provide to the police any CCTV footage and any records duly certified in relation to the matter (...). An early response would be much appreciated, please.»

Selon nos recoupements d’informations, le CCID est restée sur sa faim et la collaboration du CEB n’a pas été obtenue. Les enquêteurs aux Casernes centrales sont catégoriques : «Il y a clairement un cover-up de l’intérieur. Il est clair que certains au CEB ne veulent pas que PADCo tombe, car cela aura des répercussions sur leurs rôles dans cette troublante affaire.»

Chantier fantôme à Plaine-Sophie, hier. Un gardien sur place a refusé de faire de commentaires.

 

Au Parlement, le 16 avril 2019, répondant à une interpellation d’Osman Mahomed sur les documents bancaires falsifiés, dont une lettre de la Standard Bank qui a été «tabled», l’ex-ministre de l’Énergie, Ivan Collendavelloo, avait répondu : «I am aware of this letter. The letter has been referred to the Police for enquiry. CEB has adopted the attitude that it has, because it wants to take the maximum precautions. Its other parties are one Indian firm and a Mauritian firm (NdlR: Suzlon and Padgreen/ PADCo) forming a consortium. Let us trust the collective wisdom of the Board on this matter.»

Au CEB, l’on se demande pourquoi les directeurs n’ont pas été arrêtés jusqu’ici pour cette affaire qualifiée de «très grave». En se focalisant sur les ramifications de cette affaire, l’on aura pas mal de pistes sur le Saint-Louis Gate, puisque les protagonistes sont pratiquement les mêmes, faiton ressortir dans les milieux du CEB.

Alain Hao Thyn Voon est l'un des directeurs de PadCo.

 

Ferme éolienne: que du vent !

<p>Sur le papier, un beau projet du consortium <em>Suzlon-Padgreen Co Ltd</em>, initié en 2012. Un parc éolien pourvu de 14 turbines éoliennes, d&rsquo;une capacité de 2,1 MW, chacune placée sur une surface de 1 400 m&sup2;, à Plaine-Sophie. Elles devaient produire 29,4 MW d&rsquo;énergie, soit 50 GWh d&rsquo;électricité par an (2 % de la production totale d&rsquo;électricité). Les estimations de coût pour ce projet avoisinent les Rs 2,8 milliards.&nbsp;</p>

<p>L&rsquo;électricité allait être vendue au <em>Central Electricity Board</em> (CEB), qui a signé un contrat, dès l&rsquo;été 2015 (pendant une période de 20 ans). Il était question que les travaux débutent en 2014. Six ans plus tard, toujours pas de ferme éolienne. En septembre 2019, les travaux ont progressé : construction de routes d&rsquo;accès menant vers le site et excavation de la base de la turbine notamment. Les éoliennes, qui devaient être importées par la firme indienne Suzlon au tout dernier moment, étaient attendues fin décembre &ndash; mi-janvier 2020.&nbsp;</p>

<p>Mais arbres déracinés, conteneurs de chantier jaunes arborant le logo de <em>PAD Co</em>, c&rsquo;est le triste spectacle qu&rsquo;offre le site, à hier. D&rsquo;éoliennes, point. Des polémiques, un tas. À commencer par des critiques au niveau écologique. Dès 2013, un groupe d&rsquo;hommes d&rsquo;affaires et d&rsquo;écologistes, dans un document soumis au ministère de l&rsquo;Environnement, remettait en question le rapport <em>Environment Impact Assessment </em>(EIA) du projet. Le parc éolien pourrait être une menace. La nature n&rsquo;ayant pas eu le dernier mot, l&rsquo;argent a eu droit au chapitre. Car sont venus ensuite les retards. Énormes. Au total, à septembre dernier, le promoteur avait payé des pénalités (incluant les intérêts) de Rs 8,3 millions au CEB. En avril 2019, Ivan Collendavelloo, avait déclaré au Parlement que Padgreen aurait falsifié deux documents de garantie de la <em>Barclays Bank </em>et de la <em>Standard Bank</em> et qu&rsquo;une enquête avait été ouverte (voir texte principal). Le temps a tourné mais pas les pales des éoliennes.</p>

 

 

 

Dates clés

<p><strong>6 April 2009 &ndash; </strong>The then Ministry of Renewable Energy and Public Utilities (MREPU) appointed CRISIL Risk &amp; Infrastructure Solutions Ltd (CRISIL) as Transaction Advisor for the setting-up of a wind farm at Curepipe.</p>

<p><strong>3 June 2011 &ndash;</strong> The Bid Evaluation Committee submitted the Evaluation Report to the Chairman Tender Committee. Consortium Suzlon Valum/Padgreen (CSP) was identified as the Preferred bidder.</p>

<p><strong>9 November 2018 &ndash;</strong> CEB issued a Letter of Demand to Barclays Bank for the appropriation of Rs 1,425 million of delay damages for the month of October 2018 from part of the Development Security of USD 2.22 million.</p>

<p><strong>16 November 2018 &ndash;</strong> Representatives of CEB and Barclays Bank meet to inspect the original guarantee USD 2.22 million and latest Amendment No 9 thereof. The representatives of Barclays Bank informed CEB that the original Amendment No 9 has not been issued by the bank and request to inspect the remaining Amendments issued. The Acting General Manager informed of the outcome of the meeting. CSP is requested to extend the expiring security of Barclays Bank by week 20 November 2018.</p>

<p><strong>23 November 2018 &ndash; </strong>CEB seeks confirmation of the fresh security of USD 2.22 million from the Standard Bank. A scanned copy of the security is submitted to the bank. Standard Bank submits a scanned official letter stating that the fresh security has not been issued by the bank and the signatures of the Bank&rsquo;s authorised signatories have been forged.</p>

<p><strong>30 November 2018 &ndash;</strong> CEB made a complaint at the CCID in respect of an alleged case of forgery. Enquiry is in progress.</p>