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nTan: un constat préliminaire accablant pour la galaxie BAI
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nTan: un constat préliminaire accablant pour la galaxie BAI

«Les findings de nTan vont mettre à nu une vaste escroquerie financière», souhaite-t-on du côté de l’hôtel du gouvernement. Déjà, les conclusions préliminaires de nTan Corporate Advisory Pte Ltd ont commencé à s’ébruiter. Et elles tendent à confirmer l’existence d’un Ponzi Scheme opéré par le groupe BAI, ayant pour Chairman Dawood Rawat. Prudente, la Banque centrale, qui a commandé ce rapport de la firme singapourienne, en avril 2015, estime qu’il faut attendre le rapport final avant de se prononcer.
«On a eu, jusqu’ici, des échanges sur plusieurs transactions au sein du groupe BAI, mais ces informations doivent être contre-vérifiées avant d’être couchées dans le rapport final. On n’a pas droit à l’erreur puisqu’il y a de lourdes implications juridiques», expliquent des sources proches de la Banque de Maurice.
Selon nos informations, un membre du gouvernement aurait obtenu des extraits de ces Preliminary Findings des Forensic Auditors afin de préparer la défense du gouvernement contre la réclamation de Rs 35 milliards de la part de Dawood Rawat. Un litige qui doit être débattu par une instance arbitrale en France.
«Tous les détails doivent être vérifiés et contre-vérifiés»
«À ce stade, ce serait imprudent d’utiliser ces PreliminaryFindings car tous les détails doivent être vérifiés et contre-vérifiés», insistent nos sources. Ainsi, des officiers de la Banque centrale apportent leur concours aux experts étrangers afin de finaliser le document qui devrait faire la lumière sur une grande partie des mécanismes mis en place au sein du groupe pour opérer ce qui semble être le plus vaste Ponzi Scheme de l’histoire financière de Maurice.
Nos sources indiquent, qu’entre 2009 et 2013, le groupe BAI comptait déjà des pertes de plus de Rs 14 milliards. Celles-ci se détaillent comme suit : des pertes de Rs 3,3 milliards en 2010, Rs 4,6 milliards en 2011, Rs 3,7 milliards en 2012 et Rs 3,1 milliards en 2013.
Il est estimé qu’un stratagème avait alors été mis en place, avec la complicité de certains auditeurs, pour faire du «window dressing» et ainsi boucher ces trous. Et les autorités régulatrices, comme la Banque centrale et la FSC, «n’y auraient vu que du feu ou alors elles fermaient les yeux. Dans les deux cas, elles ont fait preuve de négligence».
Changements à prévoir dans la façon d’opérer des firmes d’audit
Par ailleurs, la différence notée entre le trou de quelque Rs 10 milliards (selon l’audit de KPMG de 2010) et le montant des passifs, affichés par la suite à plus de Rs 30 milliards, incluait les liabilities des divers dépôts, single premium et life policies. De ce trou, la majeure partie aurait été détournée vers les comptes personnels de Dawood Rawat et de ses proches.
Outre le clan Rawat, il semblerait que deux cabinets d’audit seront épinglés par les Singapouriens. Car ils n’auraient pas su alerter les autorités sur les malversations en cours depuis plusieurs années au sein du groupe de Dawood Rawat.
Dans le sillage des conclusions du rapport nTan, des changements, à la fois structurels et stratégiques, sont à prévoir dans la façon d’opérer des firmes d’audit. La firme KPMG, qui avait croisé le fer avec le ministre des Services financiers, pourrait en subir les premiers contrecoups dès ce début janvier, avec une importante décision prise par KPMG de l’Afrique du Sud qui supervise la branche mauricienne. BDO, l’actuel administrateur de l’affaire BAI, serait aussi à blâmer pour son rôle comme ancien auditeur de l’une des multiples filiales du groupe BAI. Cependant, la firme d’audit affirme ne pas être au courant de ces derniers dévelopements. Selon ses informations, le rapport n’est pas encore prêt.
Qui est Nicky Tan Ng Kuang ?
C’est en avril 2015 que la Banque centrale avait requis les services de Nicky Tan Ng Kuang de nTan Corporate Advisory Pte Ltd de Singapour afin de mieux cerner les transactions financières complexes menées par le groupe BAI, ses filiales, actionnaires et directeurs au sein de la Bramer Banking Corporation et ses autres institutions financières. Dans un communiqué émis alors, la Banque de Maurice avait expliqué que depuis que la licence de la Bramer Banking Corporation Limited avait été révoquée, elle a mené des enquêtes en vue d’identifier des lacunes au niveau de la réglementation. Mais, étant donné la nature complexe de cette investigation, elle avait alors sollicité l’expertise d' une firme comptable indépendante. C’est Nicky Tan Ng Kuang qui avait mené l’enquête dans le sillage de l’effondrement de Barings Bank en 1995. La Banque centrale avait également eu recours à ses services en 2003 dans l’affaire MCB-NPF.
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