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Drogue

Shameem : «Moi, père d’un fils drogué…»

28 avril 2024, 20:00

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Shameem : «Moi, père d’un fils drogué…»

Son fils aîné est toxicomane... Et il a tout fait pour le sortir de cet enfer qu’est la drogue. Même après plusieurs menaces et problèmes, ce père de deux enfants ne baisse pas les bras. Il croit fermement qu’il pourra remettre son fils sur le droit chemin. Shameem Korimbocus, plus connu sous le nom de Shameem One and Only, en parle à cœur ouvert sur Facebook. Il a accepté de se confier à nous. Il y a quelques jours, après un énième coup bas de son fils, Shameem a décidé de s’exprimer, y compris sur les réseaux sociaux ; histoire de montrer que ce fléau peut toucher n’importe qui, qu’importe sa classe sociale ou sa religion. Le jeune homme de 31 ans, S., est arrivé dans le snack de son père et a endommagé une bonne partie de ses équipements sous le coup d’une colère aveugle. Il était en manque : de drogue, d’argent…

C’est d’ailleurs ce qu’il réclamait à son père. Et Shameem a refusé de lui en donner ; le papa a fait une vidéo qu’il a postée sur sa page Facebook, démontrant la violence de son fils. Il a aussi lancé un appel afin que ses amis internautes retrouvent S. Fatigué et à bout, il affirme quand même qu’il ne baissera pas les bras. Il a pu retrouver le jeune homme et l’a fait placer dans un centre de désintoxication, dont il ne sortira que quand il sera totalement remis, assure-t-il.

Dans cette société où le fléau de la drogue détruit de nombreuses familles, l’histoire de Shameem et de son fils S. est un rappel poignant des ravages que peut causer cette addiction dévastatrice. Ce père aimant et dévoué, se bat depuis treize ans pour sortir son fils de cette addiction. Il explique qu’il a cru pendant longtemps en la volonté du jeune homme.«Il avait tout pour être heureux. Il avait un bon travail, une épouse qui avait aussi un bon travail et ils ont une fille, qui a aujourd’hui 11 ans. Mais le couple a sombré dans la drogue et ensemble ils ont tout perdu. Ils ont même vendu un appartement que je leur avais légué et dépensé l’argent pour se droguer. Ils ont dormi à la belle étoile. J’ai fait tout mon possible pour qu’ils se remettent sur pied et qu’ils commencent quelque chose d’eux-mêmes. J’y ai cru à plusieurs reprises», confie Shameem, abattu, mais pas résigné.

S. est pris au piège d’une dépendance qui a commencé à l’adolescence. Pour Shameem, chaque jour est une lutte pour sauver son fils des ravages de la toxicomanie. Pendant plus d’une décennie, il a tout essayé. Mais malgré tous ses efforts, la dépendance de S. persiste, comme ce poids insoutenable sur le cœur de Shameem. «À chaque fois, il sort des excuses bidon. Il met ça sur le dos de quelqu’un d’autre. Tou pa bon, zis li ki bon», explique ce dernier. Pour Shameem, voir son fils sombrer dans l’obscurité de la drogue est une douleur indescriptible.

Chaque rechute est un coup dur, mais il refuse d’abandonner. Il continue de tendre la main à son fils, même lorsque celui-ci semble être au plus bas. Pour lui, chaque petit progrès est une victoire, même s’il sait que le chemin vers la guérison sera long et difficile. Il relate que ce dernier avait été arrêté par la police et avait été placé en détention. «Le jour de son arrestation, j’étais parti le voir en cellule et je lui ai dit ; al pass to vakans, to pey konsékans pou seki tonn fer.»

Shameem explique que s’il a décidé d’en parler ouvertement aujourd’hui, c’est afin d’aider les nombreuses familles qui se trouvent dans la même situation que lui. «Beaucoup de Mauriciens sont dans le même cas que moi ; qui ont un enfant drogué. Avant, il fallait aller dans un endroit spécifique pour avoir sa dose, aujourd’hui, la drogue est partout. Je veux dire aux parents de ne pas avoir honte de cet enfant, il faut l’aider, le dénoncer si besoin est. Si ou pa kapav dibout pou elevé ou zanfan, démin ou pou met lamé lor latet. Monn pran enn ross monn met lor mo léker… Mé monn fer séki bizin…»

Après son séjour en prison, Shameem avait repris S. sous son aile, pendant que l’épouse de ce dernier se trouvait elle en centre de désintoxication. «Linn sorti, monn fer li res kot mwa, monn donn li manzé-bwar monn met li lor enn bon simé pandan enn mwa. Monn fer li gayn enn travay, monn répran li, monn dir li dévan mo lizié, li ti sanzé», raconte-t-il. Shameem décide de lui trouver une maison en lui faisant promettre d’oublier définitivement la drogue. «Monn fer mo garson gayn enn travay, linn travay enn mwa, li dwa patron enn mwa lavans. Ils abusent de la bonté des gens, ils retombent dans leurs travers.»

Malgré les nombreux obstacles auxquels il est confronté, Shameem reste résolu à aider son fils à se relever. Il sait que la route vers la guérison est semée d’embûches, mais il refuse de baisser les bras. Pour lui, l’amour inconditionnel qu’il a pour son fils est une force motrice qui le pousse à continuer à se battre, jour après jour. «Je préfère agir maintenant, je ne veux pas entendre dire demain que mon fils a commis un crime. Souvent, on entend dire que les drogués tuent pour de l’argent…»

Shameem espère que son histoire servira de déclic, d’exemple, pour d’autres familles confrontées à la même épreuve. Il veut leur montrer qu’ils ne sont pas seuls dans leur lutte et qu’il est possible de surmonter l’addiction avec persévérance, soutien et un amour inconditionnel.