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«Chagos deal»
Pressions américano-britanniques, résistance mauricienne
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«Chagos deal»
Pressions américano-britanniques, résistance mauricienne

L’administration Biden veut finaliser certains dossiers clés avant la transition avec l’équipe de Trump. Ainsi, dans le cadre de l’intensification de l’aide sécuritaire annoncée par le président Biden le 26 septembre, les États-Unis vont fournir de nouvelles cargaisons d’armes et d’équipements urgemment nécessaires aux Ukrainiens alors qu’ils se défendent contre la guerre d’agression menée par la Russie, fait ressortir un document en date du 30 décembre 2024, émanant du bureau d’Antony Blinken.
Cette assistance supplémentaire, fournie dans le cadre de prélèvements précédents sur les stocks du Département de la défense, est estimée à 1,25 milliard de dollars. Elle comprend : des munitions pour les systèmes de lutte contre les drones ; des munitions de défense aérienne ; des munitions pour les systèmes d’artillerie à haute mobilité (HIMARS) ; des munitions d’artillerie de 155 mm et 105 mm ; des munitions air-sol ; des systèmes antichars Javelin et AT-4 ; des missiles guidés par tube, optiquement dirigés et filoguidés (TOW) ; des munitions pour armes collectives et des grenades à fragmentation ; des équipements de démolition et des explosifs ; des équipements de communication, de formation, des logiciels, des vêtements et des équipements individuels, ainsi que des pièces détachées, des équipements auxiliaires, des services, des formations et des moyens de transport.
Sur leur liste de priorités, Chagos n’est pas en reste. Pour rappel, à la veille de Noël, Antony Blinken (qui est en train de finaliser un maximum de dossiers en suspens avant de passer la main à l’Administration Trump, le 20 janvier), avait appelé le Premier ministre mauricien.
«Secretary of State Antony J. Blinken spoke with Mauritian Prime Minister Dr. Navinchandra Ramgoolam today to offer congratulations on his recent election victory. Secretary Blinken and Prime Minister Ramgoolam emphasized the importance of expanding U.S.-Mauritius security cooperation in the Indian Ocean region and strengthening economic ties. The Secretary underscored that the United States looks forward to a strong partnership with the new Government of Mauritius», fait ressortir un communiqué du Département d’État mauricien.
Selon nos sources, les discussions ont tourné autour des conditions attachées dans l’accord entre la Grande-Bretagne et Maurice sur les Chagos, mais plus précisément sur Diego Garcia. Ramgoolam a expliqué à Blinken pourquoi il fallait revoir certaines conditions de l’accord entériné par le précédent gouvernement Jugnauth. Blinken a été très réceptif et a plaidé pour une concrétisation rapide de l’accord. Dans le camp de Maurice, l’on fait ressortir que la balle est désormais entre les mains des Britanniques et de leur allié américain qui occupe la base militaire. «On sent que les Américains veulent finaliser l’accord avant le changement de régime entre Biden et Trump», avance une source proche du dossier Chagos.
Interrogé par l’express sur l’issue des négociations et sur comment Maurice pourrait arracher un meilleur deal, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a déclaré : «Je ne dirais pas que c’est Maurice qui doit sortir gagnant mais plutôt ce que j’ai dit au Parlement, c’est-à-dire que the draft agreement which PJ negotiated is one which in our view would not produce the benefits that the Nation could expect.» Selon lui, il est faux de dire que c’est uniquement une question d’argent. «Il s’agit aussi de souveraineté et de la durée du bail. Il ne faut pas que le locataire devienne propriétaire de Diego Garcia non plus.»
Par ailleurs, nous apprenons que «le bail que l’ancien Premier ministre, Pravind Jugnauth, avait accepté était de 99 ans et que les Britanniques pouvaient décider de renouveler». Le Bureau du Premier ministre mauricien, Navin Ramgoolam, a fermement démenti les chiffres relayés par la presse britannique concernant les négociations sur l’archipel des Chagos. Un responsable proche du dossier au bâtiment du Trésor a rejeté en bloc les affirmations attribuées à des politiciens britanniques, soulignant que «ce n’est pas juste une question d’argent mais de souveraineté». La revendication mauricienne repose sur trois critères principaux, a-t-il précisé.
Souveraineté et durée du bail en question
En premier lieu, Maurice revendique «la souveraineté sur l’ensemble de l’archipel des Chagos, y compris Diego Garcia», a-t-il déclaré. Deuxièmement, les discussions portent sur la durée du bail de Diego Garcia. Selon l’accord Jugnauth-Starmer, le Royaume-Uni conserverait un bail de 99 ans sur cette île stratégique, qui abrite une base militaire cruciale pour les États-Unis. Le troisième point concerne les finances. Le responsable a rappelé que «l’archipel a été illégalement démembré en 1965» et a insisté sur la nécessité de prendre en compte l’inflation, un facteur qui, selon lui, avait été négligé dans les accords précédents.
Il a également pointé du doigt des «visions à court terme» de gouvernements antérieurs, qui auraient mal informé leurs interlocuteurs, y compris les Américains, sur les perspectives électorales à Maurice.
À l’Hôtel du gouvernement, des sources évoquent une certaine incertitude liée à l’élection de Donald Trump aux États-Unis. Le futur président, qui doit prendre ses fonctions le 20 janvier, aurait récemment formulé des vœux de Noël qualifiés de «très spéciaux» au Panama. Dans un message qui a fait réagir, il aurait menacé de reprendre le contrôle du Canal de Panama si les péages pour les navires américains n’étaient pas réduits. «Joyeux Noël à tous, y compris aux merveilleux soldats chinois qui exploitent avec amour, mais illégalement, le Canal de Panama», a-t-il déclaré.
Un accord dans l’intérêt de Maurice
En dépit de ces incertitudes, Maurice maintient sa position. La revendication sur la souveraineté des Chagos, selon le gouvernement Ramgoolam, est présentée comme «un engagement à long terme dans l’intérêt du pays».
«L’accord devra être solidement négocié sur la base de la souveraineté, de la durée du bail et aussi des finances», a précisé un porte-parole du gouvernement.
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