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«Quand il avait besoin d’aide, il n’a pas été secouru»

Les parents de Nikhil Deeljore réclament justice après sa mort à l’Université de Maurice

28 avril 2025, 15:00

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Les parents de Nikhil Deeljore réclament justice après sa mort à l’Université de Maurice

■ Pour sa famille, Nikhil n’est pas mort de maladie, mais à cause de l’indifférence et de la négligence de ceux qui devaient le protéger.

La famille de Nikhil Deeljore, étudiant en première année de médecine à l’Université de Maurice, a décidé de se battre pour obtenir justice après la mort tragique de leur fils survenue le 19 février. Ils ont retenu les services de Mᵉ Sunil Bheeroo, qui a adressé une lettre officielle à la direction de l’université la semaine dernière.

Dans cette correspondance, la famille exprime sa «profonde consternation» face aux circonstances «choquantes et entièrement évitables» ayant conduit au décès de Nikhil. Ce jour-là, alors qu’il assistait à ses cours, Nikhil a commencé à se sentir très mal. Malgré son état, il a tenu à se présenter à son cours de 14 heures, où un test était prévu. Par respect, il a informé le chargé de cours de son malaise et de son éventuelle difficulté à participer pleinement.

La réponse du chargé de cours, également médecin, a été d’une froideur glaçante : «Non, pa rant dan klas, al dan First Aid. Sa bann zes-la mo finn deza tande enn ta dan le pase.» Une remarque qui, pour la famille, illustre un manquement grave au devoir de soin que tout membre du corps académique se doit d’assurer envers ses étudiants.

Dirigé vers l’unité de premiers secours, Nikhil n’a reçu qu’un simple paracétamol, sans aucune véritable évaluation médicale. Fragilisé, il s’est effondré sur un escalier du campus, envoyant un message à un ami pour lui dire qu’il reprendrait son cours dès que son terrible mal de tête passerait. Quelques heures plus tard, son état s’est brusquement aggravé. Il a demandé à son ami de l’emmener d’urgence à l’hôpital, mais s’est effondré dans la voiture et est arrivé inconscient à Candos. Il est tombé dans le coma avant de décéder dans la nuit.

Selon certains membres du personnel de l’université, il y aurait eu une tentative de «cover up» après l’incident. Ils rapportent que l’enquête interne, lancée peu après le drame, s’est déroulée en présence du chargé de cours concerné – une situation jugée inappropriée. Ils soulignent également que le premier réflexe aurait dû être une intervention du chargé de cours lui-même, vu sa formation de médecin.

Une source officielle de l’Université de Maurice indique qu’une nouvelle enquête est en cours. La direction affirme avoir pris connaissance de la plainte et enquête pour déterminer si les procédures établies ont été respectées. «Si le chargé de cours a effectivement tenu de tels propos, ce n’est pas acceptable. Nous prendrons les mesures nécessaires si cela est prouvé.»

Pour la famille Deeljore, ce combat dépasse désormais leur douleur personnelle. Ils veulent éviter qu’un autre étudiant ne connaisse un destin similaire. Pour eux, Nikhil n’est pas mort de maladie, mais à cause de l’indifférence et de la négligence de ceux qui avaient le devoir de le protéger. «Peut-être que j’aurais accepté la mort de mon fils si cela s’était produit ailleurs… mais pas dans une institution remplie de professionnels de santé», confie sa mère, les larmes aux yeux.

Le matin du drame, Nikhil avait, comme à son habitude, embrassé sa mère avant de partir en lui lançant : «Tanto nou zwenn.» Quelques heures plus tard, ses parents recevaient un appel les informant qu’il avait été hospitalisé. Leur monde s’est écroulé. Son petit frère, dont il était très proche, reste encore inconsolable.

Nikhil était un élève exceptionnel. Depuis le Grade 1 jusqu’au HSC, il ramenait fièrement des trophées à la maison. «Il était tellement dédié à ses études… Ses amis et ses enseignants l’admiraient», se souvient sa maman. Il était en bonne santé et prenait énormément soin de son corps. Il faisait de la gym. Ancien élève du collège Regis Chaperon, le jeune homme nourrissait depuis toujours un rêve : devenir médecin pour aider les autres. Tragiquement, lorsqu’il a eu besoin d’aide, personne ne lui est venu en aide.


«Une tragédie immense»

🔴Kaviraj Sukon, ministre de l’Enseignement supérieur, a présenté ses condoléances à la famille du jeune homme. «Perdre un enfant qui poursuivait ses études à l’université est une tragédie immense, et je m’associe pleinement à leur douleur en ces moments difficiles. Concernant ce drame, j’ai demandé à l’Université de Maurice de mener une enquête afin de comprendre exactement ce qui s’est passé et, surtout, pour éviter qu’un tel drame ne se reproduise. Il est essentiel de déterminer si cela aurait pu être évité. Je reste disponible pour rencontrer la famille, leur apporter du réconfort et leur assurer que ce cas est pris très au sérieux. Je veillerai personnellement à ce que l’enquête soit menée jusqu’au bout et que les conclusions soient connues», il a expliqué.