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Budget 2025-2026

Mesures fortes pour relancer le secteur artistique

8 juin 2025, 16:00

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Mesures fortes pour relancer le secteur artistique

(Photo d'illustration)

Lors de la présentation du Budget 2025-2026, le gouvernement a mis en lumière une volonté affirmée de redonner un souffle nouveau au secteur des arts créatifs à Maurice. Avec une approche articulée autour du développement économique et de la cohésion sociale, plusieurs mesures ont été annoncées pour structurer et valoriser les industries culturelles.

Parmi les initiatives phares, figure la création d’une Commission nationale des arts ouverts, chargée de conseiller le gouvernement sur une politique artistique cohérente et inclusive. Cette instance devra travailler à une vision d’ensemble de la place de l’art dans la société mauricienne, en lien avec l’économie, l’éducation et la culture.

Autre mesure concrète : la simplification des procédures administratives liées à l’organisation de festivals et de concerts, répondant à une demande croissante du public et des organisateurs d’événements. En parallèle, le Budget ouvre une nouvelle voie commerciale en introduisant le commerce de l’art comme activité d’exportation, positionnant l’art comme une classe d’actifs pour les ultrariches internationaux.

L’Economic Development Board aura pour mission de soutenir la mise en place d’infrastructures dans la zone franche dédiées au commerce d’œuvres d’art internationales — un projet aux ambitions mondiales qui pourrait aussi offrir de nouvelles opportunités aux artistes mauriciens.

Si les intentions du gouvernement sont saluées pour leur ambition, des voix du secteur expriment aussi leur prudence. Ashish Beesoondial, directeur du Caudan Arts Centre, souligne la nécessité d’un ancrage rigoureux dans la réalité du terrain : «La croissance économique et la cohésion sociale sont deux dimensions majeures que l’art et la culture peuvent pleinement nourrir. Les bonnes intentions nécessitent une mise en œuvre rigoureuse.»

Pour lui, la dualité des objectifs annoncés — commercial d’un côté, social et culturel de l’autre — demande deux approches distinctes et complémentaires. Si soutenir les festivals et les concerts est une démarche pertinente, il insiste aussi sur la nécessité d’infrastructures adaptées : «Un concert dans un centre commercial n’a pas le même impact que dans une salle dédiée. Pour encourager l’art, il faut créer et encourager l’habitude de sortir pour vivre l’art dans des espaces pensés pour cela.»

Le directeur du Caudan Arts Centre invite aussi à élargir le regard au-delà des seuls grands événements musicaux. Théâtre, danse, littérature, arts visuels sont autant de disciplines qui méritent une attention équivalente. Il déplore le manque de soutien structurel aux acteurs privés œuvrant dans la création, la pédagogie ou la technique.

Le volet international du plan gouvernemental pose aussi des questions stratégiques : «Comment faire pour que les touristes découvrent de l’art local en venant ici ? Préparons-nous vraiment nos artistes à se démarquer dans un marché international aussi compétitif ?»

Ashish Beesoondial pointe un manque de préparation en matière de formation, professionnalisation et structuration de l’offre artistique. Il appelle à un travail de fond pour que les mesures annoncées ne restent pas des intentions, mais deviennent des leviers solides de transformation économique et sociale.

Les annonces du Budget 2025-2026 montrent une volonté claire du gouvernement de repositionner les arts comme un moteur de développement. Mais comme le rappelle Ashish Beesoondial, l’avenir du secteur dépendra de la qualité de la mise en œuvre, de l’inclusion de toutes les disciplines artistiques, et d’un soutien pérenne aux structures locales. Si les ambitions sont grandes, le succès reposera sur la capacité à concilier rêve créatif et réalité logistique.

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