Publicité

Manière de voir

Xavier-Luc Duval : un leader de l’opposition très percutant avec ses 135 PNQ

16 avril 2024, 16:34

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Xavier-Luc Duval : un leader de l’opposition très percutant avec ses 135 PNQ

De 2017 jusqu’à tout récemment, Xavier-Luc Duval a été percutant comme leader de l’opposition à la façon dont il a adressé ses Private Notice Questions (PNQs) au Premier ministre, de même qu’aux autres membres du gouvernement. Ce qui a été particulièrement remarquable avec la performance de Xavier-Luc Duval, c’est qu’il a fait preuve d’une grande dextérité tant psychologique que verbale en évitant les manoeuvres de déstabilisation d’un speaker qui agit comme le bouncer verbal du gouvernement et qui cherche systématiquement à fermer la bouche aux opposants, si ce n’est à les expulser. Xavier-Luc Duval a su garder son calme, autant que possible, alors que les interventions du speaker auraient fait, plus d’une fois, «sauter le fusible» de quelqu’un gagné par la nervosité.

Il est vrai que dans le contexte actuel, on est loin des temps où une PNQ faisait trembler un gouvernement. Mais avant l’avènement même du phénomène Sooroojdev Phokeer, les moeurs parlementaires avaient changé. Ainsi, on a connu un leader de l’opposition de la trempe de Nando Bodha dont l’absence de pugnacité réconfortait le Premier ministre d’alors.

La nomination de Phokeer relève d’une stratégie d’efficacité politique et institutionnelle, qui démarque le MSM des autres partis politiques. Pravind Jugnauth avait eu l’occasion, depuis 2014, de voir comment les travaux parlementaires se déroulaient sous la présidence de Maya Hanoomanjee. Si le MSM avait innové avec la nomination d’une femme à des fonctions aussi élevées que celles de speaker, c’était sans compter la culture macho profondément enracinée dans la société mauricienne. Ne sait-on pas que l’une des insultes les plus outrageantes que l’on pourrait faire à un Mauricien, c’est de le traiter de «nwar fam» ? On ajoute ainsi un élément de subjectivité raciste à l’invective sexiste.

La nomination de Phokeer visait à installer un zom solide et sans complexe pour inhiber tout débordement. Il se comporte d’ailleurs comme quelqu’un qui pourrait bien enlever sa veste pour donner une bonne correction à un élément insolent. Ils ont été rares les parlementaires de l’opposition à pouvoir échapper aux sanctions distribuées comme des gâteaux-piment dans l’Hémicycle.

On se demande ce qui se serait passé si dans les secondes suivant l’énoncé de son interpellation, Xavier-Luc Duval se faisait expulser. Ce n’est pas que la volonté de le mettre K.-O. n’existait pas. Le speaker n’a pas manqué de lui mettre autant de bâtons dans les roues lors du déroulement de la PNQ et il a toujours défendu, autant que possible, le ministre acculé. Étrangement, le speaker n’a pas volé au secours du ministre Anwar Husnoo, assommé par une PNQ de Xavier-Luc Duval. On comprenait par-là que le ministre-météorologue était un write-off du MSM.

Xavier-Luc Duval a été leader de l’opposition de 2017 à 2019, puis de 2021 à hier, le lundi 15 avril 2024. Il compte 135 PNQs à son actif. Les sujets soulevés vont du tramway sous Nando Bodha à la gestion des inondations à Port-Louis, en passant par divers scandales liés à l’octroi des contrats sous le Covid-19 et le procès Betamax. Depuis 2017, le Premier ministre puis ministre-mentor Anerood Jugnauth, Alain Wong, Prem Koonjoo et d’autres ministres des gouvernements, dont le Premier ministre actuel, ont été mis sur la sellette par Xavier-Luc Duval.

Force est de reconnaître que de par son calme, son tact et sa maîtrise du sujet évoqué, il a maintenu en vie ce mécanisme incontournable de nos traditions parlementaires britanniques. Ce n’est pas les velléités de passer notre héritage démocratique au hachoir de la République bananière, qui ont manqué toutefois. On ne sait pas encore combien de sessions parlementaires sont programmées pour 2024 ou si des élections générales anticipées seront tenues, mais le prochain leader de l’opposition aura fort à faire en veillant au bon état de son «fusible».