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Sensibilisation au tri des déchets
Stéphanie Jacquin : «Investir dans les adultes de demain !»
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Sensibilisation au tri des déchets
Stéphanie Jacquin : «Investir dans les adultes de demain !»

■ Stéphanie Jacquin, manager de We-Recycle, reste optimiste malgré les difficultés liées à la levée de fonds.
En amont de la Journée mondiale de l’environnement, le 5 juin, Stéphanie Jacquin, manager de We-Recycle, fait le bilan des difficultés rencontrées par l’organisation non gouvernementale (ONG) et des lueurs d’espoir qu’elle entrevoit.
🟢 À ce jour, l’appel aux dons lancé par We-Recycle sur smallstepmatters. org pour financer la collecte des déchets recyclables n’a pas rencontré un grand engouement, les raisons selon vous de ce manque d’intérêt ?
Le public conçoit probablement que c’est la responsabilité de l’État de mettre en place les infrastructures nécessaires à la collecte des déchets recyclables et pas à la société civile d’assurer cette mission. Mais je suis convaincue que les citoyens sont conscients qu’il y a un problème concernant la gestion des déchets!
🟢 À travers le vote d’une loi, le précédent gouvernement s’était engagé à collecter les déchets recyclés pour chaque ménage alors que les entreprises devront elles aussi trier leurs déchets. Donc, la collecte sera-t-elle prochainement la responsabilité de l’État ?
Oui, initialement The Waste Management Resource and Recovery Act 2023 prévoit cela. L’implémentation était initialement prévue pour 2026. Il y a de forte chance que cela ne soit pas mis en place avant 2027.
🟢 Pour l’instant, We-Recycle collecte les déchets recyclables dans tout le district de Rivière-Noire malgré la précarité des entrées de fonds. Qu’avez-vous prévu pour 2026 ?
L’association We-Recycle mène une action à l’échelle des districts de Savanne et de Rivière-Noire pour limiter la quantité de déchets voués à l’enfouissement. Depuis 2018, notre activité de collecte a permis de collecter 145 000 kg de déchets recyclages (toutes matières confondues). Autant de plastiques et de cannettes de boissons qui ont trouvé une seconde vie, au lieu d’être mis au rebut à l’unique dépotoir national de Mare-Chicose. Pour que ce travail de fourmi se poursuive, nous avons besoin de l’appui des entreprises et des donateurs individuels. Pour opérer la collecte des déchets, We-Recycle doit ainsi couvrir ses frais, à savoir l’entretien des camions de collecte, le diesel ainsi que la rémunération du personnel (deux chauffeurs et deux helpers). Une équipe réduite qui mène un travail considérable sur une vaste zone géographique couvrant toutes les poubelles éparpillées à travers le district : de Richelieu au Morne en passant par Flic-en-Flac et Chamarel. Si les fonds se tarissent comme semble l’indiquer la tendance, nous n’aurons pas d’autre choix que celui d’arrêter cette collecte des déchets venant du grand public (dans des bennes de collecte), à notre grand désarroi !
■ Le 25 avril, Maurilait a inauguré la micro-usine pour le traitement des plastiques HDPE.
🟢 Vous avez d’autres pistes pour réorienter votre mission ?
Nous avons eu le feu vert du Distict Council de Rivière-Noire pour mener un projet pilote de trois à six mois afin de ramasser les déchets recyclables au porte-à-porte sur le village de Gros-Cailloux. Pour pouvoir passer de maison en maison, il faut déjà au préalable avoir bien sensibilisé la population à l’importance et aux bonnes pratiques inhérentes au tri des déchets. Nous avons confiance que nous avons l’expérience nécessaire pour nous positionner avec des résultats concluants sur l’awareness de la population.
🟢 Une expérience acquise notamment dans les écoles primaires ?
Oui, nos éco-éducateurs sont bien rodés. À la fin de ce mois, nous aurons sensibilisé près de 17 000 enfants dans les écoles publiques, soit presque le double d’élèves de l’année dernière ! Une partie de cette mission ayant été financée avec les fonds collectés à travers smallstepmatters.org. Merci au passage aux généreux donateurs ! Notre équipe a également développé une expérience terrain grâce au travail débuté à La Valette en partenariat avec l’ONG Quartier de lumière et les membres du Mouvement constructif La Valette pour accompagner les habitants dans l’adoption de bons gestes de tri.
🟢 Le projet dans les écoles a donc un bel avenir ?
Oui, l’idée, c’est de l’inscrire comme un programme pérenne. Et pour ce faire, la recherche de fonds est constante auprès du secteur privé notamment.
🟢 Quelle est la part du soutien de la National Social Inclusion Foundation (NSIF) dans votre mission ?
Ce soutien ne représente que 12 % de notre budget total, alors que nous effectuons un travail d’utilité publique. Nous ne sommes pas encore inclus dans le groupe des ONG dit «F1», qui reçoivent des aides régulières. Nous avons plusieurs fois tenté de connaître la procédure de transition pour le groupe F1 mais la NSIF reste totalement opaque à ce niveau. À ce jour, impossible pour nous de savoir ce que nous devons faire pour être admis dans ce groupe. La NSIF gagnerait à se montrer davantage transparente envers les ONG sur ses critères de validation. Cela nous libérerait d’un gros poids si une partie de nos salaires pouvait être soutenue par la NSIF, avec régularité et sur le long terme. Aujourd’hui, les incertitudes sur les entrées de fonds sont sources d’inquiétudes. Et devoir abandonner la collecte des déchets recyclables que nous menons depuis 2018 représente un déchirement.
🟢 En plus du projet pilote à Gros-Cailloux, We-Recycle reste à l’affût des opportunités pour se réinventer…
Tout à fait ! Le passage à Maurice de la mission Plastic Odyssey nous a montré qu’il est possible de broyer, laver et sécher le plastique de la catégorie HDPE (high-density polyethylene). Maurilait a investi du temps et des ressources pour développer une micro-usine qui sera ensuite opérée par We-Recycle. Nous saluons l’engagement de Maurilait et sommes ravis de pouvoir compter sur le soutien de cette entreprise pour nous accompagner dans nos objectifs de transition.
🟢 We-Recycle est donc en voie de devenir davantage «rentable», sur le modèle d’une entreprise sociale ?
Ce sera une entité à part. We-Recycle restera une ONG, notamment centrée sur la sensibilisation dans les écoles.
🟢 À deux jours de la Journée de l’environnement, comment envisagez-vous la situation plus globalement à Maurice ?
Je ne peux pas me prononcer pour l’état de la diversité ou le changement climatique, mais pour la lutte contre la pollution liée au plastique. Je m’accroche au côté positif. Une dynamique se met en place ; beaucoup d’acteurs s’engagent et s’impliquent concrètement comme Maurilait. C’est très encourageant ! Je préfère voir le verre à moitié plein. Bien sûr, concernant l’état des plages ou le dumping illégal, le travail de sensibilisation reste à faire, comme dans la plupart des pays. Et cette mission prendra 15 à 20 ans pour se matérialiser avec des résultats concrets. D’où l’intérêt d’investir sur les adultes de demain !
Pour contribuer pour We-Recycle : via Juice – Pay a Merchant – Small Step Matters – Reference de la donation We-Recycle. Ou MCB - Small Step Matters : 000444289887.
Contact pour les entreprises pour les contributions CSR : [email protected]
Signet solidaire
Une nouvelle fois, le talent des créatifs de l’agence Beyond Communications a été mis à profit gracieusement pour imaginer un marque-page, commercialisé en édition limitée. Avec un achat de Rs 200 par unité, le public et les entreprises sont invités à soutenir We-recycle. Un petit geste visant un grand impact en faveur d’une île plus durable ! Le nouveau marque-page Small Step Matters sera disponible à la librairie Le Trèfle de Curepipe et dans les trois pop-up stores de Bagatelle, Usine Nouvelle Floréal et Tamarin. Contact pour les commandes des entreprises : [email protected]
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