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Gilbert Rousset : Assainir les courses hippiques à Maurice

3 juillet 2014, 10:35

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Gilbert Rousset : Assainir les courses hippiques à Maurice

En maintenant leur décision de ne pas faire courir leurs chevaux lors de la 18e journée de courses, les propriétaires de l’écurie Rousset, avec l’approbation de Gilbert Rousset, veulent envoyer un signal fort au monde hippique. Il se résume à la nécessité d’assainir les courses.

 

«C’est la première fois que l’on voit de telles sanctions être appliquées après une monte aussi scandaleuse. Cela donne de l’espoir pour le futur.»Gilbert Rousset se dit satisfait quele jockey brésilien Fausto Durso ait écopé de cinq mois de suspension et d’une amende de Rs 100 000. Cinq mois de suspension pour un jockey,c’est beaucoup. Quid de l’entraîneur Bud Gujadhur qui a été pénalisé par une suspension similaire et  une amende de Rs 200 000 ? Il a d’ailleurs fait appel de cette décision. Là-dessus, Gilbert Rousset ne se prononce pas.

 

Ce qui est sûr, toutefois, c’est que même si des têtes sont tombées sous forme de suspensions et de paiement d’amendes, il est hors de question pour lui de changer d’avis. «Nous voulons montrer l’esprit de l’écurie Rousset. Il faut assainir le turf à Maurice.» Samedi donc, il s’accordera un petit week-end de repos, assis devant son poste à regarder les courses.

 

Si ce n’est pas la première fois que des jockeys sont suspendus pour monte irrégulière, explique Gilbert Rousset,et pour lui ce qui s’est produit samedi dernier «était vraiment inadmissible». Et de marteler que «tout le monde a été choqué. Durso n’a donné aucune chance. Il a monté son cheval pour tuer un autre et favoriser son compagnon d’écurie. D’où la décision unanime de tous les propriétaires de l’écurie Rousset de ne pas aligner leurs chevaux samedi [NdlR : aujourd’hui]. C’est symbolique mais nous devions montrer notre ras-le-bol. Peu importent les conséquences, il fallait que le club bouge».

 

Pour susciter une réaction de ras-le-bol, il faut qu’il y ait effectivement eu de sérieux précédents. Le MauritiusTurf Club (MTC) ne joue-t-il pas son rôle comme il le faut ? «Le MTC fait son job comme il faut mais il devrait sévir plus régulièrement», estime-t-il.

 

Cette non-participation de l’écurie Rousset à la 18e journée de courses hippiques ne lui fera-t elle pas perdre ses chances de décrocher à nouveau le titre de l’écurie championne ? D’autant plus qu’elle avait bien démarré la saison hippique 2014 puisque, avant la 17e journée, la semaine dernière, elle menait le bal en termes de prix valant plus de Rs 5 millions. La «monte scandaleuse» de Durso sur Gemmayze Street, qui a permis au cheval Captain Firth de l’écurie Paul Foo Kune de l’emporter, a valu à l’écurie Rousset de perdre sa place de leader.

 

Mais, fait valoir Gilbert Rousset, «il reste 24 journées, soit tout à aller. À ce stade de la compétition, le principal objectif  est qu’on remporte les courses et que la machine roule. Il faut que nous gagnions des prix pour payer les comptes à la fin du mois. À ce jour, nous sommes dans notre budget et il faut que cela continue. C’est à partir d’octobre que l’on pourra dire comment nous finirons la saison.»

 

Par contre, ce qu’il refuse de dire – avec un grand sourire – c’est son âge. Il est clair lorsque l’on prend connaissance de son style de vie, que celle-ci tourne principalement autour de l’écurie Rousset et de ses chevaux. «Il ne leur manque que la parole», dit-il en concédant que pour lui, le meilleur ami de l’homme n’est pas le chien, mais le cheval.

 

Ce n’est guère étonnant car depuis qu’il a cinq ans, ses parents qui vivent sur la sucrerie de Constance du fait que son père y est employé, l’emmènent au Champ -de- Mars où Philippe Rousset, leur proche parent, a son écurie. C’est non sans fierté que Gilbert Rousset précise qu’après l’écurie Gujadhur, la seconde plus ancienne écurie à Maurice est celle des Rousset. «Ce qui explique que tous les Rousset soient amoureux de chevaux.»

 

Passionné de mécanique, à la fin de ses études secondaires au collège St Joseph, à Curepipe, il suit un cours intensif d’un an en soudures spécialisées au Collège technique de Beau-Bassin. C’est José Poncini, qui dirige à l’époque le département de soudures à la Manufacturing Distributing Station (MDS), qui l’embauche comme technicien salesman. Le principal client de MDS est l’industrie sucrière.

 

Peu de temps après, il est envoyé en stage chez Castolin, en Suisse, qui est à l’époque une des plus grosses compagnies de soudure au monde. Il se perfectionne dans sa spécialité et à son retour au pays, reprend son poste qui comprend aussi la formation des soudeurs. Un emploi pas du tout routinier. «Je déteste être assis derrière un bureau une journée.» Et chaque week-end durant la saison hippique, il est bien évidemment aux premières loges au Champ -de- Mars.

 

Deux facteurs contribuent à lui faire prendre une retraite prématurée après 32 ans de service à MDS. Il y a d’abord un violent cyclone qui déplace une grue et la projette sur le toit de l’entreprise qui l’emploie. Ensuite, le décès de son beau-frère, qui était également le manager de la boîte, Robert de Fondaumière, emporté par une longue maladie. «Cela a causé tout un chamboulement. Et lorsque MDS a fusionné avec Robert Le Maire Ltd, il n’y avait plus la même ambiance et j’ai préféré voler de mes propres ailes.»

 

Il rejoint alors l’écurie Rousset à plein-temps et gère l’établissement, ayant fait son apprentissage comme assistant entraîneur pendant six ans. «J’y venais pour le sport et comme le comité de direction comprenait quelques copains, on s’entendait bien. Je suis quelqu’un de très social.»

 

Depuis six-sept ans, l’écurie s’est renforcée avec «une bonne bande de copains et d’investisseurs». Ce qui lui permet de se rendre annuellement en Afrique du Sud pour sélectionner et acheter deux à trois chevaux de la division A ou B, soit parmi les meilleurs chevaux de course. Il suit de près leur préparation et les entraînements. «Il faut suivre leur évolution semaine après semaine jusqu’à ce qu’ils soient aptes à courir.»

 

Des investissements qui se sont avérés payants puisque l’écurie Rousset a remporté, à quatre reprises, le Maiden, qui est la course la plus cotée de toute la saison hippique. Et qu’elle a aussi été l’écurie championne de la saison à quatre reprises, dont trois consécutivement. «C’est beaucoup de travail, du sérieux, toute une organisation pour des incitations intéressantes sous forme de stakes money qui en une dizaine d’années sont passées de Rs 5 millions à Rs 13 millions remportées en une saison.»

 

Gilbert Rousset n’a pas d’enfant, ni de neveu qui veuille reprendre l’écurie car les jeunes, dit-il, «ça bosse et ça ne rentre pas à la maison avant 18 h 30, 19 heures. Tout a évolué. Si ça arrivait, j’aurais été bien content, mais ce n’est pas le cas». Du coup, il a su s’entourer. Il a un bras droit qui est aussi assistant entraîneur à l’officiel mais entraîneur dans la pratique, à savoir Sudesh Seesurrun. «Il a débuté avec moi et nous avons obtenu 647 victoires ensemble. Sudesh est comme un membre de la famille.»

 

Son souhait le plus cher après «le profond dégoût» éprouvé samedi dernier est que «tout reparte du bon pied. Si l’écurie Rousset arrivait à fermer ses portes un jour, la majorité de ses membres suivraient. J’espère ne jamais en arriver là…»