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Kronik KC Ranzé
Chiffrer les conséquences
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Kronik KC Ranzé
Chiffrer les conséquences

Il faut faire très attention à ce que l’on pourrait appeler le point de vue paroissial du budget national. Les retraités sont apparemment furax que leurs retraites (pourtant augmentées par Rs 1000 en janvier) n’augmentent pas encore. Les automobilistes que l’essence ne baisse pas. Les développeurs immobiliers que leurs avantages fiscaux vont disparaître. Ceux qui n’ont pas encore 60 ans, qu’ils ne seront désormais «vieux» qu’à 65 ans… Les singes macaques qu’ils seront taxés pour pouvoir prendre l’avion. Les importateurs de voiture qu’ils en vendront désormais moins, sauf en duty-free. Par contre, celui qui allait upgrade sa voiture de ‘03 à ‘15 est ravi. Les 81 % de ceux qui travaillent et qui ne devront plus payer d’income tax aussi. Mais on ne les entend pas…
Les points de vue fragmentaires et parcellisés sont compréhensibles, même nécessaires, mais il faut bien, qu’audelà des paroisses individuelles et forcément nombrilistes, que quelqu’un fasse des arbitrages en pensant au pays ? C’est la mission confiée au gouvernement ! AUCUN gouvernement ne prend évidemment des décisions pour être critiqué. Quand impopulaires, elles sont nécessaires, parfois impératives ! TOUTES les oppositions pensent et agissent pareil ; par contre, avec des promesses qui ne se concrétisent pas toujours, même au bout de dix ans ! L’eau 24/7, une loi contre le crossing of the floor, la promesse d’une Freedom of Information Act, une dose de proportionnalité aux élections, des gymnases dans tous les ministères, une nouvelle citéà Highlands et un nouveau port à Mahebourg se retrouvaient tous dans le manifeste électoral de Lepep en 2014 ! La dévaluation de la roupie n’était pas programmée. Le dollar coûtait pourtant 16 % de plus fin 2019, soit avant la pandémie…
Nous sortons de longues années où l’on tapait beaucoup latab au Parlement à chaque fois qu’une paroisse y trouvait son compte et touchait son bout. Cela était rendu possible par la planche à billets qui créait Rs 180 milliards out of thin air (il est vrai, en partie, mais en partie seulement, requis par le Covid et ses séquelles…), l’endettement qui passait de Rs 229 milliards (61 % du PIB) à Rs 642 milliards (90 % du PIB) en 10 ans, des chiffres tripatouillés dans le sens du «tout va bien, madame la marquise» et la dévaluation de la roupie par 46 % qui enclenchait la course perdue d’avance de l’illusion monétaire…
On ne pouvait continuer pareil sans inviter la catastrophe ! Pouvait-on faire différemment ? Sans doute ! Mais aucune des critiques formulées, paroissiales ou autres d’ailleurs, n’est chiffrée. Or, ce sont sur les chiffres, y compris les chiffres qui ne sont plus faussés, que nous serons jugés, y compris par Moody’s, par les investisseurs que l’on souhaite attirer et convaincre, ainsi que par les bailleurs de fonds dont nous aurons encore besoin.
À ce titre on peut reprocher à ce gouvernement, autant qu’à son prédécesseur, de n’avoir pas publié les chiffres qui démontrent pourquoi il fallait passer la retraite à 65 ans pour répondre à une espérance de vie prolongée, à un taux de dépendance grandissant, à un vieillissement de la population, à une natalité en baisse…
À la promesse démagogique de ramener l’âge de la retraite à 60 ans, s’il est élu, l’ancien PM devrait expliquer pourquoi pas 55, voire 50 ans, tant qu’on y est ET CHIFFRER sa fontaine de bonheur ininterrompu, apparemment sans conséquence !
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La science est très généralement vertueuse et fait largement progresser le monde. Pas toujours cependant. Pensez Thalidomide ou DDT ou le plastique à usage unique qui pollue la planète tout entière !
Thomas Midgley est un ingénieur chimiste débrouillard, responsable de plusieurs découvertes, dont deux ont sérieusement impacté la santé de la planète. Vers les années 1910/20, il travaillait à résoudre le problème des moteurs à combustion qui «cognaient». Il cherchait donc un additif qui éliminerait ce problème et tomba d’abord sur de l’iode qui fit l’affaire, mais qui allait coûter cher. Parmi les milliers d’additifs possibles dument testés, l’éthanol et… le plomb (ou plutôt son dérivé, le plomb tetraéthyl- ou TEL). La toxicité du plomb était déjà connue depuis longtemps déjà (Voir Saturnisme) et des experts de santé avaient prévenu, mais au sein de General Motors, l’employeur de Midgley, on faisait le choix du TEL parce que contrairement à l’éthanol, trop facilement disponible et trop peu coûteux, il était possible d’enregistrer une patente de protection pour le TEL ! Selon les calculs de Midgley, cela permettait de gagner 3 cents américains de plus par gallon d’essence et de conquérir 20 % du marché américain. Ses rêves furent plus que concrétisés ! En une dizaine d’années, GM avait conquis 80 % du marché américain. Grace, cependant, a une astuce : l’additif mis en exergue publicitairement était l’éthyle ! Pas l’éthyle de plomb !
Ceux qui fabriquaient le TEL furent les premières victimes de l’empoisonnement au plomb. Midgley passait ainsi un mois au lit, empoisonné par les fumées plombées. Trente-cinq travailleurs d’une usine de TEL du New Jersey furent hospitalisés, plusieurs rendus dingues par l’effet neurologique du plomb, suggérant le delirium tremens. Il y eut des morts. Au point où le responsable de la santé publique, le Surgeon General, suspendait la vente de TEL et ordonnait une enquête.
Celle-ci se focalisait sur les risques de production, mais négligeait totalement les risques des gaz d’échappement plombés, pour le public. Cet aspect-là, dans une manœuvre évidente, fut décrétée requérir d’autres études. Pendant 40 ans, ces recherches, financées ou menées par General Motors, Standard Oil et DuPont, eux-mêmes actionnaires d’Ethyl Gasoline Corporation, piétinèrent. Au bout du compte, on concluait à… du peu concluant ! Entretemps, l’industrie automobile, offrant mobilité et excitation, faisait la conquête du monde entier, sous l’assurance du Surgeon General, Hugh Cumming.
Les intérêts économiques avaient gagné la partie aux dépens de l’intérêt général…
Mais ce n’est pas tout, puisque la popularité grandissante de l’automobile voulait dire que de plus en plus d’humains respiraient les fumées de plomb ! Sans compter qu’alors que certains produits toxiques disparaissent avec le temps, le plomb, au contraire, s’accumule – dans la terre, dans les plantes, les animaux, les humains et dans l’eau. En 1983, une Commission royale de la Grande-Bretagne sur la pollution de l’environnement concluait qu’il était improbable qu’il y ait quelque région de la planète ou quelque forme de vie qui soit non contaminé par du plomb. Les enfants sont particulièrement vulnérables, leurs systèmes absorbant jusqu’à cinq fois plus de plomb que ceux des adultes. Il a été estimé qu’aux États-Unis, 70 millions d’enfants avaient des taux toxiques de plomb dans leur sang entre 1920 et 1970. L’OMS a suggéré que le plomb a été responsable de 12 % des handicaps de développement intellectuel au monde ! Il a même été suggéré (jamais statistiquement prouvé, soulignons-le) que l’explosion de la criminalité après-guerre est au moins en partie corrélée avec la montée en flèche de la pollution au plomb…
On commençait à bannir l’essence agrémentée de TEL dans les années 70. Ce n’est qu’en 1996 que ce fut interdit aux États-Unis, au motif, ironiquement, que le plomb abimait les catalytic converters installés dans les véhicules pour contrôler… la pollution ! En 2002, les Nations Unies lançait un programme global pour éliminer le TEL. Le dernier pays à bannir le TEL fut l’Algérie en 2021.
Aujourd’hui dans les stations essence, on fait encore la promotion de la version unleaded. C’est dire !
La deuxième invention à conséquence de Midgley est par contre, clairement un cas de bonnes intentions qui auront mal tourné. En 1928, on venait tout juste de commencer à réfrigérer mécaniquement, après des années où l’unique manière de garder au froid était de recourir à des blocs de glaçons découpés de glacis et convoyés jusqu’à leur lieu d’utilisation. Les premières glaciaires mécaniques utilisaient du chlorure de méthyl qui, quand fuité, prenait parfois feu, mais surtout, tuait quand respiré ! À Maurice on en était encore au garde-manger sous moustiquaire, suspendu au toit, par une corde à poulies…
General Motors, l’employeur de Midgley, venait d’acheter une compagnie de réfrigération, qu’ils avaient rebaptisé… Frigidaire. Un nouveau réfrigérant était attendu comme le Graal ! Midgley découvrit rapidement le fréon et toute une classe de chlorofluorocarbones (CFC). Non inflammable, non toxique, excellent réfrigérant, le CFC faisait la fortune de Frigidaire au point où cette marque devenait un nom commun ! La révolution CFC menait à l’air conditionné, pour le bâtiment, les cinémas et la voiture, mais aussi, plus tard, à plusieurs formes d’aérosols (insecticide, déodorant, peinture etc…), qui furent, en conséquence, démontrés être responsables du «trou» dans la couche d’ozone, qui nous protège crucialement des rayons ultraviolets du soleil !
De 1970 à 1990, le monde entier s’est, pour une fois, organisé collégialement et rapidement pour éliminer les CFC destructeurs de la couche d’ozone. À part quelques tricheurs notoires, le pari est réussi ! On retrouvera une couche d’ozone aux normes de 1980… vers 2040 !
Encore heureux !
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La PSC recrute des policiers. Pour les mâles, il faut faire 1 m 70 de haut et 84 cm de tour de poitrine. Pour les femmes, il faut 1 m 63 mais… le tour de poitrine minimum n’est pas spécifié. Espérons que le «must have a good physique» recherché pour les deux, veuille dire… la même chose ! «Good health» aurait prêté à moins de confusion ? Et de sourires ?
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