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Patrimoine

De nouveaux ossements de dodos découverts dans un lieu tenu secret

26 juin 2024, 21:00

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De nouveaux ossements de dodos découverts dans un lieu tenu secret

Les restes de trois dodos ont été trouvés sous des pierres basaltiques formant une cave dans un lieu tenu secret.

Quelle coïncidence ! En allant à la chasse aux espèces éteintes d’escargots, ce sont des ossements de dodos qui ont été trouvés. Cette découverte a été rendue publique lundi, par le tandem Owen Griffiths, biologiste, spécialiste des escargots, directeur de La Vanille Nature Park, et Julian Hume, paléontologue et artiste britannique. Il est aussi un grand habitué des fouilles archéologiques à Maurice, ayant participé aux campagnes de Mare-aux-Songes en 2010. Les ossements de dodo qui y avaient été trouvés il y a 14 ans sont exposés au musée d’histoire naturelle à Port-Louis.

Avec la présence à Maurice de Julian Hume du National History Museum, à Londres, dont la spécialité est les oiseaux disparus, Owen Griffiths a souhaité retourner là où «il y a de cela plusieurs années, j’avais trouvé des spécimens rares d’escargots aujourd’hui disparus». Sur place, sous des pierres basaltiques «formant comme une cave miniature», les restes de trois dodos adultes ont été retrouvés.

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Os du fémur, du tibia, du métatarse. Les plus petits sont ceux d’orteils, considérés comme extrêmement rares.

Le lieu exact de cette découverte est tenu secret, «à la demande des propriétaires du terrain», souligne Owen Griffiths. «On ne dit pas si c’est dans le sud de l’île ?» demandons-nous. «Non. On dit seulement que c’est dans la République de Maurice», répond Owen Griffiths. «C’est une décision des propriétaires du terrain», répète-t-il. Il précise qu’il détient un permis délivré par le National Heritage Fund, l’autorisant à «faire des fouilles archéologiques à la recherche de fossiles».

«Pourquoi je suis quelqu’un qui cherche des escargots ?», lance Julian Hume. Il explique que l’expérience a montré que là où il y a des coquilles d’espèces disparues d’escargots, «c’est un indicateur que l’on pourrait y trouver des ossements». D’une main gantée, pour éviter toute contamination, il montre un fémur, un tibia, un métatarse. Ainsi que des os d’orteils «qui sont des éléments très rares». Le tout dans un «état de conservation incroyable». Contrairement aux ossements retrouvés à Mare-aux-Songes, «qui ont passé des siècles dans un environnement humide, ce qui a considérablement dégradé le matériel génétique». Il ajoute que «nous avons suivi les traces de Louis Thiroux qui, au 19e siècle, a trouvé des fossiles de dodo sous des pierres basaltiques à Port-Louis». Il était un coiffeur qui, dans son temps, avait la passion des fossiles. Il a trouvé l’un des squelettes les plus complets au monde, qui se trouve au musée de Port-Louis.

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D’une main gantée, pour éviter toute contamination, Julian Hume, paléontologue britannique, présente les nouveaux ossements découverts.

Dé-extinction

Seconde coïncidence incroyable : au moment même de la découverte de ces nouveaux fossiles de dodo, une «équipe de Colossal Biosciences est actuellement à Maurice», révèle Owen Griffiths. «Elle a visité le site où les nouveaux ossements ont été trouvés. Elle souhaite prendre contact avec les propriétaires du terrain, vu le bon état de conservation des ossements. De l’ADN de dodo pourrait éventuellement en être extrait. Les gens de Colossal Biosciences sont accompagnés d’une équipe de tournage qui fait un film.» Colossal Biosciences est la société de Ben Lamm et Beth Shapiro qui s’est embarquée dans un processus de dé-extinction du dodo. Cela en collaboration avec la Mauritian Wildlife Foundation. «Colossal Biosciences est à la recherche d’ADN de dodo.» La société a les fonds pour financer ces recherches scientifiques. Des tests ont déjà, par exemple, été effectués sur un spécimen conservé à Copenhague.

Owen Griffiths précise pour sa part que pour mener les recherches sur l’ADN, «il faut à la fois obtenir l’autorisation des autorités mauriciennes ainsi que celle des propriétaires du terrain où les ossements ont été trouvés. Nous avons seulement trouvé ces fossiles, les prochaines étapes ne nous appartiennent pas».

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La quête de fossiles d’escargots d’Owen Griffiths l’a fait tomber par coïncidence sur des ossements de dodos.