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Rodrigues à visages découverts

6 octobre 2014, 14:15

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Rodrigues à visages découverts

 

Ce beau livre qui, plus qu’un album de Rodrigues, est surtout le récit d’un «projet sociétal». Rodrigues Intime, écrit par Anne Debever et Jacques Chatelain vient de paraître chez Rive neuve Éditions. L’ouvrage qui fait découvrir l’île Rodrigues dans toute sa simplicité a été lancé la semaine dernière à l’Artelier.

 

Qu’est-ce qu’une Française qui a de l’humour – elle parle de son «âge canonique» - est venue chercher à Rodrigues ? Il faut croire que cela se nomme authenticité. Mue par une «pulsion profonde». Un besoin criant d’ailleurs. Un baume dans une vie frappée par une «déstructuration familiale».

 

C’est au bout de plus de dix ans de séjours réguliers, pour ne pas dire d’immersion, que fleurit Rodrigues intime. Un projet qui est de «dévoiler le vrai visage de l’île Rodrigues (...). La facilité tendait à plaquer sur cette société rodriguaise l’image d’une île figée à jamais dans ses traditions, ce qui est bien loin (...) de sa réalité aux confins de la mondialisation».

 

Dix ans, un temps qui, à l’échelle de l’existence humaine, fait partie des longues durées. Cela, pour Anne Debever s’appelleaussi fidélité. Rodrigues, elle le raconte, n’est pas juste un lieu de villégiature, une respiration. «Avant notre départ pour la France, en soutien au projet, s’était créée une petite association culturelle franco-rodriguaise, au sein de laquelle je cooptais de jeunes volontaires.»

 

En montrant le vannier, le chauffeur de bus, le facteur, l’institutrice, en tout 16 portraits, quel est le propos d’Anne Debever et du photographe Jacques Chatelain ? «Avec le recul, si on me demande de préciser quelle méthode j’ai utilisée, je dirai de ma démarche qu’elle semble avoir été plutôt (...) basée à la fois sur mon intuition et sur mon goût nature lpour l’écoute. Nous n’avons rien emprunté aux Rodriguais à part une certaine forme de sagesse

 

Au point où dès le premier coup d’oeil à cette galerie de portraits, on est immédiatement projeté dans un quotidien à la fois reconnaissable et si typiquement rodriguais. Exemple simple : la photo du receveur dans le bus. Les visages des passagers racontent leur île sans avoir besoin de paroles. Juste par leur attitude.

 

Une photo qui parle au vécu de ceux qui ont déjà pris un bus à Rodrigues. Les trajets à heure fixe. Les haltes sans qu’on ne voie un panneau indiquant l’arrêt d’autobus. Les chemins aux tournants vertigineux. Et les trajets faits sans la moindre plainte de la part des passagers. Car d’épis de maïs en séga tambour, de slam en petits pots de piment, c’est aussi une identité spécifique qui marque les photos et le propos du duo d’auteurs, de ses empreintes.