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Yves-Armand Mbahia

«Tous les Ivoiriens croient maintenant à la victoire finale»

2 février 2024, 09:37

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«Tous les Ivoiriens croient maintenant à la victoire finale»

Yves-Armand Mbahia, directeur général du stade Félix-Houphouët-Boigny à Abidjan.

Si la CAN nous réserve de belles surprises, comment se déroule l’évènement sur le plan organisationnel en Côte d’Ivoire ? Dans le cadre de la CAN-2024, un comité d’organisation a été mis sur pied appelé le COCAN, épaulé par un comité spécial de la Confédération Africaine de Football (CAF). Yves-Armand Mbahia, nommé directeur général du stade Félix-Houphouët-Boigny à Abidjan pendant la CAN, nous explique les rouages de l’évènement et donne ses impressions sur cette CAN de toutes les surprises…

Yves-Armand, on vous a vu récemment sur le plateau de Canal + Afrique avant le début de la CAN, en quoi consiste votre travail au sein du comité d’organisation ?

Je suis l’un des directeurs généraux de stade de la CAN-2024. J’ai la responsabilité du stade Félix-Houphouët-Boigny à Abidjan, qui est le deuxième grand stade de la ville, pouvant accueillir 30 000 personnes. Mon travail va bien au-delà de la gestion du stade dans cette CAN, puisqu’il faut gérer l’aéroport avec les équipes qui arrivent et repartent, ainsi que les terrains d’entraînement, car il faut savoir que pour la première fois dans cette CAN chaque équipe a son propre terrain à elle. On doit aussi gérer les hôpitaux et les cliniques en cas de blessure des joueurs. Enfin, il y a la gestion du stade lui-même.

On devine que ça implique une lourde responsabilité. Est-ce une première pour vous ?

À ce niveau de responsabilité oui. J’ai organisé plusieurs tournois de jeunes, notamment un tournoi annuel U18 ou on a notamment fait venir le FC Barcelone, mais c’est ma première CAN. Ça implique une grosse logistique, mais nous sommes très satisfaits du travail accompli jusqu’ici. On a eu 8 matchs à Félix-Houphouët-Boigny, il nous reste à accueillir un 8e de finale et le match pour la 3e place. On a vu de très bons jeunes joueurs dans ce tournoi, comme des joueurs du Mali ou du Burkina, qui avaient déjà brillé dans les tournois U18 qu’on a organisés ici, c’est une preuve qu’un bon travail de formation se fait en Afrique. Au niveau de la sécurité, le bilan est très bon, la CAF nous a aussi félicités pour le bon travail. Les spectateurs qui sont venus aussi étaient très heureux de participer à cette grande fête du foot africain.

Malgré un plateau très relevé dans cette CAN à 24 équipes, on vient de voir les 5 plus gros favoris se faire sortir. Pourquoi selon vous ?

Il y a de très grosses surprises dans cette CAN. Beaucoup de grands se sont fait sortir au 1er tour et en 8e de finale. Cela prouve que le football africain a beaucoup progressé et que beaucoup de seconds couteaux font surface. C’est tout le bien qu’on pouvait espérer pour le continent. Il y a du suspense, des surprises, ça donne une grande compétition. Moi, je trouve que la formation permet un nivellement des valeurs. À notre manière, en organisant des tournois de jeunes, on a aussi participé à cela.

En quoi le football africain progresse selon vous ?

Le niveau technique et le jeu sont très satisfaisants. Mais les infrastructures sont d’une importance capitale pour la pratique du football. En Côte d’Ivoire, on a vu de très belles pelouses. C’est vrai que le gouvernement a fait de gros efforts et ça nous aide à nous rapprocher du très haut niveau. Dans cette CAN, quand on entre dans les stades, on voit qu’on n’a rien à envier à ceux de l’Occident. Ça a permis de donner un beau spectacle avec les joueurs et ça les aide aussi à se sentir en sécurité en évoluant sur des pelouses de qualité. Pari réussi pour la Côte d’Ivoire en termes d’organisation.

En ce qui concerne l’équipe nationale. Les Éléphants ont fait très peur à leur peuple en perdant leur dernier match du 1er tour 4-0. Comment l’avez-vous vécu ?

On étaient entrés en compétition avec beaucoup de confiance, on avait fait de bons matchs de préparation contre le Maroc et l’Afrique du Sud. Ça avait donné de l’espoir à tout un peuple. On avait vu de très bonnes choses, mais les deux défaites au 1er tour ont été ressenties ici comme un véritable deuil national. Le public s’est senti trahi par l’équipe. Mais la victoire du Maroc nous a permis de nous qualifier in-extremis. En 8e de finale, on a revu une équipe conquérante et sûre d’elle qui a sorti le Sénégal aux tirs au but. Désormais, on croit à la victoire finale. Tous les Ivoiriens croient que les Éléphants peuvent aller au bout.

Le sélectionneur Jean-Louis Gasset a été éjecté en cours de route. Un changement nécessaire ?

Oui, il fallait un électrochoc. Soit l’équipe réagissait et gagnait, soit elle continuait de couler et c’était la désaffection totale du public. L’attente du peuple ivoirien était trop forte pour ne pas tenter ce coup. Et ça a marché. Mais un entraîneur ne peut pas tout changer en deux ou trois jours, cette réussite, c’est le travail de Gasset aussi, ne l’oublions pas. On ne peut pas jeter l’enfant avec l’eau du bain, reconnaissons ce qu’il a fait de bien aussi…

Quel joueur vous a tapé dans l’œil dans cette CAN ?

Victor Osimhen. Il n’est pas Ballon d’or africain pour rien. On l’a vu deux fois ici au stade Félix-HouphouëtBoigny et il a été très bon. Il pousse son équipe et ses coéquipiers à suivre son élan. On a perdu contre le Nigeria au 1er tour, si on a un remake contre eux, ce serait l’occasion de laver l’affront…

Un message pour le public mauricien qui suit assidument cette CAN ?

Je salue mon ami Teddy et tous ceux qui sont là-bas ! Mes salutations chaleureuses à une île que j’aime vraiment beaucoup. Nous avons de vrais frères à Maurice ! J’y suis allé en 2019 dans le cadre du beach soccer avec la sélection ivoirienne. J’espère que Maurice accueillera un jour une CAN pour vivre le bonheur et la passion du foot africain comme nous en ce moment.

Article paru dans Lékip du 2 février 2024