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Discrimination raciale
José Moirt : le «faux dilemme» du recensement ethnique
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Discrimination raciale
José Moirt : le «faux dilemme» du recensement ethnique

«Le gouvernement a voulu faire croire au Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) des Nations unies qu’il y a un dilemme à Maurice». Réaction de l’avocat et militant anti-discrimination raciale, José Moirt , après avoir soumis, le mercredi 14 mai dernier une written submission au Secrétaire général des Nations Unies. Un document qui s’inscrit dans le cadre de la préparation du rapport du Secretaire général sur la deuxième décennie internationale des personnes d’ascendance africaine pour la période 2025-2034. Un rapport qui sera par la suite présenté à l’assemblée générale des Nations Unies.
Dans sa written submission, José Moirt construit son argumentaire en se basant sur la présentation du rapport périodique par l’Attorney general, Gavin Glover au Comité pour l’élimination de la discrimination raciale. C’était les 28 et 29 avril dernier. Une présentation qui a eu lieu à distance avec Genève. L’avocat et militant anti-discrimination critique vivement la posture officielle mauricienne qui veut que, «pour promouvoir l’unité nationale, il n’est pas question de collecter et de publier des données qui concernent l’ethnicité». Il s’est donc appuyé sur les chiffres- surtout sur la composition ethnique à la fois du Cabinet et du Parlement – fournis par l’Attorney general lui-même pour émettre ses avis contraires.
Pour José Moirt, ces chiffres officiels ne reflètent pas la réalité. Selon ce qu’à déclaré Gavin Glover au CERD, après les élections de 2024, et suite à l’application du best loser system, «il y a 15 ministres de la communauté hindoue, cinq de la population générale, quatre de la communauté musulmane et un ministre de la communauté chinoise». L’avocat se demande dans sa written submission, «comment est-ce que le plus grand groupe dans la minorité nationale – la population générale- a cette proportion de représentants dans le Cabinet ? La population générale c’est 12 % du cabinet ministériel alors que cette communauté représente environ un tiers de la population», s’interroge José Moirt.
Pour lui, quand l’Attorney general parle de questions «complexes et sensibles», c’est ce type de chiffres qui est clivant. «Voila pourquoi on ne compile pas des chiffres sur l’ethnicité». José Moirt est d’avis qu’il y a un «faux dilemme». Et que le «mauricianisme dont on parle, c’est une nation arc-en-ciel des communautés». Il estime que les gouvernements successifs ne comprennent pas les rouages des Nations unies, parce qu’ils ne se sont pas impliqués dans le long processus antidiscrimination entamé depuis 2001.
L’avocat va plus loin en affirmant que, «le cœur du problème c’est que les autres communautés profitent des fruits du développement au détriment de la population générale». Ce qui selon lui, expliquerait pourquoi, par exemple, les recommandations de la Commission justice et vérité, n’ont pas été appliquées. «Cela, en violation du droit à l’auto identification.» Après la présentation de l’Attorney general, le mois dernier, les Nations Unies ont insisté sur la nécéssité d’un recensement ethnique.
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