Publicité
Nécrologie
Kailash Purryag : une vie en politique, une existence au service de la République
Par
Partager cet article
Nécrologie
Kailash Purryag : une vie en politique, une existence au service de la République

Rajkeswur Purryag, plus connu sous le nom de Kailash, s’est éteint hier à l’âge de 77 ans. Son décès marque la fin d’un chapitre important de l’histoire politique de Maurice. Car au-delà des titres et des fonctions, il incarne une figure incontournable de la République, un homme d’État qui aura traversé cinq décennies de vie publique avec ténacité, loyauté et résilience.
Né le 12 décembre 1947 à Camp-Fouquereaux, dans une famille modeste de neuf enfants, Kailash Purryag fait ses premiers pas en politique en 1973 à l’âge de 26 ans, en rejoignant le Parti travailliste. Il commence son parcours dans l’arène municipale, comme membre de la commission municipale de Vacoas-Phoenix entre 1974 et 1976. En décembre 1976, il accède pour la première fois à l’Assemblée législative, élu dans la circonscription n°15 (La Caverne-Phoenix).
Ministre de la Sécurité sociale de 1980 à 1982, Kailash Purryag est également chargé, en 1981, de négocier des compensations pour la communauté chagossienne auprès du gouvernement britannique — une mission historique, dans un contexte de reconnaissance des droits bafoués. Il connaîtra aussi les revers électoraux, notamment en 1982 et 1991. En 1983, il rebondit dans la circonscription n°17 (Curepipe-Midlands) et devient ministre de la Santé jusqu’en 1986.
Secrétaire général puis président du Parti travailliste entre 1987 et 1996, il revient en force en 1995. Il occupe alors plusieurs portefeuilles clés : ministre de l’Economic Planning, des Télécommunications, puis vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères jusqu’en 2000. Après une défaite en 2000 dans la circonscription n°11, il s’éloigne temporairement de la scène électorale mais conserve une présence forte dans les institutions.
En 2005 puis en 2010, il est nommé speaker de l’Assemblée nationale. Sa rigueur, son sens du protocole et sa maîtrise des procédures parlementaires sont alors salués, même par ses adversaires politiques.
■ Kailash Purryag lors de sa prestation de serment comme président de la République le 21 juillet 2012. © Krishna Pather
Le 21 juillet 2012, il devient le cinquième président de la République. Il effectue sa première visite officielle au jardin botanique de Pamplemousses, là où se trouve le monument de sir Seewoosagur Ramgoolam. Une manière d’inscrire son mandat dans la continuité du père de la nation.
Son mandat présidentiel s’inscrit sous le signe de la stabilité institutionnelle. En décembre 2014, avec le retour au pouvoir de l’alliance MSM-PMSD-ML dirigée par sir Anerood Jugnauth, Kailash Purryag accepte de rester en poste jusqu’en mai 2015, assurant une transition harmonieuse vers la présidence d’Ameenah Gurib-Fakim. Il démissionne le 29 mai 2015, laissant derrière lui une présidence discrète mais respectée.
Avec le décès de Kailash Purryag, c’est une certaine idée du service public qui s’éteint. Celle d’un homme discret mais opiniâtre, capable de se relever après chaque chute. Un homme de dialogue, qui croyait en les institutions, et qui aura contribué à façonner la démocratie mauricienne.
******
Réactions
Navin Ramgoolam : une personne loyale
«Il a tout le temps été loyal et a servi le pays. Je l’ai connu un peu plus quand je suis entré en politique en 90, au sein du Parti travailliste. Il a servi le pays de plusieurs façons, notamment comme Deputy Prime minister, speaker, président de la République. Nous sommes tristes.»
Ritesh Ramful, son gendre : Une grande perte
«Il a eu une longue carrière politique, presque une cinquantaine d’années et il a été appelé à prendre plusieurs postes de responsabilité. Sans oublier le poste de président de la République également. C’était un grand patriote et il a toujours prôné l’intérêt du pays. Pour la famille, c’est une grande perte et pour le pays aussi.
Pravind Jugnauth : Un homme qui a marqué la politique
«Je présente mes sincères condoléances à la famille et aux proches de Kailash Purryag. Notre République se souviendra toujours de l’ancien Président comme d’un homme qui a marqué la scène politique. J’adresse tout mon courage à sa famille en ces moments difficiles.»
******
L’effort, les valeurs et les racines
Derrière l’homme d’État se cachait une histoire profondément humaine. Né d’un père laitier et d’une mère au foyer, Kailash Purryag a très tôt appris la valeur du travail. «J’ai consenti à beaucoup d’efforts pour réussir ma vie. Heureusement que j’ai toujours pu compter sur le soutien et les encouragements de mes parents», confiait-il avec émotion. Élève studieux, il fait ses classes à la Shree Shamboonath Government School, puis au Mauritius College, avant de devenir avoué en 1973. Marié depuis le 8 décembre 1973 à Aneetah Purryag, il était père d’une fille et grand-père comblé de deux petits-enfants.
Très attaché à ses origines, il a vécu un moment fort en janvier 2013, lors d’une visite officielle en Inde : il s’est rendu à Bajeetpore, village natal de son arrière-grand-père, Purryag, arrivé à Maurice en 1869 comme engagé. Une manière pour lui d’honorer la mémoire de ceux qui ont tout quitté pour bâtir l’avenir. Comme lui l’a fait, toute sa vie durant, pour son pays.
■ Kailash Purryag n’a pu contenir son émotion à Wajitpur, village bihari.
******
Drapeau en berne
En hommage à l’ancien président Kailash Purryag, le drapeau mauricien est en berne sur tous les bâtiments gouvernementaux à partir de 15 heures hier (ainsi que l’indique la photo ci-dessus) jusqu’au coucher du soleil, aujourd’hui, jour de ses funérailles. Le secteur privé est invité à en faire de même.
******
L’Express, tribune de convictions pour Kailash Purryag
L’express occupait une place toute particulière dans le cœur de Kailash Purryag. Au fil des années, il n’a jamais hésité à prendre la plume pour faire entendre sa voix, livrer ses réflexions et apporter sa lecture critique sur les grands enjeux de notre société. Homme de principes, attaché au débat d’idées, il considérait la presse comme un pilier fondamental de la démocratie.
Même dans les moments empreints d’émotion nationale, sa plume restait fidèle à sa rigueur intellectuelle. Après le décès de Sir Anerood Jugnauth, il écrivait ainsi dans les colonnes de l’express : «The death of Sir Anerood Jugnauth has been marked by many tributes paid to him in the press and rightly so. It is undeniable that the contribution of SAJ has been significant in the economic development of our country. But one should not be hypocritical to expect a political career of over two decades not to be blemished by certain dark spots.»
Fidèle à lui-même, il assumait ses positions, même lorsque celles-ci allaient à contrecourant. Car pour Kailash Purryag, le respect des institutions, la transparence et la vérité n’étaient pas des options, mais des fondations essentielles à la République.
A tous ceux qui le pleurent, la rédaction de l’express leur présente sa plus vive sympathie.
In his own words
Open Letter: Democracy Matters
Section 1 of our Constitution, which is the Supreme law of the land, states that Mauritius shall be a sovereign democratic State which shall be known as the Republic of Mauritius. Democracy is government by explanation said Arthur Balfour, the former British Prime Minister. And the late Kofi Annan, the UN Secretary General, summarized good governance in the following terms: “Good governance comprises the rule of law, effective state institutions, transparency and account- ability in the management of public affairs, respect for human rights and the participation of all citizens in the decisions that affect their lives.”
Today can we say that the government and our public institutions, including Parliament, are functioning within the framework of democracy and good governance? Any reasonable person will obviously answer in the negative. Since 2019, the government, Parliament and all our public institutions have fallen short of all the criteria which should be guiding them in a democratic State. Public trust in a democratic system of government can only be sustained if it is open and an open government cannot flourish if it is captured by the personal and financial interests of the cronies of the ruling party.
A lire la suite de l'article: Open Letter: Democracy Matters
Publicité
Publicité
Les plus récents




