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Sport, jeunesse et fléaux de la société

4 avril 2025, 17:33

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«La pratique du sport aide les jeunes à se tenir éloignés du fléau de la drogue». Que de fois n’avons-nous pas entendu les entraîneurs et membres de fédérations ou d’institutions sportives prononcer cette phrase ? Cela dit, il ne peut y avoir de jeunes drogués sans qu’il y ait de dealers, souvent issus, eux aussi, de la jeunesse. Les activités sportives pourraient-elles dissuader les jeunes à vendre de la drogue ? La pratique sportive parviendraitelle aussi à prévenir les cas de bullying dans les établissements scolaires ? Enfin, faudrait-il davantage de sport pour mieux protéger les jeunes des fléaux de la société ? Ou autre chose …

Tout d’abord le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) a évidemment un rôle à jouer pour ce qui est de la transparence dans le sport. En d’autres termes, pour le MJS, il ne peut y avoir de malhonnêteté dans le sport ni toute autre forme d’abus. Dans un autre ordre d’idées, la société mauricienne en général et la jeunesse en particulier ne sauraient imaginer qu’un jour le membre d’une fédération sportive soit reconnu coupable de pédophilie ou d’agression sexuelle. Cela s’est passé dans le sport de haut niveau à l’étranger. Souhaitons que notre île en soit épargnée. Mais pour ce qui des fléaux menaçant la jeunesse, le MJS a aussi un combat à mener.

Cela dit, est-il bien armé pour lutter - à sa façon - contre le fléau de la drogue, qu’il s’agisse des jeunes qui en sont victimes que des dealers en herbe ? En faisant la promotion du sport, le MJS peut-il freiner la délinquance juvénile ? Certes, il peut y contribuer en donnant les moyens aux fédérations sportives d’avoir des encadreurs formés et compétents qui connaissent les jeunes et leur environnement. Mais il pourrait aussi collaborer, d’une part avec des institutions aptes à apporter leur soutien sur le plan économique et social aux enfants défavorisés ou en difficulté et, d’autre part, travailler avec le corps enseignant, les départements légaux ainsi que les familles. Ces dernières ont un rôle crucial à jouer, peut-être même plus important que le MJS. En effet, si les jeunes ne reçoivent pas l’éducation nécessaire de leurs parents pour les préparer à la Vie, les plus fragiles d’entre eux se laisseront davantage tentés par lesdits fléaux, plutôt que de s’en éloigner. Et ce, malgré la pratique sportive à l’école.

Et puisque nous parlons de la transparence et des valeurs du sport et dans le sport, n’oublions pas non plus le rôle que les athlètes de haut niveau ont à jouer auprès des jeunes. Leurs victoires et podiums font rêver les enfants. Mais si les médailles de ces athlètes sont obtenues par voie de tricherie (non-respect des règles, dopage, corruption), en quoi le sport aiderait-il la jeunesse à avoir espoir en une vie meilleure ? Finalement, une meilleure entente, dans le futur, entre le MJS et le Comité Olympique Mauricien ne serait-elle pas l’opportunité pour elles de mieux prévenir les fléaux qui portent atteinte à l’épanouissement des jeunes à Maurice ?

Pour ceux qui ne le savent pas, le Comité International Olympique (CIO) et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) ont lancé conjointement, en 2022, SCORE, un programme pour prévenir et combattre la violence et la criminalité (sources: site web du CIO et de l’ONUDC). Selon l’ONUDC, le sport oeuvre à la paix. Pouvoir améliorer les connaissances des conséquences du crime et de l’abus de substances et du développement de compétences de base influence, pour lui, positivement le comportement et l’attitude des jeunes faces aux risques et à prévenir les comportements antisociaux et dangereux. Toutefois, ce combat ne peut être mené par le CIO et l’ONUDC seuls. C’est pourquoi, le 22 mai 2023, à Vienne, à une assemblée plénière de la Commission on Crime Prevention and Criminal Justice des Nations Unies , Kirsty Coventry, alors simple membre du CIO (aujourd’ hui présidente élue) s’est adressée aux représentants des États membres des Nations Unies en ces termes: «Nous lançons un appel en faveur de partenariats intersectoriels rassemblant les autorités publiques, les organisations de la société civile oeuvrant dans le secteur de la justice pénale, les banques de développement, les entreprises, les instances sportives nationales et régionales, ainsi que les organisateurs de grands événements sportifs afin qu’ils investissent ensemble dans des initiatives et des politiques axées sur le sport, à même d’avoir un impact bien plus important sur les comportements criminels que la seule répression, et d’améliorer les résultats dans les domaines de la santé et de l’éducation, ainsi que sur le plan social». Tout est dit.