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Enquête judiciaire

Patients dialysés morts en 2021 : Révélations encore attendues en cour

6 juillet 2025, 15:06

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Patients dialysés morts en 2021 : Révélations encore attendues en cour

C’est Me Jean-Michel Ah Sen, représentant du bureau du DPP, qui interroge les proches des patients décédés pour retracer les derniers moments qu’ils ont vécus en 2021

Après deux semaines de pause, l’enquête judiciaire sur les circonstances dramatiques entourant les décès de plusieurs patients dialysés à l’hôpital de Souillac en 2021 reprend. Dès la semaine prochaine, les proches des victimes, encore meurtris, seront de nouveau appelés à déposer devant la cour de Curepipe, sous la présidence de la magistrate Shavina Jugnauth.

C’est Me Jean-Michel Ah Sen, représentant du bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP), qui a la lourde responsabilité d’exposer les faits ayant conduit à cette tragédie sanitaire, survenue entre le 26 mars 2021 et les semaines qui ont suivi, dans le contexte particulier de la gestion de la pandémie de Covid-19. L’hôtel Tamassa, transformé en centre de quarantaine, ainsi que l’hôpital de Souillac, sont au cœur de cette affaire qui suscite encore l’indignation.

Une grande partie des familles ont déjà témoigné. Pour Bose Soonarane, secrétaire de la Renal Disease Patients’ Association, cette enquête judiciaire marque un tournant : «On commence à comprendre ce qui s’est réellement passé en 2021. Et l’on comprend mieux pourquoi le ministère de la Santé et le gouvernement d’alors n’ont jamais voulu rendre publics le rapport du Fact Finding Committee et celui du Medical Negligence Standing Committee. Ce qu’ils contiennent est très compromettant.»

Selon lui, les auditions permettent de faire émerger des éléments troublants, révélant une gestion négligente et des décisions mal avisées: «On s’interroge encore sur le fait que ces patients, hautement vulnérables, aient été placés dans un centre de quarantaine au lieu d’être admis dans un centre hospitalier. Là, ils auraient pu recevoir des soins adaptés et être surveillés en continu. Certains sont morts durant la nuit sans que personne ne s’en rende compte. Et on les a enterrés dans la précipitation, sans autopsie, alors que certains n’étaient même pas positifs au Covid-19.»

Quatre ans après les faits, la douleur reste vive. Les familles endeuillées n’ont toujours pas trouvé la paix. «Nous espérons que cette enquête va enfin faire éclater la vérité», insiste Bose Soonarane. «Nous attendons désormais les dépositions des professionnels de santé impliqués. Ils devront expliquer ce qui s’est passé jour après jour, et rendre des comptes.»

Pour l’Association, il ne s’agit pas uniquement de faire la lumière sur les responsabilités, mais aussi de réclamer justice. «Il faudra se pencher sur la question des compensations. Des fautes graves ont été commises. Et ceux qui ont failli doivent en répondre.»

Par ailleurs, dans un souci de mémoire collective, l’Association a adressé une demande au ministre de l’Agro-industrie, Arvin Boolell pour ériger une stèle commémorative au Jardin de Telfair, en hommage aux victimes de cette tragédie. «Ce drame fait partie de notre histoire. Il ne peut pas être oublié, ni étouffé. Il faut se souvenir pour ne pas reproduire les mêmes erreurs», conclut Bose Soonarane.

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