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Enquête judiciaire sur les 12 dialysés décédés
«Nous voulons que la vérité triomphe», déclare Kevin Hanzary
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Enquête judiciaire sur les 12 dialysés décédés
«Nous voulons que la vérité triomphe», déclare Kevin Hanzary

■ Kevin Hanzary est venu raconter ce que son beau-père, Mahadeo Jeebun, a subi durant ses derniers jours, entre la quarantaine à l’hôtel et l’hôpital de Souillac.
Quatre ans après les tragiques événements survenus à l’hôpital de Souillac en pleine pandémie de Covid-19, l’enquête judiciaire sur le décès des 12 patients dialysés se poursuit. Mercredi, c’est Kevin Hanzary, gendre de Mahadeo Jeebun, l’un des malades décédés, qui a été appelé à la barre. Devant la magistrate Shavina Jugnauth, il a livré un témoignage bouleversant, plein d’émotion et d’indignation. Il était représenté en cour par Mᵉ Nirmal Busgopaul tandis que Mᵉ Jean Michel Ah Sen, représentant du bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP), l’a interrogé sur les derniers jours de son beau-père.
Dès le début de son audition, Kevin Hanzary a décrit les conditions «anormales» dans lesquelles Mahadeo Jeebun avait été transporté pour être placé en quarantaine. «Ce n’est pas une ambulance qui est venue le chercher mais un van individuel de 15 places», a-t-il précisé, soulignant l’absence d’un protocole médical adapté. Le patient a ensuite attendu de longues heures à Balance afin que d’autres dialysés soient récupérés avant qu’ils ne soient conduits, tous ensemble, à l’hôtel Tamassa, qui était, à cette époque, réquisitionné comme centre de quarantaine.
Proche de son beau-père, Kevin Hanzary a pu rester en contact avec lui tout au long de son séjour. Il affirme que les premières journées se sont relativement bien passées mais que très vite, la situation a dégénéré. Mahadeo Jeebun s’est plaint, à plusieurs reprises, de la qualité médiocre des repas servis. Des photos montrant ces plats, jugés inadaptés aux besoins nutritionnels des patients dialysés, ont d’ailleurs été versées au dossier. La famille, qui souhaitait préparer des repas spécifiques, s’est vue refuser cette possibilité par les autorités, ce qui a profondément choqué les proches.
Mais ce sont surtout les séances de dialyse réduites, qui ont inquiété Mahadeo Jeebun. De quatre heures normalement, les traitements étaient parfois limités à une heure et demie. Selon Kevin Hanzary, les explications fournies par le personnel soignant étaient pour le moins inquiétantes : seuls les patients les plus gravement atteints avaient droit à une séance complète de dialyse. Un critère jugé arbitraire par les familles. «Il était très affecté psychologiquement en apprenant que certains de ses compagnons de quarantaine étaient décédés», a raconté Kevin Hanzary, ajoutant que le soutien moral de la famille était alors devenu vital.
Le 2 avril 2021, le test de Mahadeo Jeebun a indiqué qu’il était positif au Covid-19. Il a alors été transféré en isolement à l’hôpital de Souillac. Son état d’esprit a alors changé radicalement. «On lui a dit que ceux qui allaient à l’étage inférieur n’en revenaient pas vivants. Cela l’a anéanti.» Malgré un état de santé qui se dégradait, Mahadeo Jeebun n’aurait reçu qu’un traitement de base. «Du paracétamol, matin, midi et soir», relate son gendre, soulignant que la famille disposait, elle, de traitements plus efficaces à domicile. Un médecin aurait pourtant recommandé une mise sous oxygène… mais il n’y a pas eu de suite à cette recommandation.
Ce n’est qu’après l’intervention d’un autre médecin, externe à l’hôpital de Souillac, que Mahadeo Jeebun a été pris en charge plus sérieusement. Un scanner effectué à l’hôpital ENT de Vacoas a révélé une atteinte sévère du virus aux poumons. De retour à Souillac, il a été placé seul dans une chambre et mis sous respirateur artificiel. Son état a continué à se détériorer jusqu’au 11 avril, jour où la famille a été informée de son décès.
Pour Kevin Hanzary, ce décès était évitable. «Il était bien. Son état mental était bon. S’il était resté chez nous, nous l’aurions accompagné à ses séances de dialyse. Ce qu’il a vécu, c’est un véritable calvaire. Il est passé du confort familial à un enfer médical.» Le gendre de Mahadeo Jeebun s’interroge aussi sur la formation du personnel de l’hôpital. «Savaient-ils vraiment utiliser les respirateurs artificiels ? Pourquoi n’étaient-ils pas encore vaccinés ?»
Alors que l’enquête suit son cours, la famille Jeebun garde espoir. «Nous voulons que justice soit rendue. Que la vérité triomphe.» La prochaine audience est prévue pour le 1ᵉʳ juillet.
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