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Drogue
Navind Kistnah pourrait devenir témoin clé
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Navind Kistnah pourrait devenir témoin clé

Navind Kistnah, courtier maritime de Petite-Rivière, détenu depuis 2017 dans l’affaire de la saisie record de 135 kilos d’héroïne au port de Port-Louis, pourrait voir son statut évoluer. Huit ans après son arrestation, il est désormais évoqué comme un potentiel témoin clé (star witness) dans une enquête aux ramifications politiques et policières.
Un rapport confidentiel rédigé par l’ancien Deputy Commissioner of Police (DCP) Lockdev Hoolash pourrait relancer l’affaire. La Financial Crimes Commission (FCC) suit cette piste de près. Le document décrit une mission officielle menée à Maputo, au Mozambique, en 2017, aux côtés de l’Assistant Commissioner of Police (ACP) Lilram Deal, pour procéder à l’extradition de Kistnah. Ce dernier avait fui Maurice pour l’Afrique du Sud avant d’être arrêté pour séjour illégal.
Immunité
Selon ce rapport, Kistnah avait proposé de collaborer pleinement avec les autorités en échange d’une immunité. Hoolash, convaincu de son rôle central dans le démantèlement du réseau de Peroomal Veeren et de Homunchal Kumar Ramdin, avait soutenu cette proposition. Le document mentionne cependant des réticences de la part de Lilram Deal, aujourd’hui luimême visé par une enquête de la FCC pour détournement présumé de Drug Reward Money.
■ Navind Kistnah (à g.) est soupçonné d’être le cerveau derrière l’importation de 135 kilos d’héroïne, estimée à Rs 2 milliards, et cachée dans des cylindres, en mars 2017.
Les autorités ont examiné plus de 60 dépositions que Kistnah aurait faites depuis 2017, dont 51 à l’ADSU, 11 à l’ICAC et plusieurs au Central CID. Certaines concernent directement Ramdin, toujours recherché, ainsi que Geanchand Dewdanee, soupçonné un temps d’avoir facilité le trafic.
Dans des lettres adressées à ses proches, Kistnah décrit en détail un système d’importations frauduleuses de sableuses à pression servant à dissimuler de la drogue. Il met en cause des transitaires locaux, des fonctionnaires des douanes et des entreprises basées en Afrique du Sud.
Selon des sources concordantes, la FCC aurait récemment sollicité l’accès aux archives du National Security Service (NSS) afin d’obtenir une copie intégrale du rapport de Hoolash. Ce dernier y qualifie Kistnah de témoin «potentiellement explosif», évoquant des connexions avec des personnalités sensibles liées à la sécurité nationale.
Les proches de Kistnah ont adressé un courrier officiel au Directeur des poursuites publiques (DPP), demandant la requalification de son statut à la lumière de nouveaux éléments, notamment sur les flux financiers entre 2016 et 2018 liés au réseau Veeren-Ramdin.
■ L’ACP Lilram Deal est lui-même visé par une enquête de la Financial Crimes Commission.
Le suspect, dont tous les coaccusés ont été libérés sous caution depuis quatre ans, doit comparaître en cour dans deux semaines. Sa défense estime que sa détention prolongée est punitive, alors même qu’il coopère depuis plusieurs années avec les autorités.
Si Navind Kistnah est officiellement reconnu comme témoin à charge, il pourrait faire basculer plusieurs enquêtes encore ouvertes, y compris celles visant Lilram Deal et certaines figures du secteur portuaire et sécuritaire.
Le rapport Hoolash pourrait ainsi devenir un document pivot dans une affaire où de nombreuses zones d’ombre subsistent.
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