Publicité

Nécrologie

Éric Guimbeau: le dernier «bon misié tablisman» en politique

8 mars 2024, 15:41

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Éric Guimbeau: le dernier «bon misié tablisman» en politique

Éric Guimbeau. Probablement le dernier homme politique venu d’une famille d’usiniers, de propriétaires de vastes plantations de canne et de thé, mais aussi paternel et soucieux d’aider personnellement les pauvres et les moins fortunés, le bon misié tablisman. C’est ainsi qu’a évolué sur la place publique l’homme appelé Éric Joseph Raoul Guimbeau. Il était issu d’une éminente famille, très connue et admirée dans les villages du Sud et à Curepipe. Avant l’entrée en politique du jeune Éric, son oncle Cyril avait siégé au Parlement de 1976 à 1981, comme député du Parti mauricien social-démocrate (PMSD) de Rodrigues.

Éric Guimbeau a grandi dans un environnement PMSD, mais il s’est rapproché du Mouvement militant mauricien au point d’obtenir l’investiture de la nouvelle alliance MSM-MMM en l’an 2000. Il a été élu en tête de liste avec quelque 60 % des voix dans la circonscription de Curepipe-Midlands (n°17).

Aux élections de 2005, toujours comme candidat de l’alliance MSM–MMM au n°17, il a obtenu 56 % de voix, se plaçant encore en tête de liste. En 2009, Éric Guimbeau a créé son propre parti, le Mouvement mauricien social-démocrate (MMSD), comme une synthèse du MMM et du PMSD.

Aux élections de 2010, son parti s’est retrouvé allié au MMM et encore une fois, il a réalisé un score de 56 % des votes au n°17, se classant devant les deux autres élus. Longue traversée du désert de l’homme politique depuis 2005 car même s’il s’est retrouvé au Parlement, il ne faisait pas partie du pouvoir. Voilà un riche planteur et producteur de sucre et de thé, qui se retrouvait écarté du patronage du pouvoir.

Éric Guimbeau n’a pas abandonné la politique pour autant et a encore tenté sa chance aux élections de 2014 et 2019 avec son MMSD, toujours à Curepipe-Midlands. Mais sans le soutien des grands partis, il n’a pu compter que sur sa propre force, acquise sur son ancrage social. Ainsi, aux élections de 2014, il a obtenu 7 643 votes, soit 22,7 % des suffrages. De 2014 à 2019, il a toutefois reculé, n’obtenant que 3 568 votes, soit 10,39 % du total, sauvant quand même sa caution.

D’après les spécialistes des mœurs électorales, galvaniser plus de 3 000 votes sur sa force personnelle constitue un élément clé lors du scrutin. Ce qui pourrait faire et défaire les chances des candidats des grands partis.

Son décès à un âge relativement jeune, comparé aux autres grands acteurs politiques, simplifie maintenant les calculs des états-majors politiques au n°17. Car le facteur Guimbeau avec son following personnel risquait de compliquer la situation.

Éric Guimbeau a aussi été un acteur sur le plan du business. Il a tenté un grand coup en diversifiant les activités de la famille, concentrées dans la production de sucre et de thé, en montant une rhumerie. Il avait fait des études en management et en technologie sucrière sur le campus de BâtonRouge de la prestigieuse université de Louisiane, aux États-Unis.

Éric Guimbeau était aussi un passionné d’un autre symbole des États-Unis, la moto Harley-Davidson. Ce qui lui a fait connaître une fin tragique.