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Abus sexuels soupçonnés
La «Fieldview Care Home» opérait illégalement depuis deux ans avec 43 pensionnaires
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Abus sexuels soupçonnés
La «Fieldview Care Home» opérait illégalement depuis deux ans avec 43 pensionnaires

■ La maison de retraite, hier. © Dev Ramkhelawon.
Cette maison de retraite, située à Maison-Blanche, Mon-Goût, opérait depuis deux ans sans aucun permis, ni autorisation et avait 43 résidents, tous des personnes âgées, vulnérables, souffrantes et alitées pour la majorité. C’est ce qu’a déclaré le ministre de la Sécurité sociale, Ashok Subron, lors d’une descente des lieux dans cet établissement hier. Un communiqué émis par le ministère de la Sécurité sociale samedi soir faisait état de deux résidentes, âgées de 70 ans et de 63 ans, toutes deux atteintes de la maladie d’Alzheimer, qui auraient été victimes d’agressions sexuelles présumées par un autre résident. Le principal accusé a été interné à l’hôpital Brown Sequard sous surveillance policière tandis qu’un autre suspect se trouvait toujours à Fieldview Care Home samedi avant d’être admis à l’hôpital. C’est le fils de l’une des victimes, qui, en prenant connaissance de la situation, avait alerté la police de Pamplemousses vendredi soir.
Le propriétaire, un dénommé Bakar Khan Sarfaraz, 41 ans, a été arrêté samedi pour Breach of Elderly Persons Act et a comparu devant la Bail and Remand Court (BRC) durant le week-end. Par ailleurs, cinq fonctionnaires de la Welfare and Elderly Persons Protection Unit (WEPPU) du ministère, accompagnés de la police, ont débarqué au Fieldview Care Home depuis l’éclatement de cette affaire et ils n’en repartiront qu’une fois tous les résidents transférés vers des établissements agréés, avec l’accord de leur tuteur, ou qu’ils ont été officiellement pris en charge par un de leurs proches. (NdlR : à hier après-midi, 19 des 43 résidents avaient déjà été récupérés par leur famille.)
C’est une situation «inédite, grave et complexe», a déclaré le ministre Ashok Subron, qui ajoute «avoir été surpris et consterné» de constater les conditions dans lesquelles vivaient ces résidents, ne serait-ce que par le désordre dans lequel leurs chambres étaient, contrairement à l’image que projette la maison de retraite vue de l’extérieur. Le but de sa visite était, avant tout, d’assurer leur sécurité devant un tel drame. Son ministère a ouvert une enquête pour déterminer comment cet établissement a pu opérer en toute quiétude durant deux ans sans que le gérant ne soit inquiété ou dénoncé aux autorités concernées.
Bien que le ministre concède que les maisons de retraite illégales voient de plus en plus le jour en raison d’un problème social criant – le vieillissement de la population – et la demande grandissante, il a profité de l’occasion pour lancer un appel au public afin que toute personne qui détiendrait ce genre d’informations alerte ses employés sur la hotline 199 accessible 24/7. Cela, dit Ashok Subron, pour éviter qu’à l’avenir, nos aînés ne soient victimes de telles atrocités en l’absence de cadre légal et professionnel et pour que cesse ce genre de pratique abusive et malhonnête.
Pour le ministre de la Sécurité sociale, «les lois n’existent pas pour compliquer la tâche des propriétaires des maisons de retraite mais pour veiller à la sécurité des personnes âgées et à leur bien-être avant tout car certains ne voient que l’aspect lucratif d’un tel business.C’est le devoir de toute la nation et de l’État d’assurer la sécurité des personnes âgées car elles ont contribué à façonner le pays et méritent le plus grand respect.» Nous sommes, dit-il, dans une situation de crise et cette affaire, aussi malheureuse soit-elle, permettra de revoir toutes les lois et de les amender en fonction des besoins des retraités ou encore d’implémenter de nouvelles mesures pour les protéger dans le prochain budget.
Il nous revient que certaines familles envisageraient de poursuivre la maison de retraite car elles estiment avoir été dupées depuis tout ce temps. Le coût mensuel s’élevait à Rs 21 500 par résident, mais leurs proches n’étaient pas au courant que l’établissement opérait sans permis et qu’il mettait, de ce fait, la vie de toutes ces personnes en danger.
En réponse, le ministère a précisé qu’il apportera tout le soutien nécessaire à ces personnes car elles sont dans leur plein droit de demander justice.
Entre-temps, les deux employés, grâce à qui toute cette affaire a été révélée et qui auraient filmé les attouchements en guise de preuve pour alerter les familles, ont été arrêtés et qu’ils ont aussi comparu devant la Bail and Remand Court avant d’être relâchés sous caution hier. Une situation qui révolte les proches des résidents et ceux des deux victimes qui ne finiront jamais assez de les remercier d’avoir fait éclater cette sombre et grave affaire.
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Abus sexuels soupçonnés : Le propriétaire du home avait licencié un employé qui l’avait alerté de la situation
Dans un entretien exclusif accordé à l’express en début de soirée hier, le fils de la victime de 70 ans, dont nous préserverons l’identité, explique avoir été informé par téléphone par un ancien employé de la maison de retraite que sa mère était sujette à des abus. Lorsqu’ils se sont rencontrés, il dit avoir été outré par la vidéo sur laquelle on voyait, en effet, sa mère en train d’être agressée par un autre résident et de l’avoir été encore plus quand le lanceur d’alerte lui a expliqué qu’il avait été licencié par le gérant lorsqu’il avait tenté de mettre ce dernier au courant de la gravité de la situation, il y a deux semaines.
Le fils de la victime précise que le jeune employé ne voulait pas lui envoyer la vidéo avant de le rencontrer en personne, par respect pour la vie privée de sa mère. C’est pourquoi il se révolte que les dénonciateurs soient accusés d’avoir diffusé ces images. Pour lui, cet ancien employé et le collègue qui l’a aidé à prouver ce qu’il se passait sur place en filmant les agressions régulières pour avoir des preuves, ne méritaient pas d’être arrêtés; bien au contraire, et il lance un appel aux autorités et ministres concernés.
Cet habitant de Plaine-Verte affirme avoir été trompé par le gérant qu’il accuse de lui avoir menti après qu’il s’est rendu à la maison de retraite pour exiger des explications de sa part vendredi soir. «Li’nn dir mwa non bhai pa’nn ariv pli grav ki sa pa kas latet, pa fer sa vinn long fini sa lamem.» Refusant de minimiser l’agression de sa mère, le fils raconte avoir alors été confronté au refus du propriétaire Bakar Khan Sarfaraz de lui remettre un document qui prouverait que sa mère résidait dans son home et c’est à partir de là que la tension est montée et que la police a été appelée sur place. «Je lui ai fait confiance en lui confiant ma mère et j’étais loin de me douter qu’elle allait vivre un telmartyre.»
La septuagénaire se trouve à l’hôpital et son état de santé n’est pas stable. Outre les attouchements sexuels, il s’avère que les résidents étaient maltraités, mal nourris – avec des boîtes de conserve bon marché –, pas lavés et pas régulièrement changés pour ceux qui portaient des couches. «Si pa ti ena sa de garson-la nou pa ti pou konn nanye, mwa mo fier de seki zot finn fer.»
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