Publicité
Journée internationale des infirmiers
«On soigne les autres, mais qui prend soin de nous ?»
Par
Partager cet article
Journée internationale des infirmiers
«On soigne les autres, mais qui prend soin de nous ?»

Les soignants au bord de l’épuisement.Dans un constat sans détour, Amarjeet Seetohul, président de la Ministry of Health Employees Union, a alerté sur les conditions de travail «extrêmement difficiles» dans lesquelles opèrent les employés des hôpitaux et des centres de santé à travers le pays. C’était lors d’une conférence de presse pour marquer la Journée internationale des infirmiers, hier. Alors que le ministère de la Santé met en place un comité pour traiter les cas de négligence médicale, le syndicaliste questionne : «La faute vient-elle vraiment du personnel ou d’un manque flagrant de ressources humaines et de soutien ?»
«Pendant la pandémie de Covid-19, on a bien vu que sans la santé, il n’y a pas de développement économique. Mais aujourd’hui encore, on laisse le personnel soignant en souffrance», a-t-il lancé. Hôpitaux, Mediclinics, health care centres : le secteur est en expansion, mais la formation du personnel ne suit pas. Résultat, les cas de négligence se multiplient, non par manque de volonté, mais parce que les soignants sont débordés. «Le ratio idéal est d’un soignant pour cinq patients. Mais dans bien des cas, on en arrive à un pour dix. Dans ces conditions, comment assurer un service de qualité ?», s’est indigné Amarjeet Seetohul. Il a aussi pointé un stress aigu vécu au quotidien, entraînant un phénomène de burn-out. «Le personnel tombe malade sur son lieu de travail et il n’y a même pas de suivi psychologique ou médical. Où est la Journée de la santé au travail quand rien n’est fait pour la santé des travailleurs ?»
Le syndicat s’oppose fermement à ce que les soignants deviennent les boucs émissaires en cas d’erreurs médicales. «Les enquêtes doivent se faire en parallèle avec le management. Le manque de personnel est aussi une responsabilité de la hiérarchie.» Autre urgence : la sécurité. La recrudescence d’actes de violence contre le personnel hospitalier inquiète. «Il faut sécuriser nos lieux de travail. Les agents de sécurité doivent être aptes à intervenir. La présence policière doit être plus visible et les caméras doivent servir à prévenir, pas seulement à revoir des images après coup.» Face au manque d’effectif, le ministère envisage de rappeler des retraités. «Mais est-ce la meilleure solution ? Nous avons besoin de personnel jeune et dynamique. Pourquoi ne pas former les health care assistants avec des programmes reconnus comme le Licensed Practitioner ? Nous avons soumis des propositions, mais le ministère reste muet.» Il a conclu avec une demande claire : «Lorsqu’un soignant tombe malade, il ne devrait pas être traité comme un patient ordinaire. Chaque jour d’absence affaiblit davantage un service déjà à genoux.»
Anil Bachoo : «bann nurse, se backbone nou sistem»
À l’occasion de la Journée internationale des infirmiers, une cérémonie officielle s’est tenue, hier, au Plaza, à Rose-Hill. Le thème retenu cette année : «Nos infirmiers. Notre avenir. Prendre soin des infirmiers renforce les économies». Le ministre de la Santé, Anil Bachoo, a souligné la situation critique dans les hôpitaux du pays. Il a déclaré que les infirmiers sont les pliliers de notre système de santé. «Bann nurse, se backbone nou sistem» mais qu’ils sont actuellement confrontés à de nombreuses difficultés, notamment un manque de personnel, estimé à 1 500 personnes, ce qui contraint ceux en service à effectuer le double du travail. Il a aussi dénoncé l’absence de recrutements depuis près de neuf ans, ce qui a aggravé la surcharge de travail des infirmiers dans les établissements de santé. «Malheureusement, dans nos hôpitaux, il manque des infirmiers et des nursing officers. Malgré les efforts fournis, ceux en poste doivent faire beaucoup d’heures supplémentaires. Ils sont surmenés, épuisés.» Le ministre a assuré que des recrutements seront bientôt effectués, notamment sous contrat. Il a aussi reconnu que dans plusieurs hôpitaux, les infirmiers ne disposent même pas d’un espace décent pour se reposer ou manger.
Publicité
Publicité
Les plus récents




