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PTr-MMM-PMSD : tendance suicidaire ou volonté de prendre le pouvoir ?

30 mars 2024, 09:06

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Les récents signes d’agacement démontrés au Mouvement militant mauricien (MMM) et au Parti mauricien social-démocrate (PMSD) relativement à la répartition des investitures dans cette alliance ont donné de l’espoir aux stratèges du Mouvement socialiste militant (MSM), tout en causant un certain désarroi chez ceux qui souhaitent un changement de gouvernement. Au départ même, si le principe d’un Primeministership sans partage et d’une majorité de candidats aux prochaines élections n’est pas acquis à l’avantage de Navin Ramgoolam et du Parti travailliste, le MSM prendrait une sérieuse option pour conquérir un nouveau mandat, une fois le Parlement dissous.

À ce stade, il semblerait peu probable que Navin Ramgoolam accepterait de conduire une alliance de trois partis avec sa propre formation, étant minoritaire au départ même en termes d’investitures. Le MSM se contenterait alors de focaliser son offensive sur cette vulnérabilité personnelle du leader travailliste en cas de victoire de l’alliance de l’opposition. C’est un scénario que craindraient même les partisans les plus farouches du Labour. De ce fait, le MSM adresserait un message net et clair dans la «belt» concernée englobant les circonscriptions n°ˢ4 à 15, tout en causant des dégâts aussi aux n°ˢ16, 17 et 18, et espérant y enlever des sièges sur la base des divisions dans l’opposition.

À moins d’été guidés par une tendance suicidaire, les dirigeants de l’alliance PTr-MMM-PMSD devraient mettre toutes les chances de leur côté et maximiser la synergie dégagée par la mobilisation de leurs trois électorats. Ainsi, le report des voix du MMM dans les circonscriptions rurales assurerait l’élection des candidats de l’alliance de l’opposition. Les additions de votes – sur le papier – posent certainement problème. Remember l’épisode 40 % + 40 % en 2014. Mais puisque des centaines de vote seulement ont assuré la victoire du MSM dans différentes circonscriptions aux dernières élections et si les partisans faisaient preuve de discipline et de solidarité dans les centres de vote, le MSM risquerait fort de perdre massivement dans les régions rurales.

Quant au jeu de regroupement des votes de l’opposition en régions urbaines, l’alliance Labour-MMM-PMSD réunirait définitivement de meilleures chances que le MSM. On voit difficilement le no1 du MSM dans la région de Port-Louis, c’est-à-dire le ministre-météorologue Anwar Husnoo, aider son parti à enlever des sièges. Il fut lui-même nettement battu en 2019. L’opposition ferait table rase à Port-Louis. Sur le papier toujours, ce serait toujours une clean sweep dans les six circonscriptions des Plaines-Wilhems.

Ce scénario de balié karo dans le pays expliquerait-il la démarche des trois alliés à tirer chacun le drap de son côté et réunir chacun autant d’atouts que possible dans un futur gouvernement ? Il s’agit là d’un jeu dangereux qui pourrait nuire de façon irrémédiable à leurs propres intérêts. Le MSM qui investit gros dans différents segments de la population pour s’échapper du cloisonnement ethnique dans lequel on l’emprisonne, profiterait de la dispersion des votes de l’opposition. Ayant amplement prouvé en 2019 qu’il dispose d’une machine de guerre nettement plus efficace que celle de ses adversaires, le MSM ne se ferait pas prier pour l’emporter en 2024, tout en prenant une sérieuse option aussi pour 2029 et 2034.