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En campagne quasi permanente

30 mars 2024, 10:22

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On parle pas mal des secousses, encore invisibles aux yeux du grand public, qui agitent l’alliance de l’opposition parlementaire, qui finalise, pêle-mêle, la répartition des tickets et des rôles, sa liste de candidats et son programme gouvernemental. Pendant ce temps, le Premier ministre poursuit sa campagne sans avoir à ménager le chou bleu et la chèvre mauve, tout en bénéficiant de l’appareil d’État et de la MBC. Au sein du MSM, on reconnaît que la campagne de Pravind Jugnauth a commencé bien avant les autres, soit vers la mi-octobre 2023, après avoir remporté son procès en appel devant le Privy Council dans l’affaire Suren Dayal.

Depuis, le Premier ministre et leader du MSM garde le rythme et ne cesse de répéter que «Privy Council finn sot fizib lalians bann konploter», et d’insister que «c’est la preuve que notre système d’organisation des élections est crédible et intègre».

Pravind Jugnauth est devenu un père Noël contre saison avec les cadeaux qu’il distribue sur son passage. On ne sait pas encore quel sera l’impact sur le feel good factor que le Premier ministre et son ministre des Finances tentent de distiller parmi la classe des travailleurs, ceux au bas de l’échelle salariale, les jeunes de 20 ans, les personnes âgées, les fonctionnaires, avant de solliciter un autre troisième mandat consécutif pour le MSM, ou, selon la version mise en avant par le Sun Trust, un deuxième mandat comme Fully Fledged PM pour Pravind Jugnauth. Une élection, notamment celle controversée du 7 novembre 2019, et deux victoires, la première annoncée par la Commission électorale et validée ensuite par la Cour suprême, et la deuxième proclamée, le 16 octobre 2023, à l’unanimité, par cinq Law Lords du Privy Council, nommément Lord Lloyd-Jones, Lord Sales, Lord Hamblen, Lord Stephens et Dame Sue Carr.

Bien évidemment, outre le MSM et ses partis-satellite, et le bloc PTr-MMM-PMSD, d’autres acteurs politiques s’échauffent le long du terrain, mais leur poids, même combiné, ne se fait pas encore sentir que ce soit lors des sondages ou sur le terrain. En attendant, les lois – dont la scélérate Financial Crimes Commission qui attend d’être promulguée, des bonus, nouvelles grilles salariales et pensions tous azimuts, les deux heures de time off pour ceux de foi chrétienne, l’agitation des institutions, les déclarations ministérielles et la servitude amplifiée de la MBC, la mise sous bol des conseils de district, presque tout pointe vers une vraie guerre ouverte, avec tout ce que cela implique quand un pays est littéralement coupé en deux.

Les principes absolus du bien et du mal nous sont alors servis à la sauce orange ou rouge. Sans nuances, et sans état intermédiaire. Les autres influenceurs politiques tentent de se ranger dans l’un ou l’autre camp.

De l’autre côté de la barrière politique, les Suren Dayal, Navin Ramgoolam, Paul Bérenger, Xavier-Luc Duval, tous ceux qui ont travaillé sur la douzaine de pétitions électorales de l’opposition (qui ont toutes été rejetées) n’ont pas eu d’autre choix démocratique que de respecter la décision consensuelle du Judicial Committee du Privy Council, même s’ils sont déçus. Comme ils ne peuvent pas blâmer le Conseil privé du roi d’ingérence ou de partialité, comme ils le font, à demi-mot ou pas, par rapport à l’Inde sur le dossier Agaléga, les membres de l’opposition parlementaire tentent laborieusement de changer de stratégie et de fusil d’épaule.

Pravind Jugnauth, débarrassé juridiquement du boulet de MedPoint et maintenant de celui de son élection de novembre 2019, aurait un boulevard devant lui alors qu’il entame la cinquième année de cette législature, disent ses lieutenants.

Mais, attention, sa victoire devant le Privy Council ne doit pas être interprétée comme un chèque en blanc. Les juges britanniques se sont penchés sur deux points techniques de la pétition, déjà examinés par la Cour suprême, et ne se sont pas ingérés dans l’organisation et le folklore de nos élections dont le système doit être revu. C’est donc au MSM de relativiser le jugement et d’éviter de faire de la surenchère…