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Servis piblik pou lepep: Ti-dimounn oblize atann so tour à la… à la queue leu leu

27 juin 2025, 15:06

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Servis piblik pou lepep: Ti-dimounn oblize atann so tour à la… à la queue leu leu

Grâce à l’État-providence, Lepep a droit à un réseau de services publics où l’obligation est de faire… la queue. Même les médias minimisent ce fléau quotidien. Délai obligatoire d’attente pou ti dimounn lors de ses inévitables démarches. Surtout les plus de 50 ans. Allons sur le terrain.

🔵 La poste de Pointe-aux-Sables

Situé à environ 5 km au sud de Port-Louis, Pointe-aux-Sables n’est plus ce petit village de pêcheurs où l’on pouvait vivre en toute tranquillité. Sa proximité avec la capitale a attiré de nouvelles générations. Il abrite maintenant 10 000 habitants, souvent dans des cités. De nouvelles constructions individuelles à son extrémité poussent comme des champignons. Un prétendu petit centre commercial presque délabré enlaidit le lieu. Un manque chronique d’activités perdure. De nombreuses usines y sont installées. Un manque regrettable d’aménagement du territoire.

Notre des…tination est le bureau de poste ou plutôt le cagibi/placard qui dessert cette ville. Le petit rectangle en béton croule sous des dossiers présents et pressants. Ils encadrent le local exigu barricadant tout l’espace. Au beau milieu, de vieilles armoires en aluminium regorgent de colis et grosses enveloppes. Devant elle, deux employées sont presque en cage grillagée pour servir une population vieillissante. Ces deux femmes ont du mérite à effectuer autant de tâches dans ce cache-poussière.

Elles peuvent à peine circuler et ne disposent pas d’une place décente pour déjeuner. À la fin du mois, les queues s’allongent jusqu’à déborder dans l’enceinte de la petite cour remplie. De temps à autre, les facteurs à bicyclette viennent s’approvisionner en lettres et colis. On ne compte plus les heures d’attente, certains jours. Cela dure depuis des années. Nous sommes surpris par ces habitants dociles. On peut déceler la présence de ceux qui tirent le diable par la… queue.

🔵 Lunch-time

Ils attendent mais, comme partout ailleurs dans les services publics, arrive l’heure du déjeuner entre midi et 13 heures. Et là, les guichets ferment. D’une demi-queue on passe à un piano à queue. Pas question d’abolir ce «lunch time» mais il semble que personne n’ait songé à instaurer un système de rotation qui permettrait au personnel de continuer à œuvrer. Non, closed ! Il en va de même dans d’autres locaux de service public. À cela il faut ajouter un mystère. On compte six ou sept guichets dans certains centres, mais il y a toujours deux ou trois qui restent inoccupés. Alors, Lepep se rabat là où il y a un fonctionnaire qui s’active.

Autre lieu de service public. Le local affecté au National Pensions Fund à Quatre-Bornes situé immédiatement au fond du marché. Au fait, un vrai marché digne de son nom, c’est pour quand? Une vingtaine de chaises dans la salle d’attente. C’est insuffisant ; alors même les personnes les plus âgées restent debout, comme figés, le regard résigné. La seule fonctionnaire dans cette salle est au four et au moulin. Avec zèle, elle dirige Lepep dans la deuxième moitié du local où deux ou trois autres s’activent avec la paperasse. Et dire que selon une nouvelle instruction, les citoyens pourront gagner du temps en entrant en contact online. A-t-on réfléchi à ce qu’il adviendra à ceux qui, à leur âge, n’ont jamais tapé sur un clavier d’ordinateur ? Quelques-uns, le regard fixe sur le plancher, n’en peuvent plus et se résignent à partir pour tenter leur chance le lendemain.

Répétons-le. Ces personnes sont dociles, ne protestent pas et prennent leur mal en patience. Il en est ainsi dans d’autres villes et villages. Mais dans certains lieux, on a installé des chaises ou des bancs. Le management de ces locaux se mord parfois la… queue parce qu’il ne trouve pas de solution. Le vieillissement de ces ti-dimounn aggrave cette situation d’attente. Leur recommander de faire des démarches online révèle de l’absurde.

Pourvu qu’on ne les mette pas devant un robot mû par l’intelligence artificielle. Dans ces queues, on trouve Lepep, qui ne lit pas un journal, ne s’informe pas, ne peut pas toujours se faire aider. Résignés, ils savent que tout retard pour régler une facture est automatiquement sanctionné par une amende. N’oublions jamais que dans leurs rangs se trouvent quelques… gueux.

🔵 Flexi-time

Le phénomène de faire la queue (pas la gueule) est ainsi très répandu. Nous pourrions citer certains hôpitaux bien que dans ce cas précis, des mesures ont été prises. Nous n’évoquons ici que le secteur public. Nous n’allons pas revenir sur les queues interminables à certains arrêts d’autobus ou l’absence d’abribus, qu’il pleuve ou pas. Quelques citoyens ont pris le taureau par les cornes en construisant eux-mêmes des abribus de fortune. De belles cartes postales en perspective. Hormis certains fouter dezord, Lepep là aussi reste docile.

On recommande d’emprunter le transport public au détriment de la voiture. Essayons même avec un second-hand car. Hélas, pas d’échappatoire. Certains chauffards confondent voiture et Formule 1. On trouve cette fois des… queues de poisson. Pena sape. Contrairement au petit peuple patient, certains automobilistes n’affichent pas de docilité. Prise de bec et vocabulaire injurieux sont parfois au programme. Le perdant préférera partir la... queue basse entre les jambes. Les conductrices disposent d’un atout irrésistible, la… queue-de-cheval.

Pourquoi ne pas remettre alors sur le tapis le projet moribond de flexi time. Partir plus tôt pour rentrer plus tôt. Partir plus tard pour rentrer plus tard. Les queues n’attendent pas même à 18 heures au rond-point de Phoenix et ailleurs. Ce décalage a été rejeté parce qu’il ne correspond pas à nos habitudes et modes de vie. Ces arguments ne tiennent plus la route parce que les horaires quotidiens ont changé. En attendant, Ti-dimounn pou touzour bouz fix. Pou touzour dosil?

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La com, ça existe

Le GM n’a pas l’intention de battre en… retraite sur la pension à 65 ans. Vu les différents points de vue, ça semble inéluctable sur le fond mais le timing de l’annonce donne à réfléchir. Le PM en avait discuté au conseil des ministres. Ses experts et autres conseillers étaient sûrement au courant. Et on arrive à une conclusion des plus logiques : personne donc ne se serait opposé à ce projet qui s’en prend à un des piliers de l’État-providence. A-t-on cru que seule la surprise allait faire passer la pilule amère mais inévitable ?

Au niveau de la communication malgré le bien-fondé de la mesure, le GM s’est tiré une grosse cartouche dans le pied et ne s’en remettra pas de sitôt. Que faisait l’armada de ministres, de multiples conseillers avertis… ou de l’ombre ? À tout le moins, on aurait pu et dû noter qu’au niveau de la com, c’était une bévue. Il aurait fallu auparavant préparer le terrain, faire une campagne nationale d’explications, publier les chiffres. Personne parmi tout ce beau monde n’y a pensé avant de… panser ?

Le GM aurait même pu élaborer une contrepartie pour rééquilibrer. C’était une belle occasion pour décider de faire des coupures dans le train de vie de l’État. Diminution des salaires des ministres, du nombre de conseillers, des salaires d’anciens ministres, réviser les per diem de ministre en mission à l’étranger, revoir la question des voitures duty-free à tout venant, d’avoir en… somme le courage de montrer que le GM participe aussi aux sacrifices. Non, on lâche une bombe en ignorant les retombées qui prendraient des allures de boomerang. On ne sème pas sans biner la terre. Aster kol fit? Lalang pena lezo… sterite.

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