Qualifiée de rubber stamp par ses détracteurs, la Gambling Regulatory Authority (GRA) a manqué une belle occasion de tordre le cou à cette perception, après la confusion engendrée autour de la reprise de l’entraînement, annoncée en grande pompe par le Mauritius Turf Club (MTC) sur les réseaux sociaux.

«Lekours relarge !» C’est en ces termes que l’organisateur historique des courses à Maurice a annoncé aux turfistes la nouvelle qu’ils attendaient tous avec impatience : le retour des chevaux en piste, bien que ce ne soit que sur le trotting track pour le moment. Cet événement était encore incertain jeudi dans l’après-midi, l’instance régulatrice étant convaincue que toutes les conditions n’étaient pas remplies pour ce nouveau départ, notamment l’absence du feu vert de la cheffe vétérinaire de la GRA pour que les chevaux puissent retrouver la piste du Champ-de-Mars.

Selon nos recoupements, la situation a pu être rattrapée après des tractations entre le MTC et le régulateur. Si le club bicentenaire a pu honorer sa promesse de reprendre le training, cette avancée n’est pas sans conséquences pour la GRA, dont l’autorité a été, qu’on le veuille ou non, bafouée par l’enthousiasme du MTC, pressé de se remettre en selle, quitte à aller plus vite que la musique. Une situation qui interpelle, dans la mesure où ces deux acteurs majeurs de la scène hippique semblaient avoir mis leurs désaccords de côté pour marcher ensemble depuis l’avènement de l’Alliance du changement au pouvoir.

La GRA, justement, s’est fendue d’un communiqué de quelques lignes pour annoncer, en début de soirée jeudi, que l’entraînement des chevaux reprenait ses droits avec la réouverture du trotting track. Cette usurpation des rôles n’est-elle qu’un incident de parcours, ou doit-on s’attendre à voir le MTC dicter le rythme sur d’autres dossiers hippiques à l’avenir, reléguant l’instance régulatrice au simple rôle de spectateur ou d’obligé ? De quoi alimenter le débat sur l’influence dorénavant grandissante du club bicentenaire sur la GRA…

750 tonnes de sable

Toujours est-il que les dizaines de turfistes qui ont fait le déplacement au Champ-deMars, n’ont pas boudé leur plaisir pour le retour en compétition de l’écurie Gujadhur. C’est d’ailleurs la nouvelle unité Allez Moris qui s’est présentée la première en piste à l’ouverture des portes du paddock du MTC, sur les coups de six heures du matin. Les coursiers des écuries Mahadia, Mootien et Sewdyal étaient également de la partie, tout comme les chevaux de la famille Foo Kune, qui devraient se retrouver sous la férule de l’entraîneur sud-africain Carl Hewitson, également présent au Champ-de-Mars.

«La machine était un peu rouillée, mais cela a très bien fonctionné. Nous sommes très satisfaits du premier jour d’entraînement. L’organisation a été excellente. Je remercie tous les employés pour l’effort exceptionnel qu’ils ont réalisé dans un laps de temps très court», nous a déclaré Santosh Gujadhur, le président du MTC, alors que la séance d’entraînement tirait à sa fin. Après la réouverture du trotting track, c’est la réhabilitation de la piste en sable (sandtrack) qui sera sur l’agenda de l’équipe d’entretien du MTC, en parallèle avec le maintien du gazon déjà bien restauré. Pour l’homme fort du MTC, le sandtrack devrait être de nouveau opérationnel d’ici une semaine, le temps d’aplanir les quelque 750 tonnes de sable, toujours en monticules, à l’intérieur de l’hippodrome.

Par ailleurs, le MTC espère pouvoir reprendre l’activité hippique à la mi-juillet, comme annoncé initialement. Une dizaine de courses de Groupe devrait agrémenter la saison, incluant les quatre courses classiques. La Duchesse, prévue pour le lever de rideau, a déjà trouvé son sponsor, nous a affirmé Santosh Gujadhur. La prochaine sortie des chevaux en piste est prévue pour le lundi 14 avril, où d’autres formations pourraient se mettre de la partie, à l’instar de l’écurie Allet.