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Digitalisation

Un défi pour personnes analphabètes et illettrées

14 juin 2025, 22:00

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Un défi pour personnes analphabètes et illettrées

■ La digitalisation est un des défis majeurs auxquels sont confrontées les personnes analphabètes ou illettrées… et il y en a encore à Maurice.

L’analphabétisme désigne la situation d’une personne qui ne sait ni lire ni écrire ni compter car n’ayant jamais été scolarisée alors que l’illettrisme s’applique à la personne qui a des difficultés à lire, écrire, compter et comprendre, bien qu’elle ait été scolarisée. À ces deux états est venu s’ajouter l’illectronisme, soit l’illettrisme numérique, problème auquel font face de plus en plus de personnes alors que les sociétés évoluent vers la digitalisation.

La digitalisation est un défi majeur pour les personnes analphabètes et illettrées, qui doivent intégrer la société numérique et maîtriser des outils tels que les ordinateurs, smartphones, voire l’internet, et ce, dans un contexte où il est indispensable de le faire pour accéder aux services publics ou effectuer des démarches administratives, par exemple.

Pour mieux situer le problème et le comprendre, nous nous sommes tournés vers des personnes, qui ne savent pas lire et celles qui n’arrivent pas, malgré leurs efforts, à maitriser l’internet et d’autres applications en ligne, de même que vers des personnes qui refusent tout simplement de se fier à des «machines» ou à faire d’internet le centre de leur vie. «Sa internet-la ou krwar… non les li».

Pour *Martine, 39 ans, dont la mère n’a pas eu la chance de se rendre à l’école en raison des croyances patriarcales mais qui ne jure désormais que par internet pour faire presque tout et payer sans se déplacer, il faudrait laisser un «comptoir» ouvert pour ceux qui ne souhaitent pas changer leurs habitudes car il y va du respect de la vie d’autrui et de leur choix. «Même si elle ne sait pas lire, ma mère est une femme accomplie et qui sait se faire entendre. Elle sait très bien s’arranger pour ses transactions en ligne et se rend dans les succursales pour faire ellemême les démarches avec l’aide des employés. Toutefois, elle doit déléguer quand il faut finaliser des paiements, par exemple, ou remplir des formulaires. Et c’est souvent sur les enfants que des parents, qui sont dans un tel cas, peuvent compter.»

Swastee*, 59 ans, est catégorique. Qu’importe de savoir lire ou pas, les smartphones, dit-elle, restent son cauchemar, tout comme les guichets automatiques bancaires, entre autres «tou sa bann zistwar la». Pas question non plus de régler ses factures via internet. «Mo prefer al met lake.» Pourquoi ? «Ayo tro konplike tousala.» A-t-elle jamais essayé de le faire ? «Wi fatige seye me pa konpran e pa anvi konpran», lâche-t-elle sur un ton à la fois sarcastique et amusant.

Il faut savoir qu’à Maurice, cela fait des années que plusieurs associations telles que Caritas et la National Empowerment Foundation (NEF), en collaboration avec les autorités, ont mis en place des programmes d’alphabétisation fonctionnelle pour adultes car il s’agit d’un enjeu important dans le pays. À présent, avec l’avènement de la technologie, on se demande si des programmes pour combattre l’illettrisme numérique des adultes seront aussi bientôt inclus car si ces derniers ne se font pas aider, au fil des années, ils risquent de se retrouver exclus et d’avoir du mal à accéder à des informations et des services essentiels qui sont de plus en plus accessibles uniquement en ligne et de ne plus pouvoir réaliser des tâches simples de la vie quotidienne.

Entre l’exclusion sociale, l’accès aux droits ou le handicap professionnel, il est crucial de prendre en compte les enjeux que représentent l’illettrisme et la digitalisation, et de mettre en place des politiques publiques pour permettre aux personnes concernées de prendre part à la société numérique.

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