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Enfin prêts pour le gandia bio ?

1 juillet 2024, 08:45

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Il y a plusieurs décennies, un bon Samaritain avait proposé au MSIRI de tester la culture du chanvre industriel pour bénéficier des multiples vertus (médicinales, alimentaires, cosmétiques, thermiques, manufacturières) de la plante. Les discussions avaient atteint un stade avancé jusqu’au bémol suivant : la police ne pourra pas distinguer le chanvre du gandia sans les fumer, car les deux plantes se ressemblent. Et c’est là le problème, la police ne peut pas fumer et la recherche médicale sur le cannabis local, malgré un démarrage prometteur en janvier 2022, n’a pas atteint un stade avancé pour diverses raisons.

À bien des égards, accepter une légalisation du cannabis comme en Afrique du Sud ou en Allemagne récemment, en promouvant la culture et encadrer la commercialisation, serait un basculement politique audacieux. Est-ce que nos partis politiques vont faire une promesse en ce sens, comme le PMSD avait essayé de le faire lors de la dernière campagne électorale ? Beaucoup de jeunes politiciens promettent de mener le combat en faveur du gandia mais reculent face au conservatisme de leurs dirigeants qui vivent dans un autre temps.

Un basculement somme toute intelligent, qui solutionnerait plusieurs de nos problèmes actuels avec la montée en puissance du cannabis synthétique, fabriqué n’importe comment et susceptible de mettre en péril nos jeunes. En 2015, la «synthetic powder» avait déjà remplacé le romantique «flower power». Aujourd’hui, il est devenu ingérable en raison de sa disponibilité, son prix bas et ses effets puissants (mais très dangereux).

On l’avait déjà écrit dès 2013 : en faisant la promotion de la culture du cannabis, on pourrait donner du travail, par exemple, créer de nouveaux emplois, attirer de nouveaux touristes et faire rentrer des devises dans les caisses de l’État comme dans celles du secteur privé. En ces temps de changement climatique, on amorcerait aussi un important retour à la terre, en faisant pousser des plantes au lieu de bétonner tout Maurice.

Et sur le plan de l’ordre et de la paix, on pourrait redéployer à des fins plus utiles des centaines de policiers qui ne peuvent pas vraiment contrôler un commerce illicite qui se fait au nez et à la barbe de tous, libérer des centaines de fumeurs du dimanche qui croupissent en prison aux côtés de dangereux criminels (qui les forment à la délinquance). De plus, cela réduirait matériellement l’invasion croissante de toutes ces substances chimiques et nocives (dont les dangereuses drogues de synthèse) sur le marché local justement parce que le gandia «bio» est introuvable, trop cher, réservé à une élite qui y dépense une fortune — qui fait fructifier une économie souterraine.

La question qui mérite d’être discutée, de manière sérieuse, est la suivante : «La cigarette et le whisky sont taxés, mais ne sont pas interdits, à la différence du cannabis. Pourquoi ?» Et si nous n’avons pas les expertises, nous pouvons nous inspirer de ce qui se passe ailleurs, à condition de faire face à la triste réalité locale : la répression contre les drogues a empiré la situation à Maurice... Ce qu’il faut, c’est, justement, un regard neuf. Sommes-nous prêts pour cela en 2024 ?