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Louis Nelson Jaffar

Ti John tire sa révérence

10 février 2024, 18:00

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Ti John tire sa révérence

«Gran festin pé déroulé bor lamer, dimoune finn entouré, létour éne gran difé. Ler Ti John koumans bat so ravann, fer léker desiré, larm roulé dan lizié, ler mo tann oh lo la lé lo lo…» Ce refrain, vous l’avez sûrement fredonné à maintes reprises, sans peut-être savoir qui était véritablement ce Ti John dont parle Désiré François. En réalité, Ti John, de son vrai nom Louis Nelson Jaffar, un «zilwa», a tiré sa révérence lundi, après avoir lutté contre une longue maladie. Tandis que les mots résonnent dans l’air, évoquant un sentiment de nostalgie profonde, ceux qui ont été expulsés de leur île, comme Ti John, savent à quel point cette chanson parle de leurs maux.

Ti John, une figure bien connue dans les régions de Bain-des-Dames et de Cassis, était réputé pour être un talentueux joueur de ravanne. Originaire de l’île Salomon des Chagos, il a été expulsé de son île natale. Un proche de Ti John partage ses souvenirs : «On l’a mis sur un bateau pour l’envoyer à Maurice car son île était en train de fermer.» Vers la vingtaine, Ti John a dû faire face à de nombreuses difficultés pour s’intégrer à Maurice. Pour gagner sa vie, il a d’abord pêché, avant d’être embauché comme docker. Cependant, il n’a jamais manqué une occasion de se rendre sur la plage de Bain-des-Dames avec sa ravanne, exprimant ainsi sa tristesse d’être séparé de son île natale. C’est ainsi que Dominique Isidore l’a rencontré et a écrit les paroles de la chanson «Rev nou Ancetres» pour Cassiya.

«À chaque programme, il jouait de sa ravanne et chantait. Il était heureux. Après la pêche, il jouait la ravanne au bord de la mer. Tout le monde dans le quartier le connaissait», confie sa nièce, Marie Rela André. Ti John a également fait partie du groupe Tambour Chagos lors de sa formation. Sa nièce révèle que son oncle ne manquait jamais une occasion de raconter sa vie sur l’île Salomon. «Son plus grand souhait était de retourner sur sa terre natale. Il avait l’espoir de pouvoir y vivre paisiblement à la fin de sa vie. Mais malheureusement, ce désir ne s’est pas réalisé», explique-t-elle en pleurant.

Louis Nelson Jaffar était marié et père de huit enfants. Il a traversé le malheur de perdre deux de ses enfants, dont Willvinson, âgé de seulement six ans, en 2009, victime d’un accident tragique alors qu’il se rendait à l’école. Un autre de ses fils a pu émigrer en Angleterre après avoir obtenu sa citoyenneté. Les funérailles de Ti John ont eu lieu mardi à son domicile, rue Jean Baptiste Lamasse, à Cassis, dans une ambiance chargée d’émotions et de souvenirs.