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Retour de la diaspora : l’appel de Lutchmeenaraidoo sera-t-il entendu ?

25 mars 2015, 21:04

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Retour de la diaspora : l’appel de Lutchmeenaraidoo sera-t-il entendu ?

«Le pays a besoin de vous.» L’appel est clair. Vishnu Lutchmeenaraidoo a parié sur le retour des cerveaux expatriés durant son discours budgétaire, promettant, entre autres, 10 ans d’exemption fiscale et des facilités douanières.

 

La raison évoquée est que de trop nombreux jeunes Mauriciens choisissent de ne pas rentrer au pays après avoir terminé leurs études à l’étranger, ce qui représente «une fuite de cerveaux et une perte pour leur pays et pour leur famille».

 

Le ministre des Finances parviendra-t-il à convaincre ces jeunes professionnels de rentrer au pays ? La chose paraît difficile, au vu de nombreuses réactions de jeunes expatriés mauriciens sur les réseaux sociaux suite à l'appel lancé lors de la présentation budgétaire.

 

Les fils prodigues

 

Une minorité d’expatriés, cependant, paraît tenté par l’offre du grand argentier. L’un d’entre eux annonce d’ores et déjà qu’il compte revenir «bientôt». Kevin affirme, de son côté, que «ce serait bien de retourner dans mon pays, et de ne pas avoir à bosser dur afin de toucher un salaire décent à Dubaï.»

 

Autre jeune professionnel expatrié, Sachin est prêt à revenir par patriotisme : «le ministre des Finances souhaite qu’on vienne investir à Maurice afin de créer plus d’opportunités. C’est l’un de mes rêves et je vais le réaliser dans quelques années. Que Dieu bénisse notre mère patrie !»

 

«Retourner pour faire quoi ?»

 

Toutefois, ils sont très peu à montrer autant d’enthousiasme face à la proposition de Vishnu Lutchmeenaraidoo. Si certains répondent plutôt diplomatiquement à cet appel, d’autres se montrent rudes, voire sarcastiques. Pour Reena, Joe, et Dany, «Maurice, c’est bon juste pour les vacances.» D’après Angel, «il y a trop de corruption. Vous pouvez être très qualifié mais vous avez tout le temps besoin d’un backing. C’est ridicule.»

 

Tahina est beaucoup plus vindicative : «Très drôle. On a quitté notre pays, notre famille pour partir si loin, demandez-nous plutôt pourquoi est-ce qu’on est parti !» D’après la jeune femme, le gouvernement devrait plutôt s’atteler à améliorer la vie des Mauriciens qui sont restés. «Rendez-leur la vie meilleure afin que d’autres ne partent pas», lance-t-elle.

 

Chômage, corruption et salaires insuffisants

 

Pour nombre de ces expatriés qui ne comptent pas rentrer à Maurice, les salaires insuffisants, le chômage, la corruption et le petit copinage sont les principales raisons qui les poussent à continuer à chercher ailleurs l’herbe plus verte. «Rentrer pour gagner un quart de ce qu’on gagne à l’étranger ? Pour ne jamais avoir de promotion ? Ou pour rester au chômage ?», s’interroge ainsi Nehemie.

 

Taz est tout autant indigné : «Quoi, retourner à Maurice où il y a la corruption et la justice à deux vitesses ? Là où les policiers tuent les citoyens innocents ?» Si les initiatives du ministre des Finances pour attirer de nouveau ces cerveaux exilés à la maison sont effectivement encourageants, cela ne leur garantit pas un travail et un salaire équivalant à ce qu’ils touchent à l’étranger.

 

«La roupie mauricienne n’a pas de valeur»

 

Beaucoup affirment d’ailleurs qu’ils sont prêts à rentrer sur le champ s’ils sont certains de gagner autant à Maurice. «Commencez par nous donner un salaire convenable. Avec le salaire qu’on perçoit à l’étranger, c’est mieux d’être payé en dollars, euros, entre autres. La roupie mauricienne n’a pas de valeur. Faute d’être bien payé, nu bisin vire», lance par exemple Karen.

 


D’autres fils du sol sont plutôt intrigués par ce désir de les ramener au bercail. Ils soutiennent que c’est plutôt vers les étudiants restés à Maurice que le gouvernement devrait se tourner, estimant qu’il faut prendre «en considération ces Mauriciens qui sont au pays et qui n’obtiennent aucun avancement. Montrez-nous que vous êtes en mesure d’améliorer leur situation, ensuite on reviendra», avance par exemple Nish.

 

Kristopher partage aussi cet avis : «Qu’advient-il de ceux qui ont effectué des études à Maurice ? Ce sont eux l’avenir du pays !»