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Réouverture de l’île-aux-bénitiers
Entre reconnaissance, régulation et écologie
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Réouverture de l’île-aux-bénitiers
Entre reconnaissance, régulation et écologie

■ Les membres du Collectif Citoyens pour l’île-aux-Bénitiers.
Après deux mois et demi de fermeture, l’île-aux-Bénitiers rouvre officiellement ses portes au public demain lundi 16 juin. Cette réouverture, annoncée lors du Conseil des ministres du 13 juin, marque une nouvelle ère pour cette destination prisée de la côte ouest. Elle symbolise non seulement un retour à la normale pour les opérateurs locaux, mais aussi une volonté collective d’inscrire le site dans une démarche de gestion durable. La cérémonie officielle de réouverture se tiendra en présence de la ministre déléguée à l’Environnement, Joanna Bérenger, accompagnée de représentants des ministères concernés, du conseil de district de Rivière-Noire et de diverses institutions partenaires. La délégation est attendue sur l’île vers 11h.
La reprise des activités fait suite à une vaste opération de nettoyage, coordonnée en deux phases successives. Le ministère du Logement et des Terres a d’abord supervisé le déblaiement des structures inadaptées, avant de passer le relais au ministère de l’Environnement, à qui la gestion de l’île a été confiée par décision du gouvernement. Plus de 138 tonnes de débris ont été évacuées depuis le début de l’opération, un travail rendu possible grâce à la collaboration du conseil de district, de la National Coast Guard, du National Parks and Conservation Service, du ministère des Infrastructures nationales et de la Wastewater Management Authority. Des toilettes sèches ont également été installées pour garantir des conditions d’accueil dignes, tout en limitant l’impact sur l’environnement fragile de l’île.
Une reconnaissance longtemps attendue pour les opérateurs
La réouverture de l’île-aux-Bénitiers est vécue comme un moment fort par le Collectif Citoyens pour l’île-aux Bénitiers, qui a œuvré de longue date pour une régularisation du travail sur l’île. Pendant des années, de nombreux commerçants ont travaillé dans l’informalité, sans reconnaissance officielle, ni cadre réglementaire clair. Leur quotidien était fait d’incertitudes, dans un contexte de gentrification croissante de l’ouest de l’île, où les petits opérateurs peinent à trouver leur place. Aujourd’hui, grâce à un effort de concertation inédit entre le collectif, les autorités et les opérateurs, une liste officielle des entrepreneurs présents avant la fermeture a été établie. Ces derniers ont reçu un pass d’activité, document qui représente bien plus qu’un permis : c’est une reconnaissance humaine et professionnelle de leur rôle sur l’île.
La fermeture temporaire de l’île a servi de déclic. Les opérateurs, appuyés par des ONG locales, ont pris conscience de la nécessité de mieux protéger l’environnement exceptionnel de l’île-aux-Bénitiers. «Nous devons devenir les gardiens de cette île», affirme un membre du collectif. Dans cet esprit, les commerçants ont participé activement aux préparatifs de la réouverture : mise à disposition de bateaux pour le transport de matériel, aide à l’installation des infrastructures sanitaires, et soutien logistique aux autorités.
Depuis quelques semaines, des formations en sécurité alimentaire ont été organisées par le ministère de la Santé pour tous les opérateurs manipulant des produits alimentaires, que ce soit sur la plage ou à bord des bateaux. En parallèle, l’ONG Coral Garden Conservation prépare des modules de formation en protection environnementale et un programme d’Eco-Skippers visant à professionnaliser davantage les acteurs du lagon.
Un code de conduite est également en cours d’élaboration, définissant des règles simples et accessibles : respect de la nature, comportement éthique, bonne organisation. Objectif : redorer l’image de l’île, longtemps ternie par des abus, et garantir un accueil sécurisé, propre et agréable aux visiteurs.
À moyen terme, les membres du collectif envisagent la création d’une coopérative d’opérateurs, pour structurer leur travail de manière solidaire et transparente. Ils militent également pour l’intégration de l’île-aux-Bénitiers dans la zone tampon du site du Morne, classé au patrimoine mondial, afin de renforcer la protection juridique et écologique du territoire.
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