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Gestion calamiteuse : Et pendant ce temps-là que faisaient les hauts fonctionnaires ?

4 avril 2025, 22:00

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Gestion calamiteuse : Et pendant ce temps-là que faisaient les hauts fonctionnaires ?

Coup de semonce : en dix ans, la dette du pays a augmenté de 43 % pour atteindre 546,1 milliards soit 81,4 % du Produit intérieur brut (PIB). Depuis le changement, sap dan karay tom dan dife. Gaspillages à grande échelle de l’argent public et même parapublic. Le peuple est groggy. Le tout dernier rapport de l’Audit enfonce le clou en matière de gestion financière. C’était donc du talc aux yeux puisque le State of Economy constate que les indicateurs économiques, le taux de croissance (un quart de la lune ?) et le PIB avaient été mani (plusieurs mains) manipulés.

«The sound of silence»

Vous connaissez certainement ce classique de Simon & Garfunkel. Il caractérise l’attitude de l’exGM qui a choisi de s’enfermer dans un silence assourdissant. Il dit avoir compris le choix des électeurs et c’est tout ! Aucune explication à donner sur cette avalanche de chiffres négatifs. Aucun ministre n’a accepté de venir analyser le pourquoi du comment. Silence radio même pour ses électeurs.

Normalement dans ce type de conjoncture, le camp perdant après les résultats vient décortiquer les causes d’une telle défaite après en avoir discuté à l’intérieur du parti. Une réplique en quelque sorte comme dans le cas d’une grande secousse sismique. Rien. Il aurait pu se rattraper à l’occasion des élections municipales pour se défendre, réagir, contre-attaquer même. Non.

Le MSM a renoncé à participer à ces élections laissant ses électeurs déboussolés face à un silence qui ne fait qu’apporter du grain à moudre au nouveau GM convaincu de remporter le vote de la majorité des citadins. Certains petits partis, eux plus courageux, présentent des candidats, quitte à ne récupérer que quelques sièges de conseillers municipaux. Histoire de faire bonne figure. Ne dit-on pas que la parole est toujours au peuple en dernier ressort.

Le mutisme voulu de l’ex-GM ne peut se mesurer qu’à l’aune de son immense désillusion. La logique voudrait qu’il reprenne du poil de la bête même s’il est à terre, relever les causes et identifier les responsables, repartir de zéro après un mea culpa, revoir et raviver ses troupes, définir une nouvelle stratégie. Battre le fer tant qu’il est chaud. Un parti ne doit pas avoir honte de la défaite. C’est face à l’adversité qu’il faut se relever et affronter les orages. C’est ainsi que fonctionne une vraie démocratie. L’alternance décidée par le peuple.

Les remèdes du GM

Devant ce gouffre béant, le GM prend actuellement un certain nombre de mesures pare-feu pour que l’on ne retombe pas dans les mêmes «absences» de contrôle du denier public. Le Public Enquiries disparaît pour faire place au Board of Enquiries doté de plus de pouvoirs. Le PM promet (verbe à double tranchant) d’intervenir tous les 100 jours pour faire le point sur l’avancée des réformes… à venir. Trump le fait tous les jours !

En attendant, un high-level steering committee surveillera le pilotage des réformes et projets. Maurice n’a plus d’argent. Il lui faudra trouver des idées mais elle s’est entourée de quelques bons experts en économie. Le Fonds monétaire international va bientôt débarquer dans le cadre des mesures prébudgétaires. Une récession à ne pas écarter ? Quant au service de notation Moody’s, il ne nous quitte pas des yeux et observe l’expérience d’équilibre à venir, soit respecter la rigueur budgétaire tout en relançant l’économie. Le mariage de la carpe et du lapin. Un double pari légué par l’ex-GM.

L’humour dans ce contexte peut nous détendre. Un échantillon avec les 42 berlines destinées aux VIPs qui dorment aux Casernes centrales. Mesurez aussi le trou d’air en zone de grosses turbulences qui attend notre fleuron Air Mauritius où l’on achète des avions dont la compagnie n’a pas besoin et revend des avions qui lui sont pourtant utiles. Rs 4 milliards investies dans la digitalisation sans grands résultats. Des vaccins contre le Covid au coût de Rs 494 millions jamais utilisés. Des créances irrécouvrables mais pourquoi leur avoir prêté de l’argent ? Sans garantie ? Le coût de la tour de contrôle à l’aéroport a tout simplement doublé mais cessons de vitupérer et remuer le couteau là où ça fait mal.

Un gros macadam

Pourquoi étaler tous ces gaspillages, escroqueries, prête-noms, dysfonctionnements… Fin du suspense pour en venir à un gros macadam dont on parle peu. N’importe quel gouvernement peut préconiser des réformes que réclament même les électeurs comme une dose de proportionnelle. Mais qu’arrivera-t-il si l’intendance ne suit pas ou traîne les pieds ? Chez nous, on les appelle les hauts fonctionnaires. Ils sont à la fois des conseillers et les maîtres de la mise en œuvre. Sous l’ex-GM, ils ont bel et bien assisté à tous les dérapages dénoncés maintenant. Ils sont restés de bois ou ont approuvé ? À nouveau le silence.

Ils peuvent adopter trois attitudes possibles. Quelques-uns s’en vont de leur propre gré, trop rongés par les remords de conscience. Bravo. D’autres, de vrais caméléons, sont, dit-on, indélogeables. Ils se sont enchaînés à leur fauteuil, tissé des relations tous azimuts et subitement vilipendent l’ex-GM pour protéger leurs arrières (...) et leurs privilèges. Le pouvoir passe ou trépasse ; eux restent bétonnés sur place. Puis, il y a ceux qui dans les coulisses mettent des barrières pour contrer les initiatives de changement du nouveau pouvoir. Koz touzour. Ils peuvent ranger des dossiers au fond des tiroirs, faire capoter un projet ou retarder toute mise à exécution. Le sabordage, ça existe.

Dans ce domaine, le PM ne semble pas décidé de faire place nette et de les fourguer dans les oubliettes. In limbo. Il y en a qui sont nés chatwas et qui le seront toujours quel que soit le régime en place. Zot konn zoue zot fim. Soit le PM met de l’ordre parmi ces exécutants inconnus du grand public, soit il garde le même système qui consiste à se reposer sur des caciques experts en tout et se rendant soi-disant indispensables. Dans le passé, différents grands commis de l’état ont eu des états de service qui ont pérennisé leurs noms encore respectés.

Times they are a changing, chante Bob Dylan, en résonnance à A change is gonna come de Sam Cooke. Le PM doit connaître le dicton : «Protégez-moi de mes amis, mes ennemis, je m’en charge.» Voyez la récente Garden Party !

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