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Système éducatif
Comment l’école contribue à creuser les inégalités…
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Système éducatif
Comment l’école contribue à creuser les inégalités…

Aujourd’hui, c’est le début du troisième trimestre au secondaire. L’heure pour les élèves de fin cycle de consolider leurs acquis et de se préparer aux examens dans quelques semaines. Dans ce contexte, nous avons rencontré Thibaut Walle, qui n’est pas un éducateur, mais qui, voulant s’investir dans un projet social pour la jeunesse mauricienne, a examiné au scalpel pendant quatre ans notre système éducatif, qui laisse sur le pavé une majorité d’élèves. Dans une conversation à bâtons rompus, il partage avec «l’express», sa réflexion, sa vision et son projet virtuel, alaprann.mu, une innovation pour l’apprentissage soutenue par la langue maternelle… Il lance cette semaine un cours de révision en ligne pour le Grade 9, qui marque la fin du «nine-year schooling».
Quel est le principal défi éducatif auquel Maurice est confronté aujourd’hui ?
Maurice, une nation riche en diversité linguistique, fait face à un obstacle majeur dans son système éducatif. Selon de récentes données de Statistics Mauritius (voir tableau plus loin), 926 120 Mauriciens parlent créole à la maison, alors que seuls 7 013 parlent anglais, qui est pourtant la langue officielle d’instruction dans nos écoles. Ce décalage linguistique ne se limite pas à une simple préférence, mais impacte directement les résultats académiques des élèves, créant une fracture entre la langue parlée au quotidien et celle utilisée pour enseigner. Le bilinguisme / trilinguisme, dont nous sommes si fiers, reste encore l’apanage d’un petit pourcentage de «happy few» alors que la grosse majorité se retrouve en situation d’échec scolaire, n’ayant pas maîtrisé les concepts de base…
Comment la barrière linguistique affecte-t-elle les résultats des élèves ?
Les conséquences de cette barrière sont graves et préoccupantes. L’année dernière, seuls 19 % des élèves ont réussi à obtenir une note élevée (entre 1 et 3) en anglais aux examens du National Certificate of Education (NCE). Encore plus alarmant, sur dix élèves qui commencent le primaire, seuls deux à trois termineront le cursus secondaire (HSC). Ces chiffres ne sont pas de simples statistiques ; ils reflètent le potentiel brisé et les rêves étouffés de nombreux jeunes Mauriciens, qui se retrouvent bloqués par un système éducatif qui ne tient pas compte de leurs réalités linguistiques.
Comment l’anglais comme langue d’instruction est-il un obstacle pour les élèves ?
Bien que l’anglais soit la langue officielle d’instruction dans nos écoles, il est, paradoxalement, l’une des langues les moins parlées à la maison. Cette situation crée une barrière énorme pour les élèves, en particulier lorsqu’il s’agit de comprendre les concepts fondamentaux des matières comme les sciences, les mathématiques, et même les arts du langage. Par exemple, comment un élève peut-il saisir pleinement les complexités d’un principe scientifique s’il ne comprend pas la langue dans laquelle il est enseigné ? Comment peut-il réussir aux examens quand le questionnaire est dans une langue qui lui est étrangère au quotidien ?
Ce problème est-il isolé à Maurice ou est-il plus répandu ?
Ce problème n’est pas unique à Maurice. Selon un rapport de l’UNESCO, jusqu’à 40 % des élèves dans le monde n’ont pas accès à une éducation dans leur langue maternelle. Les conséquences sont visibles non seulement dans nos résultats d’examens nationaux, mais aussi dans les taux de décrochage scolaire et la performance éducative globale. Bien que d’autres facteurs tels que le manque d’enseignants qualifiés, les problèmes de discipline et l’absence de matériel scolaire adéquat contribuent à ces défis, la barrière linguistique reste un problème fondamental qui exacerbe tous les autres.
Quelle solution propose alaprann. mu pour surmonter ces obstacles ?
Chez alaprann.mu, nous avons passé plus de quatre ans à développer une solution pour résoudre ces problèmes systémiques. Nous proposons une approche éducative bilingue innovante qui s’appuie sur la puissance de la technologie éducative. Notre programme de révision pour le Grade 9 est au cœur de cette initiative. Il offre un programme complet, délivré en anglais, avec l’appui du créole, pour assurer que les élèves puissent comprendre et maîtriser le contenu, quelle que soit leur langue maternelle.
Comment cette approche bilingue et technologique peut-elle transformer l’éducation à Maurice ?
Notre programme ne se contente pas de couvrir le programme scolaire ; il le fait d’une manière accessible, engageante, et efficace. En fournissant du contenu à la fois en créole et en anglais, nous veillons à ce que les élèves puissent suivre, comprendre les concepts clés, et bâtir une base solide pour leurs études présentes et futures. Cette approche bilingue est particulièrement cruciale dans les communautés vulnérables, où les parents ont souvent du mal à soutenir l’éducation de leurs enfants en raison de la barrière linguistique. Dans ces communautés, notre programme a le potentiel de transformer des vies, en offrant aux élèves les outils nécessaires pour briser le cycle du désavantage éducatif.
Quel rôle la technologie éducative joue-t-elle dans cette solution ?
Notre solution dépasse la simple question de la langue. Nous avons intégré une technologie éducative de pointe pour créer un environnement d’apprentissage flexible et personnalisé. Grâce à notre plateforme, les élèves ont accès à l’ensemble du programme à tout moment et en tout lieu, ce qui leur permet d’apprendre à leur propre rythme. Nous avons également développé un programme de révision interactif basé sur les past papers du Grade 9 dans certaines matières avec des corrigés automatiques, qui permettent aux élèves d’identifier rapidement leurs forces et faiblesses et de concentrer leurs efforts là où ils sont le plus nécessaires. Après chaque question, les élèves ont accès à une réponse détaillée en vidéo, leur permettant de bien comprendre la question, la méthodologie nécessaire et un retour aux connaissances auxquels ils doivent faire appel pour répondre correctement.
Comment les enseignants peuventils collaborer à cette approche ?
Les enseignants peuvent aussi profiter de notre plateforme. Grâce à notre technologie, ils peuvent suivre les progrès des élèves en temps réel, identifier les lacunes d’apprentissage dès le début, et intervenir avant que ces lacunes ne deviennent insurmontables. Cela leur permet de se concentrer sur ce qui est le plus important : encadrer, conseiller et guider leurs élèves vers la réussite académique. Dans ce nouveau rôle, les enseignants ne sont plus seulement des instructeurs ; ils deviennent des mentors qui aident à former les citoyens de demain. Par ailleurs, nous croyons que les élèves qui maîtrisent ces concepts peuvent, sous la supervision de leurs enseignants, aider leurs pairs à comprendre le matériel également, créant ainsi un environnement d’apprentissage collaboratif où tout le monde sort gagnant.
Quelles leçons avez-vous tiré des ateliers avec des ONG et dans des zones rurales ?
Notre expérience de travail avec les ONG et la conduite d’ateliers dans des zones rurales ont encore renforcé la nécessité d’une approche éducative bilingue. Nous avons constaté que les élèves ayant abandonné le système traditionnel, souvent à cause de la barrière linguistique, ont du mal à comprendre même des concepts de base lorsqu’ils sont enseignés en anglais. Cette prise de conscience a renforcé notre engagement à offrir une solution qui réponde aux besoins de ces élèves, leur offrant une seconde chance de réussir.
L’«extended programme» répond-il aux besoins des communautés vulnérables ?
L’extended programme, qui vise à doter les jeunes des compétences de base en littératie dont ils ont besoin pour devenir des citoyens indépendants, est une initiative intéressante. Cependant, pour atteindre cet objectif, il est essentiel d’enseigner dans une langue que les élèves comprennent. Fournir une éducation ne suffit pas ; celle-ci doit être accessible et significative pour les élèves que nous servons. Notre programme de révision répond aussi aux besoins des élèves de l’extended programme.
Quels sont les résultats après quatre ans de tests bêta de votre programme de révision ?
Après quatre ans de tests bêta, nous sommes convaincus que notre programme de révision fonctionne et nous avons déjà reçu énormément de retours extrêmement positifs. Notre fierté est avant tout d’avoir pu aider nos élèves à réussir. Notre approche pédagogique bilingue s’est avérée efficace et nous sommes prêts à étendre sa portée. Pour les élèves qui ont du mal à être autonomes, nous offrons un parcours d’apprentissage structuré, avec des exercices quotidiens conçus pour couvrir toutes les compétences et connaissances de base nécessaires pour réussir les examens du NCE. Nous veillons également à ce que les concepts essentiels des classes de Grade 7 et 8 soient révisés avant d’aborder le contenu de la 9e année, permettant ainsi aux élèves de bâtir sur une base solide.
Cela paraît très prometteur mais avez-vous une preuve de la fiabilité de votre programme ?
Bien sûr, nous recevons des retours de nos élèves et parents tous les jours. Je vous partage donc le dernier commentaire reçu récemment.
Claudine B-F- : «L’année dernière, vers la fin du deuxième trimestre, ma fille se trouvait en difficulté avec un programme qu’elle n’avait pas entièrement couvert. À la recherche d’une solution, nous nous sommes tournés vers alaprann.mu. Les leçons bien organisées de la plateforme lui ont fourni une vue d’ensemble complète du matériel requis. La méthode d’enseignement de M. Cotte, par son approche claire et structurée, s’est avérée particulièrement efficace et a rendu des sujets complexes accessibles pour ma fille. Nous avons apprécié de pouvoir suivre ses progrès, ce qui nous a montré à quel point elle avait avancé dans le cours.»
«Les sessions en live, quelques jours avant les épreuves d’ICT, ont été particulièrement bénéfiques. Elles lui ont redonné la confiance dont elle avait besoin, ce qui a conduit à un résultat exceptionnel : elle a obtenu un A. Nous sommes extrêmement reconnaissants à M. Cotte pour son soutien dans la reprise de confiance de notre fille et pour l’excellente performance qu’elle a réalisée. Fort de cette expérience positive, nous avons maintenant inscrit notre fils aux cours du NCE pour l’aider dans sa révision. Alaprann. mu s’est révélé être une ressource précieuse pour notre famille.»*
Quelles sont vos prochaines étapes pour diffuser cette solution dans les communautés vulnérables ?
Nous collaborons actuellement avec des écoles, des ONG, et des travailleurs sociaux pour pouvoir diffuser notre solution aux communautés vulnérables. Cependant, notre programme n’est pas uniquement destiné aux défavorisés ; il est conçu pour chaque élève mauricien désireux de réussir. Nous invitons ceux intéressés à découvrir notre programme de révision soigneusement conçu qui est en phase de lancement sur alaprann. mu/nce, ou à contacter notre équipe dédiée sur le 5 500 38 88 pour bénéficier de 7 jours d’essai gratuit.
Quel est votre appel à l’action pour surmonter la barrière linguistique dans l’éducation ? Maurice n’est pas le seul pays à faire face aux défis de la barrière linguistique quand l’enseignement se fait autrement que dans la langue maternelle. Il est donc temps de repenser notre approche. Ne devrions-nous pas permettre à tous les élèves, quels que soient leurs niveaux de performance, d’accéder à l’éducation dans leur langue maternelle ? Ne devrions-nous pas nous assurer qu’à la fin de leur scolarité, ils maîtrisent à la fois le créole, l’anglais et le français, en leur donnant les outils linguistiques nécessaires pour réussir dans un monde globalisé ?
Le moment du changement est arrivé. Ensemble, nous pouvons combler le fossé linguistique dans l’éducation mauricienne et ouvrir la voie à un avenir meilleur pour tous nos élèves, en leur offrant une éducation adaptée à leurs réalités linguistiques et culturelles. Je serais ravi de pouvoir échanger avec toutes les parties prenantes du système éducatif et partager mon point de vue, les résultats de nos études, tout en restant ouvert aux nouvelles problématiques, et comprendre comment la technologie et alaprann.mu peuvent aider à les surmonter. Nous souhaitons aussi élargir notre réseau d’écoles et d’ONG mais nous avons surtout besoin des décideurs des secteurs public et privé pour pouvoir étendre notre impact et offrir à encore plus de jeunes Mauriciens, la chance de réussir et d’aborder l’avenir avec confiance.
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