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Questions à…

Nathalie Philogène : «‘Lakaz Baba’, c’est l’utérus universel»

9 mai 2025, 07:47

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Nathalie Philogène : «‘Lakaz Baba’, c’est l’utérus universel»

Nathalie Philogène, artiste et méta-coach.

L’artiste et méta-coach est à l’initiative d’une exposition collective accompagnée d’une campagne de sensibilisation abordant, entre autres, la féminité, la mémoire corporelle et l’hystérectomie du 10 au 14 mai au Plaza, à Rose-Hill.

Quelle est votre source d’inspiration derrière le projet «Lakaz Baba» ?

Tout a commencé pendant le premier confinement. De cet état même d’être confiné est née une période d’introspection profonde. Des questionnements sur mon cheminement, ma mission de vie… mêlés à une production artistique intense. En 2021, de nouveau en confinement, en peignant une toile sur la féminité, me vient en tête l’expression Lakaz Baba. Je peignais alors le corps de la femme dans son aspect figuré. Mais symboliquement Lakaz Baba, c’est l’utérus universel où tout le monde se voyait confiné. J’étais convaincue qu’une renaissance se profilerait après le confinement. Puis en 2023, à vrai dire, Lakaz Baba me prend de plein fouet… En 2023, un diagnostic d’endométriose tombe et l’intervention dans la foulée, une hystérectomie.

Vous aviez toujours souffert d’endométriose sans le savoir ?

Non, c’est arrivé à la fin de la quarantaine, je mettais mes règles abondantes et mes douleurs intenses sur le compte de l’approche de la ménopause. En fait, pas du tout ! J’ai fini par consulter face à l’augmentation de ma souffrance et de la dose d’anti-inflammatoires. L’utérus était alors gonflé à trois fois sa taille normale ! J’ai essayé la naturopathie, mais très vite la chirurgie s’est imposée comme seul recours.

Vous avez subi cette intervention dans le secteur privé et, même sur place, aucun accompagnement prévu ?

Le spécialiste donne quelques informations sur le pourquoi de cette intervention et c’est tout. J’ai pu cheminer personnellement car j’ai l’habitude de travailler sur mes émotions, je m’appuie notamment sur mes outils de méta-coach, sur ma créativité… Mais je me suis posé la question, comment les autres patientes gèrent ce sentiment de «vide intérieur». Une personne m’a confié par la suite que l’hystérectomie était assimilée pour elle à une perte d’identité. Avec des angoisses liées à l’impact du changement corporel sur sa féminité et donc son couple… Véhiculer des informations clés, rassurantes serait une pratique primordiale à mettre en place logiquement en amont de l’hystérectomie. Puis cette étape à dépasser moralement requiert un accompagnement psychologique.

Pourtant, l’hystérectomie reste taboue ?

Oui, c’est un mot que je n’entends pas dans la société, dans les écoles… Est-ce que l’hystérectomie est connue des collégiennes, par exemple ? C’est assez récemment que l’endométriose a été prise en compte. Avant, il y avait comme une injonction plus ou moins claire à vivre son endométriose tout en s’obligeant à maintenir ses tâches habituelles.

En 2024, vous embarquez d’autres personnes dans «Lakaz Baba», pourquoi ?

J’ai comme un wake-up call, un insight que tous mes travaux et cet intérêt personnel fort ne concernent pas que moi. Débute alors un cheminement en groupe avec 14 autres participants (dont deux hommes). Un cheminement axé sur la découverte de soi au fil des neuf mois, avec une session par mois, suivant les thèmes liés au développement d’un fœtus. Par exemple, le thème de la «fécondité» : quelle résonance a-til pour chacun à ce moment précis de sa vie? Le développement du cœur du bébé, cela renvoie à l’amour de soi et aux relations que nous nourrissons avec les autres. La formation des yeux du bébé, symboliquement comment nous percevons-nous et quel regard les autres portent sur nous ? La motricité, qu’est-ce qui nous stimule ou, au contraire, nous empêche d’aller de l’avant dans notre vie…

Bref, neuf mois pour renaître, se donner une nouvelle chance, une nouvelle vie, poser une intention graduellement ou suite à une prise de conscience… Non pas poser une intention au départ du parcours, mais bien en se laissant parfois surprendre par ce qui se dessine en nous au fil des sessions.

Ce qui se dessine en soi… et sur la toile ?

Oui, tout à fait. Au cours de l’exposition collective du 11 au 14 mai au Plaza, à Rose-Hill, certains travaux seront exposés.

Votre projet personnel d’exposition est ainsi devenu un symposium collectif avec un fort enjeu central de sensibilisation ?

Oui, finalement j’offrais le parcours Lakaz Baba, mais j’étais aussi une participante en chemin au même titre que les autres. J’étais flexible à l’évolution de mon projet. Cette année, ce sera un programme riche mêlant conférences avec une gynécologue et un psychologue, des ateliers d’art-thérapie, des sessions de méditation et de peinture… J’espère porter cet événement chaque année avec un groupe différent suite au parcours Lakaz Baba, qui reprendra sur neuf mois avec de nouveaux participants en juin. Selon leurs intentions, leurs désirs… cela pourra prendre de nouvelles formes, mais sans nul doute, l’art sera présent au cœur de l’événement 2026 !

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Programme complet

Samedi 10 mai – 10 à 16 heures :

• Ouverture de l’expo au public

• Succession d’ateliers de 45 minutes pour les enfants encadrés par les facilitatrices Believe In. Thème : création d’une carte de remerciements à une femme de votre vie (mère, grand-mère, sœur…)

• Intervention de l’équipe LespriSexy avec les ados et la vente de leurs outils pédagogiques (jeu de cartes pour enfants à partir de six ans et pour toute la famille et cahiers d’exercices pour les ados de dix à 18 ans)

Dimanche 11 mai – 10 à 12 heures :

«Les émotions à travers l’art» - Atelier adultes animé par JacquesHenri Dick

Lundi, mardi et mercredi

• Ouverture au grand public, aux ONG et aux écoles

Lundi et mardi :

• 10 heures : «L’impact des émotions de la mère sur l’embryon»

• Lundi par le psychologue Vijay Ramanjooloo et mardi par Priscilla Legris-Grégoire, assistante sociale.

• 13 h : projection sur les cycles et les tabous associés aux règles – Megha Venketasamy, coach de vie.

• 14 h 30 : méditation guidée – reconnexion à «Lakaz Baba» – Nathalie Philogène

• 17 h 30 : «L’hystérectomie» conférence de la gynécologue Zeenat Aumeerally

Mercredi 14 mai : animation d’ateliers réservés aux adultes

• 10 à 12 heures : art-thérapie par Karine Dorasamy

• 13 h 30 à 15 heures : «Le plaisir de créer» par Nathalie Philogène.

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Comment soutenir à travers Small Step Matters ?

Pour l’institution charitable Small Step Matters, la défense du droit à la santé physique et émotionnelle est une priorité. C’est pourquoi le projet de sensibilisation de Nathalie Philogène, «Lakaz Baba», a retenu l’attention du comité d’éthique à l’unanimité (six membres issus du secteur privé et de la société civile). L’organisation d’un tel événement a un coût (location de l’espace, rémunération des intervenants…), d’où l’appel lancé à travers la plateforme de financement participatif pour les projets à but non lucratif (www.smallstepmatters.org).

Contribuer simplement :

• Par virement bancaire : Compte MCB - Small Step Matters : 000444289887

• Par Juice : sélectionner Pay a Merchant – Small Step Matters – avec le montant et ajouter en référence «Lakaz Baba»

• En tant qu’entreprise, contact : [email protected]

🟦 Chaque roupie compte pour lever les tabous sur l’hystérectomie !