Publicité

Résidence Argy : de la drogue vendue à Rs 100 sous des tentes

8 octobre 2016, 19:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Résidence Argy : de la drogue vendue à Rs 100 sous des tentes

En quelques années, résidence Argy se serait transformée en quartier malfamé. En témoignent les clôtures entourant les cours, ce qui était rare il y a à peine trois ans. En cause: la prolifération de la drogue dans les rues de cette paisible localité de Flacq. Ce qui a poussé ses habitants à se caserner chez eux. Reportage.

«Ou oblizé met sa, sinon problem», nous lance un habitant, en parlant de sa clôture. En effet, certaines familles ont aménagé des murs en vieille tôle ou autres matériaux pour éviter de voir ce qui se passe sur la rue. Notre interlocuteur est visiblement effrayé. «Si dimounn trouv mwa koz ar ou la, mo kapav gagn mové problem. Mo lakaz kapav krazé tanto mem.»

Mais que se passe-t-il à résidence Argy? En face de la rivière, on remarque les allées et venues de plusieurs voitures autour de deux petites tentes pliables installées en bordure de route. Des jeunes de la localité y vendent de la drogue, au vu et au su de tous.

L’un est âgé d’une vingtaine d’années. Il tient une liasse de billets. C’est lui qui semble contrôler l’argent. À ses côtés, un autre utilise un objet pour coller du papier à rouler, dans lequel il dispose une certaine quantité de drogue. Plusieurs personnes dans la même tranche d’âge les accompagnent. Et ils semblent tous plongés dans un état second.

«Qui sont ces personnes? Que cherchent-elles?»

Un homme arpente la rue. La sacoche qu'il porte contient de la drogue en poudre et apparemment synthétique. Et sa marchandise s’écoule comme des petits pains… Nous voyons des billets de Rs 100 qui changent de main. Le dealer empoche directement l’argent remis par les clients.

Sous l’autre chapiteau, on retrouve d’autres «marchands» mais ils sont plus âgés. Des voitures s’arrêtent à leur hauteur et les passagers achètent leurs «commissions» à visage découvert.

Nous déambulons dans les rues sous prétexte de chercher quelqu’un. On entend alors un enfant, qui joue dans la rue, interpeller un marchand. «Qui sont ces personnes? Que cherchent-elles?» Cela suffit à attirer l’attention des dealers sur nous. Nous prenons nos distances, tout en notant à ce moment-là que des «gardiens» surveillent les alentours.

Comment ces personnes peuvent-elles vendre de la drogue aussi facilement? À une habitante de répondre que ces jeunes opèrent pour de «gros bonnets», car des gens viennent récupérer de l’argent auprès d’eux. Après avoir reçu leurs doses, les jeunes dealers rentrent chez eux, dit-elle.

L’habitante de résidence Argy poursuit son récit. «Isi pa zis sa ki vandé, zot vann tifi osi. Mé nou pa kapav dir nannié akoz nou per nou lavi. Dimounn inn mor brit isi», nous dit-elle, avant de rentrer chez elle.